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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vieux moine qui dirigeaient un groupe de fidèles
venus de Normandie s’employèrent à lui faire place et elle put approcher la
châsse qui, pareille à un soleil, irradiait le chœur du vénérable sanctuaire.
Les centaines de cierges qui l’entouraient allumaient des éclairs sur le
revêtement d’or et d’argent et dans les profondeurs des pierres précieuses de diverses
couleurs qui y étaient enchâssées.
    Fiora
s’agenouilla près du tombeau, tendit la main à travers la grille pour atteindre
l’une des plaques d’or ciselé. Ses doigts rencontrèrent une grosse topaze lisse
qu’ils caressèrent. En même temps, elle adressait à l’habitant du précieux
sarcophage une fervente prière, la plus ardente peut-être qu’elle eût formulée
depuis longtemps. Certes, la foi perdue pendant des mois lui était revenue avec
la certitude d’être seule dans le cœur de Philippe, mais elle n’avait jamais pu
atteindre le degré de dévotion, confiante et pleine de certitudes, qui était
celui de Léonarde. Pour la vieille fille, il n’y avait qu’une seule solution
aux problèmes qu’elle ne pouvait vaincre par elle-même : le recours à
Dieu, à la Vierge ou au saint le plus apte, de par sa spécialité, à l’exaucer.
Ce jour-là, et parce qu’elle priait pour son enfant, Fiora pria de toute son
âme.
     
    En
quittant l’église, elle se sentit plus sereine. Le bébé pouvait venir au monde.
Elle l’avait confié à saint Martin et elle était à présent certaine qu’il
serait beau, fort et pur de tout mal. Aussi fit-elle largement aumône aux
mendiants qui sollicitaient sa charité, heureuse d’entendre les bénédictions
dont ils la couvraient et les vœux qu’ils formaient pour sa maternité.
    Au
bras de Léonarde, elle s’attarda un instant à suivre les évolutions d’un
baladin qui voltigeait sur une corde tendue entre deux piquets. Le garçon était
jeune, souple, souriant et, dans son costume bariolé, il ressemblait à une
flamme voletant dans l’air par la volonté d’un invisible magicien.
    – Si
vous voulez faire des achats, il faut nous hâter un peu, conseilla Léonarde.
Allons rejoindre Florent.
    En s’approchant
de l’endroit où l’on avait laissé les mules, les deux femmes virent que le
jeune homme était en train de causer avec un étranger. Ceux-ci n’étaient pas
rares à Tours, comme dans les autres lieux saints, mais l’interlocuteur de
Florent présentait un aspect assez particulier pour attirer l’attention. Long,
maigre et même osseux, son visage en lame de couteau montrait un teint bronzé
et des yeux noirs de Méditerranéen. Son costume était celui d’un marchand aisé,
mais il avait certaine façon de porter machinalement la main à sa ceinture,
comme s’il y cherchait le pommeau d’une épée, qui frappa Fiora.
    En les
voyant approcher, il salua profondément les deux femmes, adressa un au revoir
désinvolte, du bout des doigts, à Florent, puis se perdit dans la foule.
    – Qui
est cet homme ? demanda la jeune femme.
    – Un
marchand. Il est venu acheter ici des soieries, mais ce qui est amusant, c’est
qu’il est de vos compatriotes, donna Fiora.
    – C’est
un Florentin ? Il me semble que si je l’avais déjà vu je m’en souviendrais !
    – Non.
Il n’est pas de Florence mais d’une autre ville dont j’ai oublié le nom. Ne me
demandez pas non plus le sien, je l’ai mal compris et serais incapable de vous
le répéter...
    – C’est
intéressant, fit Léonarde goguenarde. Pouvez-vous au moins nous dire ce qu’il
voulait ?
    – Oui.
Il a remarqué la beauté de nos mules et souhaitait en acheter une pour
remplacer celle que la maladie vient de lui enlever. Vous pensez bien que j’ai
refusé sans lui laisser le moindre espoir. C’est pourquoi il s’est éloigné en
vous voyant approcher, afin sans doute de ne pas être importun.
    – Ce
qui suppose une grande délicatesse, fit Léonarde. C’est curieux, mais je trouve
qu’il n’a pas une tête à cultiver de tels scrupules.
    Fiora,
elle, ne dit rien. Elle n’avait pas aimé le regard que l’inconnu avait posé sur
elle. Il ne ressemblait en rien à ceux auxquels l’avaient habituée les autres
hommes. Aucune admiration là-dedans, aucune douceur, mais une cruauté froide
jointe à une expression triomphante qui lui avait fait froid dans le dos. C’était
comme si, sortant d’un lieu de lumière, elle s’était trouvée soudain en face d’un
abîme au fond

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