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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vers les Ponts-de-Cé, t’auront abandonnée
sur la route.
    – Pourquoi m’auraient-ils abandonnée,
moi
, et emmené Edmond ? dit alors Lise en regardant
le baron en face. Car s’ils nous avaient abandonnés ensemble, on
nous aurait trouvés ensemble…
    « J’ai dit que j’avais quelques
renseignements à vous demander. Déjà vous m’avez appris quel
costume je portais lorsque Barrot m’emporta… Écoutez moi, monsieur.
Vous m’avez dit que j’ai été ramassée à la Héronnière par les
assassins de Barrot. Or, c’est à la croisée des routes que j’ai été
trouvée par mon pauvre père Frémont… Vous m’avez dit que je portais
une robe blanche, un manteau blanc avec capuche et rubans de soie
bleue, et que Barrot n’avait pas songé à changer mon costume. Or,
maman Madeleine m’a montré bien souvent la petite jupe noire, les
bas de laine noire et le grand fichu de laine dont j’étais couverte
quand je fus trouvée…
    Un flot de sang monta au visage du baron
d’Anguerrand. Ses yeux s’injectèrent. Il retomba sur sa chaise en
essayant de défaire son col. Il râlait. Mais il eut la force de
murmurer :
    – Folie, mon enfant ! Ma pauvre
petite Valentine !… Ta raison s’égare… tes souvenirs te
trompent !…
    – Supposez une chose, dit Lise. Qu’une
autre enfant que
Valentine d’Anguerrand
, dans cette même
nuit de Noël, sur cette même route des Ponts-de-Cé, ait été
perdue.
    – Folie ! râla de baron dont le
visage de pourpre qu’il était, devenait violet.
    – Supposez, continua Lise les yeux perdus
dans le vague comme s’ils se fussent fixés à une vision…, supposez,
tenez, que Jeanne Mareil… après son mensonge… ait appris la mort de
Louis de Damart… Supposez qu’un hasard, une fatalité, si vous
voulez, l’ait conduite à Angers en même temps que Barrot…supposez
même qu’elle ait aperçu Barrot et qu’elle se soit crue poursuivie…
supposez-la s’élançant au hasard vers les Ponts-de-Cé.… supposez
enfin qu’elle ait été attaquée comme Barrot, ou même, simplement,
qu’elle se soit évanouie… supposez enfin que, pour une raison
quelconque, elle est séparée de la petite fille qu’elle tient dans
ses bras… La petite fille est ramassée par des métayers… ils
l’élèvent…, elle vient à Paris…, elle vous rencontre… vous êtes
convaincu que c’est votre enfant… et vous avez devant vous la sœur
d’Adeline, la fille de Damart… la fille de Jeanne
Mareil !…
    À ces mots, Lise releva les yeux sur le baron
d’Anguerrand. Elle le vit chanceler, se cramponner un instant au
dossier de la chaise, puis s’affaisser lourdement, les veines des
tempes saillantes, les lèvres presque noires, les joues marbrées de
taches bleuâtres.
    Lise, épouvantée, s’élança au dehors.
    Le jour commençait à poindre. À cent pas du
pavillon, deux ou trois boutiques s’ouvraient. Elle courut à la
première et vit une femme qui rangeait à l’étalage des légumes
qu’un homme tirait de divers paniers.
    – Un médecin ! dit Lise en entrant
dans la boutique. Je vous en prie, y a-t-il un médecin dans les
environs ?
    La fruitière, digne et bonne femme, demeura un
instant interloquée.
    – Un médecin ? Connais-tu un médecin
par ici, François ?
    – Je vous en supplie, il y va de la vie
d’un homme ! Si monsieur veut aller chercher un médecin ;
il sera récompensé, soyez-en certaine…
    – J’y vais, dit le fruitier. Pour où
est-ce ?…
    – Le pavillon… là… sur la droite…
    – Ah ! bon !
    Lise voulut s’élancer pour retourner au
pavillon. Mais la fruitière avait empli deux verres d’un liquide
qu’elle assura être du vulnéraire.
    – Madame… je vous en prie… murmura
doucement Lise en essayant de se retirer.
    – Laissez donc !… Tenez, je vois ce
qui est arrivé ! Une scène de jalousie, hein ?… et votre
mari, le pauvre chéri, s’est trouvé mal ?… Tenez, je vais vous
accompagner… une femme d’âge et d’expérience, ça vaut mieux qu’un
médecin dans ces cas-là… Fifine !… Où est-elle donc,
fainéante !… Prenez mon bras… Et votre vulnéraire ?
Non ? Vous avez tort (elle vida le verre de Lise après avoir
lampé le sien) Eh bien ! puisque vous le voulez absolument, je
vous accompagne. Toi, Fifine, surveille la boutique, j’en ai pour
deux minutes.
    Et, laissant en effet la fruiterie à la garde
de la nommée Fifine, qui venait de surgir tout

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