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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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– peut-être avait-il bu un peu trop
de vin au déjeuner – pensait justement que ce serait bon de se rouler là-dedans
avec une fille au corps frais.
    Khatoun
était vêtue d’une robe de toile bleue sur une gorgerette dont les rubans, un
peu lâches, laissaient voir des ombres bien douces. Elle portait une cruche d’eau
juste tirée du puits dont les gouttelettes scintillaient en tombant, une à une,
sur la terre battue. Sans un mot, elle fit boire le jeune homme puis, posant sa
cruche avec un demi-sourire et comme si c’eût été la chose du monde la plus
naturelle, elle prit sa main et, le regardant au fond des yeux, elle guida
cette main poussiéreuse sur l’un de ses petits seins ronds et durs où elle se
referma d’instinct.
    – Khatoun
peut te rafraîchir d’une autre manière, murmura-t-elle. C’est tellement bon de
faire l’amour par une telle chaleur ! Et le foin sent si bon !
    Un
instant plus tard, nus tous les deux, ils s’enfonçaient dans la moisson
parfumée. La peau de la petite Tartare était douce et soyeuse comme un satin
ivoirin et comme, astucieusement, elle avait emprunté un peu du parfum de sa maîtresse,
l’ancien apprenti banquier eut, en fermant les yeux, l’impression de posséder
cette trop belle Fiora dont il était si éperdument, si désespérément
amoureux... Et cela lui parut délicieux.
    Depuis,
presque chaque nuit – à moins que le petit Philippe n’eût besoin de Khatoun -,
les deux jeunes gens se rejoignaient dans la chambrette du garçon pour des jeux
ardents auxquels ils prenaient un plaisir de plus en plus vif. Khatoun savait
que Florent ne l’aimait pas vraiment, comme Florent savait qu’il n’était pas
question d’amour chez sa maîtresse, mais l’amour, différent bien sûr, que tous
deux portaient à Fiora les poussait à s’unir. Florent était jeune, bien bâti et
naturellement ardent. Quant à Khatoun, l’amour était pour elle une question d’instinct
comme pour beaucoup de filles d’Asie. Elle savait combler un homme tout en
prenant sa part de plaisir car elle avait reçu de son époux, le médecin romain,
les meilleures leçons. Quant au jeune Parisien, son innocence perdue chez une
ribaude du quartier Saint-Merry, puis deux ou trois bergères culbutées, les
soirs de grande chaleur, dans les roseaux des bords de Loire, il découvrait
avec la petite Tartare un monde de sensations inimaginables. Accomplissant
auprès d’elle des exploits dont il se serait cru incapable, il lui en vouait
une reconnaissance naïve. Grâce à Khatoun, Florent pouvait se croire l’un de
ces hommes privilégiés de la nature dignes de devenir l’amant d’une reine.
    – Tu
es une vraie diablesse, lui disait-il parfois, mais c’est si doux de t’aimer...
    L’important
était, après une nuit particulièrement chaude, d’échapper au regard myope mais
singulièrement perspicace de dame Léonarde ou au sourire entendu du père
Etienne. Florent s’en tirait en allant barboter dans la Loire à la petite
pointe du jour, mais il savait qu’il faudrait trouver autre chose quand
viendrait l’hiver. Il est vrai qu’alors les nuits seraient plus longues et les
travaux du jardin ou des champs moins absorbants...
    Mais
ce soir-là, le jeu d’amour se termina vite et, tandis que Khatoun continuait à
pleurer, la tête nichée contre l’épaule du garçon, celui-ci, bien qu’il eût
fait de son mieux pour apaiser le désespoir de son amie, s’avouait qu’il n’était
pas loin de le partager. Pourquoi Fiora et Léonarde partaient-elles chez les
Nardi, surtout s’il était question d’y rester plusieurs semaines, voire
plusieurs mois ? Néanmoins, dans son inquiétude, un espoir se glissait :
ce grand diable d’Écossais ne pouvait passer son temps à escorter des dames, ce
qui lui donnait, à lui Florent, une chance d’être choisi. Sous la féroce
direction d’Archie Ayrlie, ses progrès en équitation avaient été rapides et il
n’y avait plus aucune raison de le laisser à la maison.
    Il
secoua doucement Khatoun qui s’endormait pour la renvoyer dans sa chambre, un
peu honteux de constater qu’à l’idée de ne pas la voir pendant des jours et des
jours il n’éprouvait pas grand regret. Et comme elle se remettait à pleurer, il
lui lança, mécontent :
    – Tu
ne vas pas larmoyer ainsi jusqu’à la Noël ? C’est ennuyeux, bien sûr, que
donna Fiora s’en aille, mais tu peux être assurée qu’elle ne le fait pas sans
une bonne

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