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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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impériale, voguerait librement vers le destin
prodigieux auquel lui donnaient droit sa puissance et sa richesse... Bientôt...
mais pas encore tout de suite. Restait à faire payer aux cantons suisses, ce
ramassis de bouviers et de manants, l’audace dont ils avaient fait preuve, en
lui ôtant le comté de Ferrette, en attaquant sa Comté Franche et en s’aventurant
sur les terres de la duchesse Yolande de Savoie, sa fidèle alliée. Et cela ne
tarderait pas. Ensuite, après un temps de repos qui permettrait au nouveau roi
de lever la plus grande armée du monde, on irait jeter à bas du trône aux
fleurs de lis le trop subtil Louis XI. et la France aurait enfin un souverain
digne de sa grandeur passée...
    Ainsi
rêvait le Téméraire dans cette église où, hier encore, s’élevaient les prières
pour que Dieu éloigne, du vieux pays lorrain, l’envahisseur et son armée, mais
Charles ne doutait pas une seconde d’amener promptement ses nouveaux sujets à
remercier le ciel de leur avoir donné pour maître un prince si fastueux, si
magnanime et si vaillant. Cela les changerait de « l’Enfant », ce pauvre
petit René II qui, au lieu de mourir au combat, avait préféré courir se
réfugier dans les jupes de sa mère pour y pleurer son impuissance... Tandis que
s’ordonnaient un grand banquet et une fête publique pour tenter de faire
oublier passagèrement aux Nancéens leurs morts et leurs maisons détruites,
Fiora, dans la chambre qu’on lui avait donnée et qui se situait dans une des
tours regardant vers la Meurthe, recevait la visite de Mgr Nanni. Elle le
remercia de la protection qu’il lui accordait et grâce à laquelle, bien
certainement, on lui avait donné ce logis au lieu d’une prison.
    – Je
n’y suis pas pour grand-chose, mon enfant. Même si cela lui déplaît
souverainement, le duc ne peut faire que vous ne soyez la très légitime
comtesse de Selongey. Il vous doit des égards.
    – Il
n’en caresse pas moins l’idée de me faire exécuter, ce qui aurait le double
avantage de libérer Philippe et d’effacer cette histoire de dot que, de toute
évidence, il n’apprécie guère.
    – Soyez
sûre qu’alors vous auriez droit à tous les honneurs dus à votre rang, fit le
prélat avec un sourire, mais nous n’en sommes pas là. Je dirai même que votre
plus grande chance d’échapper au bourreau réside dans cette dette que le duc a
envers vous. Cent mille florins sont une somme énorme... et il est tout à fait
incapable de la restituer. Son sens chevaleresque s’oppose à ce qui serait une
manière peu élégante de se débarrasser d’un créancier. C’est ce que je suis
venu vous dire pour vous rassurer un peu... et aussi que le duel entre le comte
de Selongey et Campobasso aura lieu demain soir, à minuit, dans le pourpris du
château, sans autres témoins que le duc lui-même, vous, moi, deux assistants
qui seront Galeotto pour le Napolitain, et messire Mathieu de Prame pour votre
époux. Le Grand Bâtard Antoine tiendra le rôle de juge d’armes. Le combat
sera... à outrance.
    – Ce
qui veut dire ?
    – Que
seule la mort de l’un ou l’autre adversaire pourra y mettre fin.
    Un
filet glacé coula le long du dos de Fiora qui frissonna comme si le vent d’hiver
était entré dans sa chambre pour l’envelopper de froidure :
    – C’est
épouvantable, articula-t-elle. Ce n’est pas possible ! Le duc ne peut pas
accepter une chose pareille ? ... Je ne veux pas y croire. C’est
monstrueux !
    – Il
le faudra bien pourtant. Vous ignorez tout des lois féodales de ces pays. J’admets
d’ailleurs que les coutumes de nos gens d’au-delà des Alpes ne sont pas
meilleures sinon pires : chez nous on loue des spadassins pour se
débarrasser d’un ennemi...
    – Qu’elles
soient meilleures ou pires, je ne veux pas le savoir.
    Et
tournant le dos au légat elle marcha rapidement vers la porte de la chambre, l’ouvrit
et repoussa violemment les hallebardes qui se croisaient devant elle :
    – Je
veux voir le duc ! fit-elle avec hauteur. Et si vous tentez de m’en
empêcher, je crierai si fort que l’on viendra. Je dirai alors que vous avez
essayé de me tuer !
    – Mon
enfant, plaida Alessandro Nanni alarmé, vous n’y pensez pas ?
    – Je
ne pense qu’à cela ! Conduisez-moi sinon je saurai bien trouver seule mon
chemin.
    Le
petit évêque trottinait à ses côtés en essayant de la retenir mais c’était
impossible : Fiora avait décidé que,

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