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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Lorenzo m’a reçu comme un ami retrouvé, logé d’abord à la Badia,
puis... chez toi.
    – Ai-je
donc encore un chez moi ici ?
    – Tu
as toujours ta villa de Fiesole que Médicis t’a gardée. Nous avons souvent
parlé de toi, tu sais, et je crois qu’en dépit de ce que tu as souffert ici, il
a toujours espéré que tu reviendrais un jour.
    – Et
les gens de là-haut t’ont bien accueilli ?
    – D’autant
mieux qu’une brève épidémie de peste, l’été dernier, m’a permis de me dévouer
pour eux. Ceux de Fiesole ne jurent plus que par moi et aussi quelques autres,
à Florence... mais, je t’en prie, assez parlé de moi. C’est ton histoire à toi
que je désire entendre.
    – Aucune
vision ne t’a donc visité à mon sujet ? Toi qui savais voir à travers le
temps et l’espace ?
    – Si,
parfois. Mais c’était toujours assez vague parce que tu étais loin de moi et
que mon amitié pour toi interprétait mal. Parle, s’il te plaît !
    Le
silence, à présent, entourait les réfugiés de la Cantoria. Les assaillants de
la sacristie n’étaient plus que quelques-uns qui tournaient devant la porte
close, se parlant tout bas, comme des loups qui cherchent comment attaquer. Il
n’y avait plus personne dans la nef que les rayons crus du soleil de midi
pénétraient profondément. Du haut de son refuge et en allant s’adosser à la
balustrade, Fiora jeta un regard au tragique spectacle de ces corps abandonnés
sur le marbre noir autour de deux larges taches pourpres : le cadavre de
Giuliano déjà raidi par la mort dans ses habits de fête et, tout au fond, la
forme presque aussi rigide du jeune cardinal foudroyé au pied de cette croix
scintillante qu’il étreignait encore... Fiora soupira.
    – Jusqu’à
ce jour où tout va peut-être s’écrouler de ton univers, tu as au moins trouvé
la paix, toi. Ma route, à moi, n’a guère connu que les épreuves mais aussi une
grande joie : la naissance de mon petit Philippe.
    Une
flamme, toute semblable à celle d’autrefois, s’alluma dans les yeux ternis du
Grec, et son visage s’illumina :
    – Un
fils ? Tu as un fils ? Oh, Dieu... quel bonheur !
    – Oui.
Mais il est possible que je ne le revoie jamais. Se laissant glisser assise
contre la balustrade, Fiora entreprit de retracer aussi succinctement que
possible ce qu’avait été sa vie depuis que, devant Nancy, s’étaient effondrées
la puissance et les armes du dernier Grand Duc d’Occident.
    Quand
elle eut fini, Démétrios ne dit rien : il semblait changé en pierre et,
tel qu’il était, assis très droit dans sa robe noire souillée de poussière, les
jambes croisées, il ressemblait à ces vieux sages qui, accroupis sur la terre
rouge des marchés d’Orient, chantent la gloire du Prophète, les hauts faits des
califes ou de leurs cavaliers légendaires et font entendre parfois des paroles
nées d’une antique sagesse ou d’une vision d’avenir. Il semblait si loin, tout
à coup, que Fiora, inquiète, se pencha et, posant une main sur son épaule, le
secoua doucement.
    – Démétrios !
M’as-tu seulement entendue ?
    Il ne
bougea pas, et ses yeux demeurèrent fixés dans un lointain qui effaçait les
murs brillants de Santa Maria del Fiore.
    – Oui...
Mais, Fiora... je ne crois pas que ton époux soit mort.
    Le
cœur de la jeune femme s’arrêta, tandis que sa gorge se serrait, que sa bouche
devenait sèche :
    – Qu’est-ce
que tu dis ?
    Il eut
un long frisson qui le secoua tout entier et le tira de l’espèce de transe où
il avait sombré. Il la regarda et eut un faible sourire :
    – Tu
me crois fou ?
    – Non...
Je connais ta clairvoyance, mais cette fois tu te trompes, Démétrios ! Philippe
est monté sur l’échafaud aux yeux de toute une ville, ce même échafaud où sont
morts mon père et ma mère. On n’en redescend jamais et Matthieu de Prame savait
de quoi il parlait lorsqu’il m’a annoncé son exécution.
    – Certes,
j’ai vu le glaive levé... pourtant, je n’ai pas vu le sang.
    Avec
une profonde tristesse, Fiora pensa qu’en vérité Démétrios avait vraiment
vieilli et que son esprit, si brillant naguère, s’usait en même temps que son
corps. Tout était mort à présent de cet autrefois dangereux sans doute,
haletant et passionné, mais qui avait son charme. Mort avec Philippe !
    La
voix de bronze de la Vacca tonnait toujours et, au-dehors, on entendait des
cris, des galopades puis le grand vaisseau de

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