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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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jarrets, puis se
détendant d’un élan, il atteignit la crête du mur de ses deux
mains… À la force des poignets, il se hissa… Lorsqu’il fut sur le
mur, il vit que les rôdeurs avaient dit la vérité : la
cuisine, au rez-de-chaussée, était éclairée. Derrière les rideaux,
Pierre Gildas voyait l’ombre des deux femmes qui allaient et
venaient. Il hésita un instant, puis, tout à coup, se laissa
glisser du haut du mur.
    Il était dans le jardin… En deux minutes, il
eut atteint la fenêtre de la cuisine et se mit à marcher le long de
la maison. Il dépassa deux fenêtres du rez-de-chaussée, fermées. À
la troisième qu’il rencontra, il s’arrêta et eut un rire
silencieux : la fenêtre était entr’ouverte…
    Pierre Gildas sauta sur le rebord. L’instant
d’après, il se trouvait dans l’intérieur de la villa…
    *
* * * *
    Le marquis de Perles était couché. Il lisait,
la petite lampe à abat-jour sur la table de nuit où se trouvait
également une potion calmante. Mais depuis quelques minutes, il
avait laissé tomber le livre, et ses yeux s’étaient fermés. Il ne
dormait pas encore, mais il se trouvait dans l’état
d’engourdissement qui précède le sommeil.
    À ce moment, Pierre Gildas fit un pas. Ce
mouvement suffit pour réveiller le marquis qui étendit le bras vers
le tiroir de sa table de nuit où se trouvait un revolver. D’un
bond, l’assassin fut sur lui, et abattit sa main sur le bras.
    Le marquis se renversa sur ses oreillers et
murmura :
    – Cent mille francs pour toi et autant
pour ta fille, si tu me …
    Il n’eut pas le temps d’achever. La fin de sa
parole expira dans une sorte de grognement sourd… Il se raidit, ses
mains s’accrochèrent sur les draps, ses jambes, une minute,
tremblèrent, agitées de violentes secousses, puis il se tint
immobile.
    Pierre Gildas, penché sur lui, se releva alors
lentement, et, se reculant, contempla la funèbre vision.
    Le marquis de Perles était étendu, livide, les
lèvres crispées par le sourire de la mort, la chemise rougie par
une large tache de sang.
    L’assassin tenait à la main le couteau dont il
avait frappé la victime.
    Le geste avait été foudroyant… Pierre Gildas
n’avait frappé qu’un seul coup, et c’était fini…
    Sur le visage tourmenté de l’assassin, une
sorte d’apaisement se faisait.

Chapitre 49 LES LOCATAIRES DE CHAMP-MARIE
    Il faut nous transporter à la Morgue, dans
cette nuit où l’agent Finot faillit s’emparer de Jean Nib et de
Rose-de-Corail, à cet instant où Jean Nib, voyant s’entr’ouvrir la
porte de la Morgue, pénétrait dans le hideux monument, sombre asile
de la mort anonyme. Jean Nib ne se demanda pas comment cette porte
s’était ouverte, quel macchabée se levant de sa funèbre couche de
marbre, lui offrait un refuge. Il vivait une de ces minutes de vie
exorbitée où l’imagination admet comme naturelles les visions du
rêve. Il entra, voilà tout. Rose-de-Corail dans ses bras, le genou
appuyé sur la porte, penché en avant, haletant, il écouta ce qui se
passait au dehors. Il entendit le rapide colloque des policiers. Il
entendit les ordres brefs de Finot. Il entendit que toute la bande
se dispersait pour cerner Notre-Dame d’un coup de filet et aboutir
au parvis. Puis, il n’y eut plus rien que le silence de la Morgue,
où, seule., la mèche du falot accroché dans un angle jetait parfois
une faible crépitation. Vingt longues minutes s’écoulèrent. Pendant
ce laps de temps, Jean Nib demeura immobile et sans souffle,
Rose-de-Corail dans ses bras. Elle ne bougeait pas. Seulement, elle
avait fermé les yeux pour ne plus voir, ne plus comprendre,
horrifiée jusqu’au fond de l’âme, ne vivant plus que par l’étreinte
passionnée dont elle encerclait le cou de son homme. Enfin, Jean
Nib la déposa sur le sol, poussa un rauque soupir :
    – C’est fini… ils sont partis… n’aie plus
peur…
    – Je n’ai pas eu peur, mon Jean…
    Alors, ils regardèrent autour d’eux, de ce
long regard frissonnant qu’on a devant les spectacles d’horreur. Et
Rose-de-Corail, serrée contre lui, leva son bras, tendit le doigt
vers les deux dalles où l’homme égorgé, la femme noyée dormaient
leur mystérieux sommeil.
    – Maintenant, j’ai peur ! fit-elle
dans un souffle glacé.
    – La Morgue ! reprit Jean Nib dans
un frémissement de tout son être.
    Ses yeux se fixèrent sur les deux cadavres que
désignait le doigt raide de Rose-de-Corail,

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