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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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été
plongée : l’accouchement dans la cave où du Hamel l’avait séquestrée après
l’avoir cruellement frappée quand son état était devenu visible, la naissance d’un
petit garçon qu’on lui avait arraché et froidement étranglé sous ses yeux...
    C’était
alors l’époque où du Hamel avait été nommé à Dijon. Il en avait profité pour
réduire son train de maison à deux valets ; deux frères qui avaient su
gagner son entière confiance à défaut de plus amples gages et il avait emmené
Marguerite enfermée dans une litière à rideaux hermétiquement clos, qui
contenait aussi la plupart des bagages et ne s’était ouverte que de nuit,
devant la maison de la rue du Lacet. La malheureuse enfant avait été alors
enchaînée dans la cave, pour la nuit tout au moins car, le jour, elle
travaillait dans la maison, mal nourrie, maltraitée souvent. Seul, le gros
valet Claude lui témoignait quelque compassion quand du Hamel n’était pas au
logis. Il lui apportait un peu de nourriture, du vin aussi dont il lui avait
donné le goût, mais il lui faisait payer ses bienfaits de la seule monnaie que
la pauvre enfant eût à sa disposition. Fort heureusement, ces infâmes et brèves
étreintes n’avaient jamais eu de conséquences extrêmes.
    En
dépit de cette aide intéressée, Marguerite s’affaiblissait et, surtout,
désespérait. L’envie de vivre – si l’on pouvait appeler cela vivre ! – l’avait
quittée et elle en était venue à souhaiter ardemment une fin prochaine quand le
secours, enfin, lui fut porte-Elle allait bien mieux à présent. Les forces lui
revenaient et ses joues reprenaient couleur mais elle ressemblait plus à un
être mécaniquement animé qu’à une femme naturellement vivante. A ses sauveurs,
elle montrait beaucoup de reconnaissance mais elle ne semblait guère s’intéresser
à l’avenir. Elle était douce, plutôt silencieuse, bien que l’usage de la parole
lui fût revenu tout à fait. Avec elle, Fiora avait l’impression de se trouver
en présence d’une ombre...
    – J’ai
bien peur, dit Léonarde, que son âme ne s’en soit allée avec celle de son
enfant... Peut-être lui reviendrait-elle si quelqu’un lui apportait beaucoup,
beaucoup d’amour ? Nous n’avons à lui offrir quant à nous que de l’amitié.
    Arrêtée
au bord du chemin qui suivait le cours de la rivière, Fiora songeait à tout
cela. Le château, il est vrai, n’avait pas un air très engageant avec ses
murailles noircies par le temps. Marguerite n’allait-elle pas troquer un cachot
contre un autre genre de prison ? Fiora se détourna pour apercevoir la
jeune femme restée un peu en retrait avec Léonarde, profitant de l’arrêt pour s’isoler.
Elle lui avait dit qu’elle l’emmenait chez sa grand-mère en négligeant tout à
fait de parler du grand-père. Comment celui-ci accueillerait-il la fille de
Marie, la réprouvée, même née dans le mariage ? Cette sombre demeure à l’abord
hostile ne lui inspirait pas grande confiance.
    Davantage
par acquit de conscience que pour apaiser cette troublante suspicion, Fiora
héla un paysan qui, faux sur l’épaule, se dirigeait vers un champ.
    – C’est
bien Brévailles ?
    L’homme
ôta poliment le bonnet qui bâchait sa tête et approuva :
    – Sûr
que c’est Brévailles ! Mais... c’est-y qu’vous voudriez y aller ? ajouta-t-il
avec un intraduisible mélange d’inquiétude et de curiosité. N’entre pas qui
veut, vous savez ?
    – Pourtant,
je voudrais voir dame Madeleine. Je suppose qu’elle est chez elle ?
    – Où
qu’vous voulez qu’elle aille ? Elle sort jamais et, d’puis qu’ le seigneur
est malade, on voit plus personne qu’ l’intendant et une fille de cuisine qu’est
à peu près aussi causante qu’une carpe.
    – Il
est malade ? intervint Démétrios. A merveille ! Je suis précisément
médecin. Et de quoi souffre-t-il ?
    Le
paysan se gratta le crâne, fit un effort suprême et méritoire de réflexion et,
finalement, hocha la tête avec une moue significative :
    – J’crois
ben qu’personne en sait rien par ici. Quand on d’mande des nouvelles, on vous
répond qu’y va pas mieux. En tous les cas, médecin ou pas, ça m’étonnerait ben
qu’on vous ouvre.
    – Pourquoi ?
demanda Fiora.
    – Parc’qu’on
n’ouvre jamais à personne : ni moine, ni mendiant, ni baladin, ni voyageur
attardé... C’t’une mauvaise maison qu’celle où on n’donne pas

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