Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
chaleur normale
pour la saison et non la canicule dont on avait eu à souffrir. Fiora et
Léonarde se sentaient fondre dans cette sensation de bien-être qui en général
débouche sur le sommeil.
    – Est-ce
que nous ne devrions pas rentrer ? dit la seconde. Ce n’est guère un
endroit pour faire la méridienne !
    – On
est si bien ! plaida Fiora. Encore un petit moment.
    Au
prix de sa vie, elle eût été incapable de dire pourquoi elle tenait à s’attarder.
Peut-être à cause de cette paix profonde, totale qui la baignait, une paix d’autant
plus précieuse quand on devine obscurément qu’elle ne va pas durer, qu’il va se
passer quelque chose et que le combat va reprendre bientôt. Evidemment, elle n’imaginait
pas que ce combat pût être autre que celui de l’accouchement et pourtant...
     
    La
quiétude dans laquelle la ville entière semblait s’être assoupie vola soudain
en éclats. Il y eut des cris que l’on ne comprit pas, des bruits divers et le
claquement de centaines de pieds qui couraient sur le pavé de la rue. L’aubergiste
sortit sur sa porte pour demander ce qui se passait et vit que tout ce monde
galopait vers le pont. Quelqu’un brailla :
    – Un
prisonnier ! On amène un prisonnier dans une cage ! Il est sur le
pont !
    Aussitôt
Fiora fut debout, mue par une force intérieure qu’elle ne pouvait contrôler.
    – Allons
voir !
    – Vous
êtes folle ? protesta Léonarde. Qu’avez-vous besoin d’aller contempler un
malheureux ?
    – Je
ne sais pas, mais il faut que j’y aille. Pour qu’on l’ait mis en cage, il faut
que ce soit un captif d’importance.
    – C’est
insensé ! Cela n’est bon ni pour vous ni pour l’enfant. Aidez-moi donc, vous !
ajouta-t-elle à l’adresse de Florent qui s’était levé aussi et regardait la
jeune femme avec inquiétude.
    Mais
celui-ci hocha la tête sans répondre. Il connaissait assez Fiora pour savoir
que, lorsqu’elle plissait le front et serrait les lèvres, il était impossible
de la faire revenir sur la décision qu’elle venait de prendre. Cette fois, elle
se contenta de tourner les yeux vers son jardinier.
    – Venez
avec moi, Florent ! dit-elle. Vous devriez suffire à me protéger de la
foule. Dame Léonarde nous attendra ici !
    – Il
ferait beau voir ! protesta celle-ci. Je commence à être fatiguée de vous
répéter que là où vous allez je vais aussi. J’exige tout de même que nous
prenions les mules. Aller à pied serait de la démence. Mais je continue à
soutenir qu’un tel spectacle n’est pas fait pour une femme près de son terme...
ni d’ailleurs pour aucune femme !
    Un
instant plus tard, juchée sur sa mule que guidait Florent – il avait jugé plus
prudent de laisser la sienne à l’auberge avec leurs achats – Fiora avançait
avec peine au milieu du rassemblement qui s’était formé dès les premiers cris
et qui se bousculait pour franchir la porte Saint-Genest ouvrant directement
sur le pont. Le flot s’écoulait lentement car, à cet endroit, le
Carroi-aux-Herbes, séparé du château par un profond fossé alimenté par la
Loire, se rétrécissait. Bientôt, il ne s’écoula plus du tout. Découragé,
Florent se tourna vers Fiora. Fiora qui donnait des signes d’impatience.
    – Nous
ferions mieux d’attendre ici ! Ce prisonnier ne va pas rester sur le pont.
Il va sûrement entrer en ville. Nous le verrons au passage.
    Avant
que la jeune femme ait pu répondre, il interpella l’un des soldats qui
gardaient le pont-levis du château.
    – Savez-vous
où l’on conduit l’homme qui arrive ?
    – Au
château de Loches, peut-être... à moins que ce ne soit au Plessis... ou alors
chez quelque notable !
    – Chez
un notable ? Pour quoi faire ?
    – Mais
pour qu’il le garde ! C’est un signe particulier de la bienveillance de
notre sire que confier un prisonnier à quelqu’un qu’il tient en estime,
répondit l’homme amusé par la mine ahurie du jeune homme, qui d’ailleurs ne s’estimait
pas satisfait et tenait à aller au fond des choses :
    – Il
faut qu’il ait une bien grande porte, votre notable, si l’on rentre la cage
avec son occupant ?
    – C’est
bien plus simple que ça, expliqua l’autre imperturbable, on démolit un pan de
mur et on le reconstruit ensuite. On prévient les maçons à l’avance. Vous
vouliez traverser le pont ? ajouta-t-il en coulant un œil admiratif vers
Fiora. La jeune dame habite peut-être

Weitere Kostenlose Bücher