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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’avoir
entendu décrit par sa nourrice : « Il a le visage large et coloré au
menton puissant, aux yeux sombres et dominateurs. Ses cheveux sont noirs et
drus... » Cet homme, c’était le Téméraire.
    Il
portait une longue robe de velours rouge ceinturée d’or, réchauffée d’un collet
d’hermine sur lequel s’étalait le collier de la Toison d’or. A son bonnet de
même velours brillait un joyau étrange et fascinant : une aigrette de
diamants retenue par un petit carquois fait de perles et de rubis, et la
prisonnière pensa qu’il ressemblait à l’un de ces princes de légendes dont son
père lui contait les belles histoires quand elle était enfant. Très
certainement l’empereur n’était pas plus imposant que lui. Cependant, elle n’en
eut pas peur et même elle eut un peu envie de rire en pensant que, depuis des
mois, elle rêvait d’abattre cet homme défendu par une armée de gardes et une
autre de serviteurs, plus encore que par sa propre légende. Elle, simple fille
sans aucune puissance, et son ami Démétrios, un médecin grec vieillissant, ils
avaient juré de tuer le Grand Duc d’Occident sans même savoir s’ils pourraient
un jour l’approcher... Et voilà qu’elle était devant lui, mais captive, liée de
cordes et que, sans doute, elle ne vivrait pas assez pour voir se lever la
prochaine aurore, car ce visage sombre, ces yeux chargés d’éclairs qui la
considéraient en silence n’auguraient rien de bon. Mais elle n’avait toujours
pas peur.
    – Ainsi,
dit-il enfin d’une voix grave et sonore qui aurait pu être celle d’un chanteur,
ainsi tu es la fille pour laquelle un de mes meilleurs capitaines oublie ses
devoirs et abandonne son poste devant une ville assiégée ? D’où sors-tu
donc pour ne pas savoir que l’on s’incline devant un prince ?
    – Une
femme ne s’incline pas, monseigneur, et je ne saurais saluer comme il convient
avec les mains liées. Je cherche d’ailleurs, depuis que l’on m’est venu
chercher, la raison de ceci, ajouta-t-elle en élevant ses poignets entravés. Je
n’ai, que je sache, tué ni volé personne ?
    – Tu
es une espionne au service de mon beau cousin, le roi Louis de France. C’est
pire à mes yeux.
    – Vraiment ?
N’ai-je pas entendu dire qu’une trêve de neuf années avait été signée à
Soleuvre entre le roi et Votre Seigneurie ? Je pensais qu’il était
possible de voyager à son aise dès l’instant où les armes se sont tues ?
    – Ici
elles parlent encore. Ainsi, tu as eu fantaisie de visiter les frontières et
singulièrement une ville où, comme par hasard, était concentrée une grande
partie de notre armée ?
    – J’ai
eu le désir de rencontrer le seul cousin qui me reste, oui monseigneur.
    – Cousin !
Campobasso est ton cousin ?
    – Je
ne vois pas en quoi, dit Fiora avec un demi-sourire, ce lien de parenté peut
offenser le puissant duc de Bourgogne. Et puisque nous parlons d’offense, j’aimerais,
    Monseigneur,
que vous cessiez de me tutoyer. Je suis de bonne naissance et le roi Louis que
j’ai rencontré, en effet, m’a toujours parlé avec déférence. Je n’ai pas
entendu dire que Sa Majesté soit de moins bonne maison que Votre Seigneurie.
    Devant
l’audace de cette femme dont les grands yeux gris le considéraient avec une
ironique insolence, la colère de Charles éclata. Le visage soudain aussi rouge
que sa robe, il se dressa debout et ordonna :
    – La
Marche ! Obligez cette femme à s’agenouiller devant nous et faites-lui
comprendre que sa vie ne tient qu’à un fil. Elle a tout intérêt à cesser d’exciter
ainsi notre colère !
    Sans
un mot, le capitaine des gardes vint derrière Fiora et pesa sur ses épaules
jusqu’à ce que ses genoux plient. Ils tombèrent assez rudement sur le tapis
mais la jeune femme ne baissa pas la tête pour autant.
    – Il
eût été plus simple, dit-elle, de me délier les mains. Vous auriez pu constater
alors, monseigneur, que je sais saluer un prince comme il convient de le faire.
Un geste obtenu par force n’a jamais été signe de respect... Cela dit,
faites-moi exécuter si cela peut vous satisfaire.
    Ce
tranquille courage éteignit la fureur de Charles. C’était, en effet, de toutes
les vertus, celle qu’il appréciait le plus :
    – Vous
ne craignez pas la mort ?
    – Pourquoi
la craindrais-je ? La vie ne m’a rien apporté qui mérite d’être regretté.
    Le
Téméraire s’approcha et se pencha un peu

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