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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’un palais florentin, était d’au
moins trois toises et la corde improvisée ne devait pas mesurer plus d’une
toise, compte tenu des nœuds qu’il avait fallu faire. Dans un instant, il
faudrait sauter et le sol de la rue, pavé des cruels cailloux ronds du Tibre, n’était
pas tendre.
    Il
fallut même sauter plus vite qu’elle ne pensait. Le voile était en soie et le
nœud central se défit quand elle l’atteignit. Ce fut la chute. Épouvantée,
Fiora eut tout de même la présence d’esprit de ne pas crier. Et pourtant quelqu’un
cria car, à sa surprise, elle atterrit sur quelque chose de mou, ce qui adoucit
beaucoup son arrivée.
    Vivement
relevée sous un déluge d’imprécations, elle considéra avec stupeur et
désolation le mendiant qui s’était couché le long du mur du palais, à l’abri du
vent, et sur qui elle venait de tomber. Debout lui aussi, il montrait sous un
vieux chapeau cabossé un visage rubicond hérissé de poils gris et des yeux
furibonds :
    – Je...
je vous ai fait mal ?
    – Plutôt,
oui ! Qu’est-ce qui te prend de m’tomber d’ssus comme ça ? Tu t’sauves ?
... Ça peut être intéressant, quelqu’un qui s’ sauve du palais Borgia !
    Ses
mains qui semblaient aussi fortes que des tenailles avaient saisi la jeune
femme et ne semblaient pas disposées à la lâcher. Il cherchait à l’entraîner
vers le portail et elle résistait de son mieux quand, soudain, du plus profond
de sa mémoire, surgit un souvenir : celui d’un vieil homme qui, une nuit,
lui avait offert l’hospitalité de son taudis dans un palais florentin en
construction. Il avait dit qu’à un seul mot se reconnaissaient tous ceux de la
confrérie des mendiants, et ce mot lui vint tout naturellement à la bouche :
    – Mendici !
murmura-t-elle.
    Ce fut
magique. L’homme la lâcha aussitôt, tandis que son regard, de furieux, devenait
curieux :
    – Tu
en es, toi aussi ? Difficile à croire. Je te connaîtrais, il me semble ?
    – Non.
Je suis de Florence et j’ai été amenée ici de force. Je veux rentrer chez
moi...
    – De
force ? C’est vrai qu’ t’as l’air d’une belle fille et qu’ les belles
filles il en défile ici. Tu connais l’ chemin d’Florence ?
    – Non,
mais j’espère trouver. Il faut aller vers le nord ?
    – Faut
sortir par la porte del Popolo ! T’as coupé mon sommeil alors j’ vais t’
montrer... mais si t’avais un p’tit quelque chose à m’ donner pour ma peine, ça
m’ f’rait bien plaisir. Tu m’as fait mal, tu sais ?
    Sans
répondre, Fiora fouilla dans l’aumônière de Juana où elle avait, sans l’explorer,
fourré la chaîne et la médaille, avec l’intention de donner celle-ci. A sa
surprise, elle sentit sous ses doigts la rondeur de quelques pièces, en tira
une avec l’impression que c’était un ducat et la mit sans la regarder dans la
main du mendiant qui, lui, fit quelques pas vers les pots à feu. Elle comprit
qu’elle ne s’était pas trompée en le voyant mordre dans la pièce.
    – C’est
bien d’l’or ! constata-t-il. Ça m’aurait étonné aussi qu’ t’aies pas
réussi à trouver une ou deux pièces comme celle-là dans c’te maison. Viens
maintenant ! On y va ! J’te montre l’chemin et puis j’te laisse. J’tiens
pas à c’ qu’on m’voie dans la compagnie d’une femme qui s’sauve !
    Il l’entraîna
dans une rue étroite qui s’ouvrait au coin du palais et filait droit entre deux
rangées de maisons d’inégale hauteur. Les yeux de Fiora s’accoutumaient à l’obscurité.
Du reste, dans le ciel, les nuages poussés par un vent vif s’écartaient, s’effilochaient
pour laisser voir, par instants, quelques étoiles. L’homme marchait vite, mais
elle le suivait sans peine. Et puis, tout à coup, il n’y eut plus de maison,
rien qu’un vaste espace vide, un énorme terrain vague où croupissaient les
ruines d’une église et une sorte de tumulus ébréché. Le mendiant s’arrêta :
    – J’te
laisse à présent. T’as plus qu’à marcher tout droit en laissant à main gauche
le mausolée d’Auguste.
    – Cette
espèce de taupinière est le mausolée d’Auguste ?
    – Ou
c’ qu’il en reste. Fais comme j’te dis ! D’abord, là-bas au bout, tu
verras les braseros sur le rempart. La porte del Popolo est juste en face.
    Elle n’eut
même pas le temps d’un merci. Le mendiant se fondit, sans faire plus de bruit
qu’un chat, dans l’ombre dense de

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