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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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à
vous ! Si vous vous sentez mieux, Fiora, nous allons regagner Lausanne
aussi vite que possible. D’après les bruits qui me sont parvenus, les Suisses,
après cette victoire acquise, vont fondre sur la ville pour la mettre à sac...
Il faut aller chercher donna Léonarda et le jeune Battista.
    Fiora
lui lança un coup d’œil épouvanté et lança son cheval au galop. Il ne
manquerait plus qu’on lui tuât sa chère Léonarde !
     

CHAPITRE XIV L’ÉTANG GELÉ…
     
     
     
    Trois
jours plus tard, après un voyage mouvementé qui les avait contraints à remonter
vers Orbe pour éviter les bandes incontrôlées et féroces qui se dirigeaient sur
Lausanne, Panigarola, Fiora, Léonarde et Battista arrivaient dans la cité
montagnarde de Saint-Claude, pittoresquement accrochée à des pentes rocheuses
au-dessus du confluent de la Bienne et du Tacon. La ville, composée surtout d’artistes
« ymagiers » et de tailleurs de pierre regroupés en une solide
corporation, se serrait autour de ses torrents et de la grande abbaye
bénédictine dont, au XII e siècle, saint Claude, faiseur
de miracles, avait été l’abbé. Ce furent les portes de ce monastère qui s’ouvrirent
devant l’ambassadeur de Milan et ses compagnons.
    Ils y
trouvèrent le Grand Bâtard Antoine qui venait juste de descendre de cheval et
qui, sans plus de façons, sauta au cou de Panigarola pour l’embrasser :
    – Sire
ambassadeur, vous direz à votre maître que je lui ai grande reconnaissance.
Sans ce superbe coursier qu’il m’a donné, je laissais la vie à Morat. Sa
rapidité m’a sauvé...
    – Votre
valeur aussi, monseigneur. Êtes-vous seul ici ? Je croyais que le duc
avait décidé d’y venir ?
    – C’était
son idée en effet mais il en a changé. Apprenant que la duchesse de Savoie s’était
réfugiée avec ses enfants dans son château de Gex, il s’y est rendu avec le
sire de Givry et messire Olivier de La Marche pour convaincre Mme Yolande de le
suivre en Bourgogne.
    – En
Bourgogne ? Pour quoi faire ?
    – Je
crois qu’il tient à s’assurer de sa fidélité. -Ah ! ... Et... comment
est-il ?
    – Tout
furieux. Il ne décolère pas. Il jure qu’avant peu il aura réuni une armée de
cent cinquante mille hommes pour fondre sur les Cantons et les ravager de fond
en comble... Je crains, ajouta Antoine de Bourgogne avec tristesse que sa
raison ne soit atteinte...
    – Non,
monseigneur... mais il rêve ! Il n’a jamais cessé de rêver. D’empire d’abord,
puis de l’antique royaume lotharingien. Et c’est ce rêve qu’il poursuit à
travers la haine que lui inspirent les Suisses. Fasse Dieu que le réveil final
ne soit pas trop cruel ! Sait-on combien d’hommes ont été perdus ?
    – Vous
voulez dire massacrés ? Plusieurs milliers parmi lesquels Jean de
Luxembourg, Somerset et la majeure partie des archers anglais. Galeotto qui a
résisté aussi longtemps qu’il a pu devant la tente ducale a réussi à percer
avec deux compagnies et à fuir. Ajoutez à cela que, cette fois encore, les
Suisses ont fait main basse sur tout notre camp et sur notre artillerie neuve,
comme à Grandson. C’est un désastre, pire encore que le premier...
    – Puis-je
demander quels sont vos ordres à présent, monseigneur ? Attendrez-vous le
duc ici ?
    – Non.
Je pars demain pour Salins afin d’y rallier les survivants de Morat. S’il y en
a ! ... Il m’y rejoindra. Voulez-vous faire route avec moi ?
    – Avec
plaisir si mes compagnes ne sont pas trop épuisées.
     
    Pendant
ce temps, dans la maison des hôtes où elles avaient été conduites dès l’entrée
de l’abbaye, Léonarde, à l’aide de chandelle fondue, soignait son séant pas
encore habitué à ces galopades éperdues à califourchon mais sans pour autant
cesser de bougonner et de vouer Démétrios à tous les feux de l’enfer. Elle n’avait
pas décoléré depuis que Fiora lui avait raconté son entrevue avec le Grec.
    – Il
faut que ce vieux fou ait perdu l’esprit ! Je ne vous ai jamais caché ce
que je pense de la vengeance et, en dépit de cela, je vous ai laissée faire.
Grâce à Dieu, il ne vous a pas été accordé de salir vos mains...
    – Mes
mains sont sales, Léonarde. J’ai tué un homme.
    – C’était
lui ou vous et cela fait la différence. Mais aller froidement empoisonner, ou
poignarder ou étrangler un être vivant, j’étais bien certaine que vous ne le
feriez jamais.
    – J’aurais
poignardé du

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