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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Retirez-vous !
    – Mais,
monseigneur...
    – Ne
m’obligez pas à répéter si vous voulez éviter la honte d’être jeté dehors !
... Et maintenant Selongey à nous deux ! Faites très attention à ce que
vous allez dire car il n’a jamais été permis à quiconque de se moquer de moi et
moins encore à ceux qui sont dans ma faveur.
    – Dieu
me garde de jamais vous déplaire, mon prince. Depuis l’enfance je suis votre
féal et je mourrai avant d’avoir usé à votre encontre d’une ironie qui serait
sacrilège à mes yeux.
    – Je
te crois, Philippe ! En ce cas, réponds sans crainte : tu prétends
que cette femme est tienne ?
    – Je
l’ai épousée à Florence où vous m’aviez envoyé auprès des Médicis, en février
dernier. Son père, Francesco Beltrami, était alors l’un des deux ou trois
hommes les plus riches et les plus puissants de la ville. Nous nous sommes
mariés...
    – Afin
de pouvoir offrir au trésor de guerre de Votre Seigneurie les cent mille
florins d’or qui constituaient ma dot et que les Fugger d’Augsbourg vous ont
versés ! coupa Fiora enfin parvenue à maîtriser l’émotion ressentie quand
Philippe était apparu devant elle, tellement semblable au souvenir qu’elle en
gardait et pourtant différent.
    Cela
tenait peut-être à cette armure qu’il portait avec-aisance et qu’elle ne lui
avait jamais vue, à ces cheveux plus courts, à ces traits creusés par la
fatigue, à cette petite cicatrice qui entaillait sa joue mais son cœur avait
bondi vers lui et la blessure secrète saignait à nouveau en dépit de la joie
fugitive éprouvée lorsqu’il avait revendiqué son titre d’époux. Une joie qui s’était
vite effacée. Reniée et abandonnée jadis, trompée à présent puisqu’une autre
femme portait son nom, Fiora appela sa rancune au secours de ce cœur trop
faible.
    – Certes,
admit Selongey, et je n’ai pas caché à votre père l’usage auquel je destinais
cette somme importante mais je vous ai épousée pour une autre raison, Fiora.
Souvenez-vous !
    – N’allez
pas prétendre aujourd’hui que vous m’aimiez alors que vous ne vouliez de moi qu’une
seule nuit ? Vous m’avez abandonnée sans esprit de retour au lendemain de
nos noces pour revenir à la seule femme que vous aimiez réellement et que vous
avez dû épouser dès que vous m’avez crue morte. En admettant que vous ne l’eussiez
point épousée avant ? ...
    – Une
autre femme ? Moi j’ai épousé quelqu’un d’autre ? Moi, Philippe de
Selongey, chevalier de la Toison d’or, je serais bigame ?
    – Je
ne vois pas d’autre terme à employer. Ou alors expliquez-moi qui est cette Béatrice
qui règne en votre château de Selongey. On m’a appris là-bas qu’elle en était
la dame...
    – Béatrice ?
s’écria Philippe. Elle est encore là ?
    – Et
pourquoi donc n’y serait-elle pas si elle est chez elle ?
    Selongey
se mit à rire de bon cœur, une petite flamme de gaieté soudain allumée dans ses
yeux noisette.
    – Je
la croyais rentrée depuis longtemps chez ses parents. Sachez qu’elle est ma
belle-sœur et rien de plus.
    – Quand
dites-vous la vérité et quand mentez-vous ? Une belle-sœur, cela suppose
au moins un frère et vous avez dit à mon père que vous n’aviez aucune famille.
    – Et
c’était vrai. Mon frère aîné, Amaury, a été tué à la bataille de Montlhéry, il
y a dix ans. Sa veuve espérait, je ne vous le cache pas, que je l’épouserais,
ainsi que cela se fait assez couramment dans nos familles. Mais je n’ai jamais
pu me résoudre à prendre pour femme qui je n’aimais pas. Vous, Fiora... je vous
aimais.
    – Vous
m’aimiez... et cependant vous êtes parti sans me laisser l’espoir de vous
revoir un jour.
    – Je
suis revenu pourtant et ce fut pour apprendre quelle catastrophe s’était
abattue sur vous. On vous disait morte. Je n’avais aucune raison d’en douter.
    – Philippe !
... Mon Dieu... je vous ai tant haï !
    A la
fois bouleversée et envahie d’une joie presque trop forte après tout ce qu’elle
avait enduré, Fiora, oubliant la présence du prince, tendait déjà les mains
vers son amour retrouvé et Philippe allait peut-être s’élancer vers elle quand
la voix froide du Téméraire, qui les observait en silence, les cloua sur place.
    – C’est
une belle histoire sans doute mais puisque, Madame, vous avez l’honneur d’être
la comtesse de Selongey, voulez-vous m’expliquer comment

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