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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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raison. Alors, ne lui complique pas l’existence ! Elle
reviendra.
    – Oui...
C’est toi qui as raison, bien sûr... Enfin, on verra bien...
    Et,
ramassant sa chemise, Khatoun la passa d’un geste machinal et gagna la porte.
Florent se recoucha et s’efforça de dormir car la fin de la nuit approchait.
Les paroles de Khatoun lui trottaient dans la tête et il s’efforçait d’y
trouver une explication. Il n’y parvint pas mais, par contre, finit par s’endormir
d’un si profond sommeil qu’il n’entendit pas chanter le coq et oublia l’heure.
Ce fut quand Etienne le jeta à bas de son lit qu’il reprit contact avec la
réalité quotidienne.
    Cette
réalité n’avait rien de souriant. Fiora, le visage sombre, ne disait mot et
semblait souffrante. Elle était pâle et visiblement fatiguée. En outre, il
pleuvait à plein temps ; ce qui donnait une lumière grise guère flatteuse.
    Aussi
quand, au début de l’après-midi, un page vint lui dire que le roi désirait la
voir, accueillit-elle cette invitation sans le moindre plaisir. Florent, au
contraire, en fut très content car elle lui ordonna aussitôt de se tenir prêt à
l’accompagner et de seller les mules tandis qu’elle-même allait changer de
robe.
     
    Fiora
trouva Louis XI dans sa chambre, vaste pièce tendue de tapisseries représentant
des sujets de chasse où une dizaine de chiens, épagneuls blonds et lévriers
blancs, formaient sur les tapis un archipel soyeux. Assis dans un haut fauteuil
de bois sculpté près de la grande cheminée de pierre blanche où brûlait un
tronc d’arbre, le roi de France semblait curieusement recroquevillé. Frileux à
l’excès, il était vêtu comme en plein hiver de drap brun solide et chaud bordé
de castor, luisant comme peau de châtaigne, assorti à celui dont était fait le
chapeau qu’il portait, comme d’habitude, sur une coiffe de laine rouge
emboîtant bien les oreilles. Auprès de lui, son lévrier favori Cher Ami tendait
son étroit museau vers les menus morceaux de biscuit que les mains fines,
véritablement royales, peut-être la seule beauté de cet étrange souverain,
offraient à sa gourmandise. Dans la lumière des flammes, les rubis sertis dans
le haut collier d’or du chien brillaient comme braises.
    Un
homme se tenait auprès du roi, penché vers lui pour recueillir chacune de ses
paroles et Fiora, en l’apercevant, tressaillit. Elle n’avait vu qu’une fois ce
visage de fouine, ces cheveux raides coupés court et ces yeux glauques, mais
elle reconnut leur propriétaire comme l’homme qui, sans qu’elle lui ait causé
le moindre tort, était son ennemi juré, celui qui avait tenté de la faire
assassiner en forêt de Loches. C’était Olivier le Daim, barbier et confident du
roi, du moins autant que peut l’être un homme qui, chaque jour, promène un
rasoir sur la gorge d’un autre. Une chose paraissait certaine : il était
fort en faveur et Fiora, quelque envie qu’elle en eût, ne pouvait l’accuser
ouvertement.
    Pour
ne plus voir ce regard fielleux glissant sur elle sous la paupière tombante,
elle salua profondément, attendant même que le roi la relève de sa révérence.
Ce qu’il fit sans tarder :
    – Venez-ca,
Madame de Selongey ! Nous avons à parler vous et moi ! Laisse-nous,
Olivier !
    Le
barbier sortit à regret, tandis que Fiora s’avançait vers la cheminée et le
siège qu’on lui désignait. Elle aurait juré que l’autre allait écouter derrière
la porte. Néanmoins, elle décida de n’y plus penser et s’assit sans rien dire,
car c’était au roi de parler le premier. Comme il ne semblait pas pressé, elle
l’examina discrètement et lui trouva mauvaise mine. Le long nez pointu
paraissait aminci et le lourd visage aux mâchoires carnassières fait de
parchemin jauni, cependant qu’un tic nerveux contractait par instants la bouche
au pli dédaigneux.
    Sachant
qu’il souffrait de la mauvaise circulation du sang dans ses artères et de
douloureuses hémorroïdes, elle pensa qu’une crise, peut-être, expliquait la
contraction de son visage. Elle en fut même certaine quand, remuant sur ses
coussins, il ne put retenir un bref gémissement, aussitôt suivi d’un mouvement
de colère et d’une question.
    – Par
la Pâques-Dieu ! Où est-il, cet animal ?
    – Qui
donc, Sire ?
    – Ce
médecin byzantin... Comment s’appelait-il donc ? Ah oui : Lascaris !
Démétrios Lascaris ! Vous étiez très amis, je

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