Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
et le
Grand, qui commandaient le Petit-Pont et le Pont-au-Change, les voyageurs ne
rencontrèrent pas une seule cotte d’armes, pas un seul chapeau de fer.
    – Quelle
belle chose, tout de même, que la paix ! remarqua Florent, tout en dardant
un regard meurtrier vers une bande d’étudiants qui sifflaient sur le passage de
Fiora et lui envoyaient des baisers.
    – Alors,
arrangez-vous pour ne pas la troubler et cessez de vous occuper de ces garçons !
... Et tâchez que nous avancions un peu plus vite ! J’ai hâte d’apercevoir
les trois pignons de la maison de messer Nardi !
    Passé
le Grand-Pont et le bruit de ses moulins, la Grande Boucherie et ses odeurs
abominables de viscères et de sang caillé, on arriva à destination et les deux
femmes virent avec plaisir que rien n’avait changé : la belle enseigne
peinte se balançait toujours aussi majestueusement et les langues rouges des
girouettes, sur les toits, continuaient à tourner doucement au vent du soir.
Les fenêtres aux carreaux étincelants s’ouvraient comme autrefois sur les
grandes pièces fleurant bon la cire fraîche et le pain chaud et, dans les
magasins du rez-de-chaussée, les employés, la plume d’oie entre les doigts, étaient
toujours courbés sur les gros registres reliés en parchemin. Mais l’apparition
d’Agnolo Nardi, à l’appel de Florent qui s’était rué dans le bâtiment aussitôt
descendu de son cheval, serra le cœur de Fiora. Certes, elle retrouvait le même
petit homme rond et brun, quoiqu’un peu grisonnant, mais à présent, il marchait
en s’appuyant sur une canne et les yeux de la jeune femme s’embuèrent de
larmes. Cette canne, même ennoblie d’un pommeau d’argent ciselé, n’en était pas
moins la preuve de ce que le bon Agnolo avait subi pour le service de Fiora :
la torture par le feu que lui avait infligée l’impitoyable Montesecco pour
obtenir de lui l’adresse de la jeune femme C’était même une chance qu’il pût
encore marcher ! Aussi rencontra-t-il des joues mouillées quand Fiora
sauta à terre pour courir l’embrasser.
    – Tu
pleures, donna Fiora ? s’écria-t-il. En voilà une bienvenue ? Nous
qui sommes si heureux de ta venue !
    – Je
pleure de honte, mon ami, et de regret, car c’est à moi que tu dois d’avoir
tant souffert et...
    – Chut !
Je n’ai pas été aussi vaillant que cela car ces bandits ont très vite pensé à s’en
prendre à mon Agnelle... et là, bien sûr, j’ai dit tout ce que ce démon
voulait. Si quelqu’un doit demander pardon, c’est moi !
    – Plus
un mot là-dessus dans ce cas ! Grâce à Dieu, Montesecco a payé pour ses
crimes. Ou plutôt pour un crime qu’il a refusé de commettre.
    – Comment
cela ?
    – Au
moment de la conspiration des Pazzi, aux dernières Pâques, il a refusé de
frapper les Médicis dans le Duomo, mais il a tout de même été arrêté et
décapité.
    – La
justice de Dieu s’y retrouve toujours ! Entrez vite à présent ! Florent
va mettre vos bêtes à l’écurie. Il doit se souvenir de son emplacement et...
    Un cri
de joie l’interrompit. Toujours aussi ronde, toujours aussi blonde, Agnelle,
grands yeux d’azur et robe de velours assortie, venait de surgir de la maison à
son allure habituelle, celle d’un courant d’air, et se jetait dans les bras de
Fiora qu’elle embrassa et réembrassa avant de tomber dans ceux de Léonarde.
    – Pour
une arrivée discrète, c’est réussi ! marmotta Agnolo avec un coup d’œil
aux fenêtres environnantes où s’était installée une guirlande de voisines.
    – Qui
a parlé de discrétion ? protesta sa femme. Et pourquoi cacherions-nous la
venue de notre donna Fiora que nous aimons comme notre fille ?
    Néanmoins,
elle fit rentrer son monde dans la maison où le ballet des servantes chargées
de préparer les chambres et de veiller à allonger le menu du soir était déjà
commencé. Léonarde et Fiora retrouvèrent avec plaisir leur ancien logis tandis
que Florent partait vers les bureaux afin d’y faire étalage de son nouveau rang
d’écuyer d’une grande dame et de son élégant costume de fin drap gris porté
sous un ample manteau doublé de vair. Il irait ensuite chez son père, le changeur
Gaucher le Cauchois, pour y embrasser sa mère et ses sœurs et, très
certainement, y passer la nuit.
    Il
était donc absent quand, après le souper et toutes portes closes, les servantes
retirées chez elles, Fiora fit part à ses amis de

Weitere Kostenlose Bücher