Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
malheureuse… bien
malheureuse !…
    – Donc, tu pensais envoyer à ton frère de
l’argent gagné par ta peau ?… Mieux vaut encore qu’il se fasse
voleur comme son père !…
    – Oui, dit lentement Magali en hochant la
tête. J’ai vu ça, moi aussi… J’ai là trois mandats de cent francs à
l’adresse de Mme Bamboche, trois lettres où je la priais de
veiller sur Ernest et de lui remettre l’argent peu à peu… Dix fois
j’ai été à la poste pour envoyer ces lettres… et je n’ai pas osé…
Tu vois… je ne suis peut-être pas si mauvaise que tu crois !…
Donc, papa, je voulais échapper à la misère, oui, c’est vrai, je le
voulais… Mais quand j’y pense, je vois bien que je voulais aussi me
venger de lui…
    – Qui ça, lui ?
    – De Robert !… Je voulais, je veux
encore qu’un jour il vienne se traîner à mes pieds. Tu ne connais
pas ces gens-là comme je commence à les connaître. Le marquis m’a
plantée là parce que je n’étais qu’une pauvre ouvrière. Quand il me
verra dans la soie, avec des brillants aux doigts, il viendra me
demander pardon… C’est là que je l’attends… Alors, papa, écoute… je
suis malheureuse, oui… je pleure la nuit peut-être plus souvent que
lorsque je me couchais sans manger, oui… mon cœur se brise de te
voir si triste, oui !… Mais, maintenant que c’est fait,
tue-moi si tu veux !… seulement, grue je suis, grue je
reste : il faut cela pour me venger…
    – Te venger de qui ? répéta
sourdement Pierre Gildas.
    – De lui ! de Robert !…
    – Te venger d’un mort ? Ah !
ça…
    – Il n’est pas mort ! Je te dis
qu’il n’est pas mort !…Je te dis qu’il guérira ! Je te
dis que je serai vengée ! Voyons, père, ne fais pas une mine
si malheureuse… Est-ce que tu trouves que je n’ai pas assez
souffert ?…
    – Tu dis que le marquis de Perles n’est
pas mort ?
    – J’en suis sûre…
    Pierre Gildas éclata de rire. Magali, qui déjà
s’avançait vers lui, recula épouvantée.
    – Adieu, Juliette dit Pierre Gildas.
    Il ne se retourna pas et sortit. Dans
l’antichambre, il trouva la soubrette qui lui ouvrit la porte
extérieure et il descendit en grognant :
    – Tiens, tiens…
il
n’est pas
mort ? Fameuse idée que ce jeune homme a eue de m’amener chez
ma fille !
    Sur les boulevards, il se mit à errer,
longtemps, d’un pas morne, égal, ruminant des choses qu’il avait
déjà ruminées en prison.
    Vers minuit, il se trouvait dans le faubourg
Montmartre, et alors il s’avisa de deux choses : la première,
c’est qu’il ne savait pas où aller coucher ; la deuxième,
c’est qu’il avait faim. Comme il songeait ainsi, l’estomac
tourmenté, la pensée de plus en plus noire, il aperçut une
devanture de boulangerie ouverte. Pierre Gildas se dit :
    – Je vais entrer là et demander un
morceau de pain. Tant pis !…
    Et pour ne pas se laisser le temps d’hésiter,
il marcha rapidement à la boulangerie et entra.
    – Allons, bon ! il n’y a
personne ! grogna-t-il.
    Une seconde, en ce rapide coup d’œil
instinctif des gens qui ne sont plus maîtres de leur pensée, il
inspecta les lieux. Et, tout à coup, il se pencha, se coucha
presque sur le marbre du comptoir…
    Sa main, sans trembler, sans hésiter, sans
tâtonner, trouva le tiroir et le tira… Cette main se plongea dans
le tiroir… Tout cela, depuis l’entrée de Pierre Gildas dans la
boulangerie, avait peut-être duré cinq ou six secondes…
    Il se revit dans la rue sans se demander, sans
savoir ce qui venait de se passer.
    Seulement, comme il avait fait une vingtaine
de pas déjà, et qu’il s’enfonçait dans la rue de Provence, derrière
lui il entendit un tumulte et des cris effarés de gens
criant : « Au voleur ! » Puis les clameurs
s’éteignirent, personne ne courait après lui…
    Pierre Gildas continua son chemin de son même
pas égal et morne. Sa main, au fond de sa poche, se crispait sur
des choses… Il ne savait pas trop sur quoi…
    Il marcha longtemps. D’instinct, il se
dirigeait vers la Seine, pour chercher un abri sous quelque pont.
Parfois il grommelait des mots qui traduisaient sa
préoccupation…
    – Il n’est pas mort… ça, c’est une
veine !… Et ce qu’il y a de fameux dans cette affaire-là,
c’est que c’est ma fille qui me l’apprend…
    Il y avait plus de deux heures qu’il avait
quitté le faubourg Montmartre, et il se trouvait à l’entrée du

Weitere Kostenlose Bücher