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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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les troupes lombardes se jetaient par paquets. Les mercenaires
savaient déterminer infailliblement quand une bataille était perdue et s’efforçaient
de préserver leur vie. Le lion d’or du cimier ducal était invisible et
Panigarola lui-même avait disparu emporté sans doute par le flot...
    Atteint
d’un carreau d’arbalète, le cheval de Fiora s’abattit. Elle s’en dégageait
péniblement quand elle vit un gros Suisse qui fonçait sur elle avec une longue
pique. La mort était là, devant elle, et elle en eut horreur. Pour ne pas la
voir, elle ferma les yeux et, soudain, elle se sentit bousculée, jetée à terre.
Un corps tomba sur le sien, qu’elle repoussa avec un cri. C’est alors qu’elle
vit le Suisse courir vers une autre victime en brandissant sa pique tachée de
sang... et qu’elle reconnut celui qui en avait été percé à sa place :
    – Christophe !
... Oh ! mon Dieu, c’est Christophe ! ...
    La
poitrine du jeune homme était couverte de sang et un filet sombre commençait à
couler au coin de ses lèvres mais il ouvrit les yeux et réussit à sourire.
    – Vous
voyez bien... qu’il fallait me laisser faire... ce que je voulais, fit-il
péniblement. Sauvez-vous, Fiora ! L’armée... est en fuite mais... la tente
du duc est proche... Allez vous y cacher... et si l’on vous trouve... dites que
vous êtes une femme... Il faut gagner du temps.
    – Ne
parlez plus ! Je vais vous tirer jusque-là, chercher de quoi vous soigner.
On dirait que les Suisses s’éloignent...
    – Ils...
poursuivent le duc et moi... je n’ai plus besoin... de rien. Je... je...
vous... aime...
    Ce fut
le dernier mot. La tête de Christophe roula sur son épaule. Fiora, désolée, ferma
doucement les yeux gris, semblables aux siens, que la mort n’avait pas clos,
puis posa un baiser léger sur la bouche entrouverte.
    Voulant
regarder où en étaient les choses elle vit trouble et s’aperçut ainsi qu’elle
pleurait. Elle essuya ses yeux du revers de sa main, avisa une épée abandonnée
sur l’herbe et s’en saisit. La grande tente rouge – le duc en avait fait
refaire une autre presque aussi belle que celle perdue à Grandson – n’était pas
loin en effet et le chemin presque dégagé. Se relevant, elle allait courir vers
cet abri quand un homme se dressa devant elle, brandissant une masse d’arme.
Elle esquiva le coup en se baissant puis, presque d’instinct, son bras armé se
détendit avec une force décuplée par la peur et la rage. L’épée s’enfonça dans
le ventre du soldat qui s’écroula avec un râle de douleur. Alors, abandonnant l’arme,
Fiora courut jusqu’au pavillon ducal, s’y engouffra et alla s’abattre secouée
de sanglots sur le lit aux draps froissés que personne ne referait.
    Combien
de temps dura cette espèce de crise qui l’avait secouée des pieds à la tête
quand elle avait compris qu’elle venait de tuer un homme ? Une heure ou
quelques minutes ? Elle était incapable de l’évaluer et cela aurait pu
durer longtemps encore si une main posée sur son épaule et qui la secouait sans
ménagement n’était venue l’arracher de sa prostration :
    – Assez
pleuré ! fit une voix rude. Levez-vous et dites qui vous êtes...
    Au son
de cette voix, elle sursauta et, en un instant, elle fut debout, face à
Démétrios qui la considérait avec stupeur.
    – Ce
n’est pas possible ? exhala-t-elle, hésitant à reconnaître le Grec dans ce
guerrier casqué et couvert d’une tunique de cuir renforcée de plaques de métal.
Ça ne peut pas être... toi ?
    – Pourquoi
pas ? fit-il durement. Serait-ce plus étonnant que de te retrouver dans
cette tente ? Ainsi les bruits que l’on colporte sont vrais ? Comment
croire une chose pareille ?
    – S’il
te plaît... De quoi parles-tu ? s’écria-t-elle, la joie de ces
retrouvailles coupée net par la sévérité du ton et plus encore par celle du
regard. Quelle est cette chose que l’on ne peut pas croire ?
    – Que
tu sois la maîtresse du Téméraire ! Mais il faut bien se rendre à l’évidence
puisque je te trouve en train de te lamenter sur son lit...
    – Moi ?
La maîtresse du duc Charles ? Qui dit cela ?
    – Tout
le monde. On parle beaucoup dans cette région de l’Europe d’une jeune femme
déguisée en garçon qui suit le Bourguignon partout, dont il ne peut se passer,
qui a accès auprès de lui de jour comme de nuit et qui...
    – En
voilà assez ! Me connais-tu donc si

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