Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
il s’assoupissait un peu en dépit des clameurs de l’orgue
et des chants d’une chorale dont les gosiers semblaient particulièrement
vigoureux. En fait, dans tout ce monde, seuls les deux Médicis et quelques-uns
des amis groupés derrière eux – Fiora reconnut le grand nez d’Angelo Poliziano,
les lunettes de Marsile Ficino et les yeux rêveurs du Botticelli – semblaient
suivre l’office de Pâques.
    A l’autel,
le prêtre et ses acolytes continuaient à dérouler le lent et solennel rituel de
la messe. Ce fut la Consécration, puis l’Elévation. Une clochette fut agitée
avec une énergie inhabituelle. Les chants moururent, les conversations
cessèrent, seul l’orgue continua de jouer en sourdine. Comme un champ de fleurs
courbées par un vent soudain, hommes et femmes s’agenouillèrent. Devant la
table sainte, flamboyante de lumières, l’officiant, levant très haut l’hostie
qu’un reflet de vitrail teinta de rouge, sembla grandir dans sa chasuble d’or
frisé. Les cloches s’étaient remises à sonner et un affreux tumulte se
déchaîna. Fiora devint blême...
    – Ce
n’est pas possible ? Pas ici...
    – On
y va ! fit Rocco qui dégainait son épée.
    Elle
le suivit, ayant elle aussi tiré son arme par mimétisme, et ils se forcèrent un
chemin à travers la foule hurlante qui s’affolait et perdait la tête. Ils
parvinrent ainsi au chœur.
    On se
battait devant l’autel sur les marches duquel le prêtre épouvanté avait laissé
tomber le calice. Le vase sacré rebondit jusqu’à un grand corps rouge et or,
étendu sans vie sur les dalles de marbre noir au milieu d’une flaque de sang
qui allait s’élargissant : Giuliano de Médicis, le beau, le gai, le
charmant Giuliano était sans doute déjà mort, mais malgré cela un homme vêtu de
brun, à demi couché sur son corps, le lardait encore à coups de dague. Rocco
arriva sur lui comme la foudre et frappa. Touché à la cuisse, l’assassin se
releva, voulut sauter sur cet agresseur, mais une violente poussée en avant de
la foule terrifiée emporta l’assassin et repoussa le cadavre sur les marches du
chœur où Fiora se précipita. Pendant ce temps Rocco, subitement empêtré d’une
femme gémissante qui venait de s’accrocher à son cou, regardait sans rien
pouvoir faire le meurtrier disparaître dans la cohue comme une couleuvre dans
un trou de rocher.
    Tandis
que Fiora, refusant l’évidence, cherchait désespérément quel secours elle
pourrait apporter à ce jeune homme qu’elle avait aimé, quelqu’un s’agenouilla
auprès du corps et elle vit une longue main sèche toucher le cou du cadavre.
    – Il
est au-delà de tout secours, dit Démétrios Lascaris. Les conjurés ont bien mené
leur affaire. J’avais remarqué, dans les premiers rangs, des figures que je n’aimais
pas...
    – Toi ?
souffla Fiora, stupéfaite. Mais que fais-tu ici ?
    – Je
pourrais te poser la même question... Viens ! Il ne faut pas rester.
    Le
combat, en effet, continuait autour d’eux. Rocco ferraillait contre une espèce
d’estafier au visage couvert de cicatrices. Ils cherchèrent des yeux Lorenzo et
le virent. Devant le trop joli petit cardinal, aussi pâle et frissonnant que
ses dentelles, le maître de Florence, son manteau noir enroulé autour de son
bras gauche, se défendait courageusement au moyen de sa seule épée de parade
contre les deux prêtres armés de dagues qui l’avaient assailli simultanément
quand l’Élévation avait courbé les têtes, tandis que Pazzi et un certain
Bandini attaquaient Giuliano. Le sang coulait d’une blessure qu’il avait au
cou, mais il ne semblait pas abattu et, tandis qu’il se battait pied à pied au
milieu des candélabres renversés, de la cire écrasée et des objets du culte
roulant de tous côtés, son œil noir, brûlant d’un feu fiévreux dans son visage
olivâtre, dénombrait les ennemis qui l’entouraient et ceux qui cherchaient
encore à franchir la balustrade du chœur pour l’atteindre. Attaqués eux aussi,
ses amis se battaient au-delà de celle-ci et ne pouvaient l’aider. Le danger
était extrême.
    – A
moi Médicis ! ... Palle ! Palle ! hurla-t-il, et le vieux cri de
ralliement de sa famille tonna jusqu’aux voûtes du sanctuaire.
    Seuls
quelques cris épars lui répondirent. Fiora, épouvantée, comprit qu’il était
perdu. Il tenait maintenant tête à quatre adversaires et son souffle s’écourtait.
Elle allait courir vers lui pour qu’il

Weitere Kostenlose Bücher