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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’entre pas ! A son tour, Démétrios prit la parole :
    – Il
le faudra bien pourtant. Allez dire à la dame de Brévailles que son gendre,
messire Regnault du Hamel, est mort et que nous lui amenons céans damoiselle
Marguerite, sa petite-fille !
    Sur
son chemin de ronde, l’homme parut hésiter un instant sur ce qu’il convenait de
faire puis, finalement, cria :
    – Je
vais voir ! Et il disparut...
    L’attente
qui suivit parut interminable. Campée sur son cheval qui grattait la terre d’un
sabot impatient, Fiora allait prier Esteban de sonner une troisième fois quand
une sorte de grondement se fit entendre à l’intérieur du château et lentement,
lentement, le grand pont-levis s’abaissa vers eux tandis que la herse se
relevait en grinçant.
    – Eh
bien, allons ! fit Démétrios avec un soupir qui semblait monter de la
terre tant il était profond. Fiora lui sourit :
    – Tu
vois que nous avons réussi à entrer ?
    – Espérons
seulement que nous sortirons aussi aisément. Ce castel ressemble comme un frère
à une prison.
    L’intérieur,
cependant, était plus aimable. En pénétrant dans la cour dont le haut donjon
occupait le centre, les voyageurs virent qu’un logis de deux étages, éclairé
par de belles fenêtres à meneaux sculptés, dont les plus hautes s’ornaient de
gables fleuronnés, était adossé à la muraille donnant sur la rivière. Un perron
de trois marches y menait sur lequel un vieil homme tout vêtu de noir se tenait
debout dans une attitude pleine de dignité.
    Les
nouveaux arrivants mirent pied à terre, laissant leurs brides aux mains d’un
valet d’écurie. De toute évidence, leur venue constituait un événement de
taille et, près des cuisines, trois servantes les regardaient avec des mines
effarées en frottant leurs mains à leur tablier. Un gamin qui poursuivait des
poules accourut et resta planté là, un doigt dans la bouche, en contemplation
muette.
    Fiora
avait tiré son voile sur son visage autant que le permettait la bienséance,
néanmoins ce fut elle que le vieux serviteur regarda d’abord :
    – Pouvons-nous
voir la dame de céans ? s’enquit-elle doucement. Voici sa petite-fille,
damoiselle Marguerite, que nous nous sommes chargés d’amener jusqu’à elle...
    Le
vieillard salua en homme qui sait son monde mais il redemanda :
    – Me
direz-vous enfin qui vous êtes ?
    – Nos
noms ne vous diront rien, intervint Démétrios, car nous sommes des voyageurs
étrangers et seul le hasard nous a permis d’apporter une aide à damoiselle
Marguerite, que voici. Cette jeune dame, ajouta-t-il en désignant Fiora qu’une
émotion soudaine étreignait au moment de pénétrer dans cette maison qui avait
vu grandir ses jeunes parents et s’éveiller leur passion fatale, cette jeune
dame est une noble florentine, donna Fiora Beltrami, et voici dame Léonarde
Mercet, sa gouvernante. Quant à moi, je me nomme Démétrios Lascaris, prince et
médecin, et je viens de Byzance.
    Le
vieux serviteur approuva de la tête et fit signe aux arrivants de le suivre
dans un bel escalier de pierre parfaitement entretenu et qui menait à une
grande salle où, entre une cheminée sans feu et une étroite fenêtre donnant sur
la rivière, une dame en deuil était assise dans une grande chaise à bras, un
chapelet entre les doigts. Elle avait dû être très belle et gardait quelque
reflet de cette beauté passée mais, sous la haute coiffe noire, ses cheveux et
son visage étaient d’une blancheur diaphane. Le bord de ses yeux était rougi
par trop de larmes. Elles avaient décoloré les prunelles dont le bleu ne se
percevait plus guère. L’expression habituelle de ce visage devait être
empreinte de tristesse et cependant, à cet instant, il semblait animé par un
rayon de lumière. Elle se leva pour accueillir ses visiteurs et Fiora s’aperçut
qu’elle était presque aussi grande qu’elle-même... et qu’elle tremblait comme
une feuille, bouleversée par une émotion qu’elle ne parvenait pas à dominer.
    – On
me dit, fit-elle d’une voix émue dont la douceur frappa Fiora, que ma petite-fille,
Marguerite, se trouve parmi vous ? ... Mais comment est-ce possible ?
... Voici des années que je ne sais plus rien d’elle. J’avais même fini par la
croire morte...
    – C’est
sans doute ce que souhaitait son père, dit Démétrios de sa belle voix grave, mais,
à présent, messire du Hamel n’est plus. Il est mort il y a maintenant

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