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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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avait suivi l’homme auquel on l’avait menée
parce qu’il avait su lui faire l’amour. Tout cela n’était guère rassurant, mais
que faire ?
    – Rien,
conclut Léonarde, sinon ordonner à Etienne et à Florent de la surveiller de
près. Ce qu’elle sait est trop lourd de conséquences pour le laisser à la merci
d’une nuit d’amour.
    Fiora
ne répondit pas. Elle aimait bien Khatoun et lui faisait entière confiance, une
confiance qu’elle n’avait jamais eu à regretter, au contraire. Mais Léonarde la
connaissait presque aussi bien et, en outre, elle possédait une grande sagesse
née de l’expérience et savait que tout être humain a ses limites.
    Pourtant,
Léonarde ignorait tout de ce qui se passait, la nuit, dans la maison aux
pervenches. Après avoir mis au lit le petit Philippe, Khatoun refusa d’aller
souper, alléguant qu’elle se sentait le cœur barbouillé. Sans se coucher, elle
resta sur son lit, à verser d’abondantes larmes jusqu’à ce qu’il n’y eût plus,
dans la maison, le moindre bruit... Alors elle se leva, ôta sa robe, ne gardant
que sa chemise et, sans rallumer sa chandelle, sortit de sa chambre. A l’instar
des chats, elle pouvait se diriger la nuit sans lumière.
    Montant
l’escalier sur ses pieds nus, elle gagna le second étage et la chambre
mansardée où couchait Florent. Une lueur jaune filtrait sous la porte, mais, en
ouvrant celle-ci, Khatoun vit que le jeune homme s’était endormi en lisant un
livre qui était retombé sur son nez. Elle s’approcha doucement, ôta le livre
avec d’infinies précautions, puis se libéra de sa chemise et resta là un
instant à contempler le dormeur. L’air heureux, il souriait à un rêve, ce qui
fit prendre conscience à Khatoun de sa propre désolation.
     
    Éclatant
en nouveaux sanglots, elle rejeta les couvertures d’un geste rageur et se jeta
contre le corps nu du garçon qu’elle enlaça de ses bras et de ses jambes tout
en couvrant de baisers frénétiques son cou et son menton. Réveillé en sursaut
par cet assaut, Florent regarda avec stupeur son assaillante en essayant,
mollement il est vrai, de se libérer :
    – Pourquoi
ne m’as-tu pas dit que tu viendrais cette nuit ? Je ne t’attendais pas...
    – Tais-toi !
Tais-toi je t’en prie et fais-moi l’amour ! J’en ai besoin. Caresse-moi !
Prends-moi !
    A l’humidité
de ses joues et de ses lèvres, il comprit qu’elle pleurait :
    – Qu’est-ce
qui te chagrine ? pourquoi ces larmes ?
    – Elle
va... elle va partir encore ! Elle va me quitter une nouvelle fois...
    – Qui
donc ?
    – Qui
veux-tu que ce soit ? ... Fiora, ma maîtresse bien-aimée. Elle veut me
laisser, alors qu’elle m’avait promis qu’on ne se séparerait plus ! C’est
cette affreuse Léonarde qu’elle va emmener...
    – Où
donc ? Où veut-elle aller alors que la mauvaise saison arrive ?
    – A
Paris, chez des gens que je ne connais pas... Et pour un assez long séjour.
    – Moi,
je les connais, ce sont ses meilleurs amis. En outre, Agnolo Nardi gère sa
fortune. Mais qu’est-ce qu’elle veut y faire ?
    Une
lueur de crainte brilla dans le regard affolé de la jeune femme, la retenant au
bord de l’ultime confidence dont elle savait qu’elle pourrait la payer cher.
    – Je
ne peux pas te le dire car j’en mourrais peut-être, mais fais-moi l’amour, je t’en
supplie. Il faut que quelqu’un s’occupe de moi et me donne un peu de joie,
puisque ma belle Fiora ne veut plus de son esclave...
    – Où
vas-tu chercher tout ça ? s’indigna Florent. Ce n’est pas parce que donna
Fiora veut aller à Paris qu’elle va se séparer de toi pour toujours ? Tu
vas rester ici à t’occuper de notre petit diable, et après ? Tu n’y es pas
si malheureuse ?
    Et
Florent entreprit de prouver à Khatoun que, pour lui au moins, elle avait
beaucoup d’importance. Un instant plus tard, elle ronronnait sous lui comme un
chaton heureux et ses larmes séchaient sous les baisers du garçon. La petite
chambre s’emplit de soupirs, auxquels ses murs étaient maintenant accoutumés.
    En
effet, trois jours après le départ de Fiora et de Mortimer, Florent, alors qu’il
entassait soigneusement les balles de foin pour l’hiver dans la grange, avait
vu Khatoun venir à lui. C’était l’une de ces belles journées d’automne toutes
tièdes où le soleil tendre met des moiteurs à la peau et dispose à la langueur.
En rangeant ses balles odorantes, le garçon

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