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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’itinéraire exact de Barrot jusqu’à Angers, et
j’aurais pu dire heure par heure ce qu’il avait fait…, mais ces
détails sont inutiles…
    Lise tressaillit. Elle parut hésiter quelques
instants. Son front se couvrit d’un rouge de fièvre. Puis,
brusquement, d’une voix tremblante, elle prononça ces
paroles :
    – C’est maintenant, au contraire, que
votre récit prend pour moi un intérêt poignant. Je vous en supplie,
dites-moi tout, même ce qui vous paraît inutile…, rappelez-vous
tous les détails de vos recherches…
    – Oh ! dit amèrement le baron, ce
n’est pas la mémoire qui me manque ! Plût au ciel que j’eusse
pu oublier ! Mais je n’ai rien oublié… rien !
    Il y eut entre Lise et Hubert d’Anguerrand
quelques minutes d’un silence plein d’angoisses mystérieuses.

Chapitre 39 LA NUIT DE NÖEL
    – Monsieur, dit Lise avec une résolution
soudaine, vous m’avez dit que vous aviez pu suivre mes
traces
jusque sur la route des Ponts-de-Cé. Voulez-vous me
permettre une question,
maintenant
 ? Jusqu’à quel
point de la route, exactement, avez-vous suivi mes
traces ?
    – C’est bien facile, et tu dois connaître
l’endroit, puisque tu as été élevée dans le pays ; les traces
s’arrêtèrent à la Héronnière, à trois kilomètres des Ponts-de-Cé.
Tu connais ce lieu, n’est-ce pas ?
    – Oui, dit Lise d’une voix faible comme
un souffle.
    Et en même temps, elle songea :
    « L’enfant qui fut ramassée à la
Héronnière, ce n’est pas moi puisque, moi, mon pauvre vieux père
Frémont m’a trouvée à la croisée des routes ! La fille du
baron d’Anguerrand, c’est Marie Charmant !…
    – Laisse-moi te raconter les choses dans
l’ordre, et tu verras, reprit le baron. Je t’ai dit que mes
premières recherches durèrent huit jours. Hélas ! elles
devaient durer des années !… Le huitième jour, je fus rejoint
à Angers par un serviteur qui, après m’avoir inutilement cherché à
Paris, était revenu et s’était mis à ma poursuite. Ce fut ainsi que
j’appris la mort de ta mère. Cette nouvelle, toute terrible qu’elle
était, glissa pour ainsi dire sur moi. C’est à peine si, après un
débat avec moi-même, je consentis à me rendre au château, le corps
de ta mère ayant été provisoirement déposé dans la chapelle.
J’assistai comme dans un rêve à l’enterrement. Je m’impatientais
des retards, des longueurs de la cérémonie. Je t’ai dit que ma tête
n’était plus à moi, et que je retrouvais ma lucidité seulement pour
combiner des recherches. Dans la même journée, je fus de retour à
Angers, dans la misérable auberge où j’avais la dernière piste de
Barrot. Jusque-là, j’avais reconstitué les marches et contremarches
de Barrot. Mais, à cette auberge, je fus au pied d’un mur
infranchissable. Il me fut impossible de savoir autre chose, sinon
ceci : que l’homme signalé par moi, après avoir passé deux
jours dans l’auberge, s’était mis en route avec les deux enfants la
veille de Noël. Et comme l’hôte avait insisté pour le retenir en
lui montrant la neige qui tombait, Barrot avait répondu en riant
qu’il voulait assister à la messe de minuit… De quel côté avait-il
pris ? Par quelle route était-il sorti de la ville ? Il
me fut impossible de le savoir ! Je fouillai la ville. Cela
dura jusqu’au 5 janvier.
    « Le 5 janvier au matin, l’un des
émissaires que j’avais lancés… il y en avait une quinzaine… – vint
me trouver et, à brûle-pourpoint, m’annonça qu’il avait découvert
Barrot. Je tombai comme assommé sur le coup, mais je revins
promptement à moi. Alors l’homme me dit qu’en désespoir de
recherches, il avait eu l’idée d’aller compulser la liste des
malades en traitement à l’hôpital et qu’il avait vu le nom de
Barrot… Dix minutes plus tard, j’étais à l’hôpital. C’était
lui ! Mais Barrot n’était pas seulement malade : il était
blessé. Il avait la tête emmaillotée de linges, et je sus qu’il
avait le crâne ouvert. Je sus aussi qu’il avait deux autres
blessures sur le corps et quantité d’ecchymoses. Sûrement Barrot
avait dû soutenir une lutte désespérée contre des assaillants
nombreux. Je sus enfin que, sur les trois blessures principales,
celle du crâne était mortelle et que rien ne pouvait le sauver. Je
m’approchai de son lit, je lui parlai ; mais il ne me reconnut
pas… Alors je me fis raconter tout ce que

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