Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
il se fait que vous
soyez aussi la maîtresse du comte de Campobasso et une maîtresse assez
ardemment aimée pour qu’il souhaite l’épouser lui-même ?
    Comme
s’ils s’éveillaient d’un songe, ils se tournèrent vers lui du même mouvement
automatique. La joyeuse lumière du bonheur vacilla et s’éteignit dans l’âme de
Fiora comme elle venait de s’éteindre dans les yeux de Philippe ; la jeune
femme comprit que ce prince, qui les dominait de sa splendeur quasi barbare,
allait tout faire pour lui arracher l’homme qu’elle aimait et elle se prépara à
combattre.
    – N’ayant
plus personne au monde, pourquoi n’aurais-je pas recherché le seul parent qui
me restât, même si ce n’était qu’un lointain cousin ? fit-elle calmement.
    – Et
votre hâte était si grande que vous n’avez pas hésité à venir le trouver à
Thionville, au milieu de nos armées ? Comment saviez-vous où il était ?
    – Il
suffisait de savoir où se situaient ces armées. Les faits et gestes d’un aussi
grand prince que Votre Seigneurie sont vite connus. En allant vers l’endroit où
résidait le duc de Bourgogne, on pouvait espérer rencontrer l’un de ses
principaux capitaines. Il n’était que d’interroger en chemin...
    – Et
l’idée de rejoindre celui que vous aviez épousé ne vous effleurait pas ?
    – J’ai
déjà dit que je ne croyais plus à la réalité de notre mariage. D’ailleurs... je
pensais qu’il n’était plus de ce monde. Il avait assuré à mon père que, pour
effacer la mésalliance dont il marquait son nom en le donnant à la fille... d’un
marchand, il espérait trouver au combat une mort honorable...
    Le duc
se tourna vers Philippe qui, le regard au loin, avait écouté sans rien dire,
aussi froid que son armure.
    – Est-ce
vrai ?
    – Que
je voulais mourir ? Oui, monseigneur mais j’avais présumé de mes forces et
surtout je n’avais pas prévu que j’aimerais autant. Au lendemain de notre
mariage, je savais déjà que je n’accepterais pas de ne plus la revoir et qu’il
faudrait qu’un jour ou l’autre je revienne...
    Il
parlait comme du fond d’un rêve, de cette étrange voix blanche et détachée de
ceux que Démétrios soumettait à son pouvoir hypnotique. Fiora voulut aller vers
lui mais un geste impérieux du Téméraire l’en empêcha.
    – Vous
m’aimiez donc vraiment, Philippe ? Pourquoi n’avoir rien dit ? Pourquoi
être parti sans un mot, sans...
    – Assez !
s’écria le duc. Je ne vous ai pas autorisée à parler au comte de Selongey.
Dites-moi plutôt d’où vous veniez quand vous avez atteint Thionville ?
    – De
France, bien entendu. Après la mort de mon père j’ai rejoint à Paris messer
Agnolo Nardi, son frère de lait qui tient rue des Lombards le comptoir et la
banque Beltrami...
    – Des
marchands ! Des boutiquiers ! fit le duc avec un écrasant dédain.
Voilà ce que vous avez épousé, Philippe de Selongey, vous dont les ancêtres
étaient aux croisades ! La fille est belle, j’en conviens, mais il en est
d’autres...
    – Ces
autres vous apportent-elles en mariage cent mille florins d’or ? gronda
Fiora souffletée par ce mépris. Chez nous, la noblesse tient à honneur de
contribuer à la richesse de l’État en menant de grandes affaires et plus d’une
Florentine a épousé un prince.
    – Baissez
le ton, s’il vous plaît ! Vous n’êtes pas ici devant l’un de ces Médicis
nés à l’ombre d’un comptoir ! En outre, vous oubliez un peu facilement que
vous avez été dénoncée comme étant une espionne de Louis XI chargée par lui de
séduire Campobasso... et que vous avez scrupuleusement accompli votre mission.
Nierez-vous qu’au soir même de votre arrivée chez votre « cousin »
vous l’avez accueilli dans votre lit ? Nierez-vous que durant trois jours
et trois nuits les portes de votre chambre ne se sont point ouvertes ? Nierez-vous
qu’il vous a fait conduire à son château de Pierrefort où, pour coucher encore
avec vous, il a abandonné son poste devant Conflans ? Tout à l’heure
encore, n’était-il pas à cette même place, prêt à se traîner à genoux pour que
je vous rende à lui et lui accorde de vous épouser ? « Nous nous
aimons, disait-il. Nous sommes l’un à l’autre »... Que vous faut-il de
plus ? Dois-je l’appeler pour qu’il nous conte ici, par le menu, ce que
furent ces jours et ces nuits de Thionville ?
    Brusquement,
Selongey perdit son

Weitere Kostenlose Bücher