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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lumière
d’ineffable joie, un rayon de soleil illuminèrent le front pâli de
la petite Lise…
    – Mon père est l’homme inexorable. Pour
le mal qu’il m’a fait, je le hais. Si c’est un crime de haïr son
père, je revendique ce crime. Sais-tu ce que fit mon père,
Lise ? Il me dénonça… et tu as vu les agents se saisir de moi
à l’instant où j’entrais dans la gloire de la félicité… Lise, je me
révoltai contre le malheur ! Lise, je luttai contre les gens
qui se saisissaient de moi ! Je me sauvai !… Et alors,
écoute… sais-tu ce que je fis ? J’osai, oui, j’osai jeter un
regard sur ta pauvre dot, ma bien-aimée… Ces billets de banque
fourrés dans ma poche par maman Madeleine, je crus qu’ils étaient
un talisman sauveur… La tête perdue, je courus chez l’homme que
j’avais volé, je jetai les cinquante mille francs sur son bureau et
lui me jura de retirer sa plainte… Dès lors, je redevenais un homme
comme un autre… Lise, dis-moi si j’ai eu tort !…
    – Ô mon Georges, murmura-t-elle d’une
voix oppressée, qu’importe ce que tu as fait de cet argent ?
Il était à toi, puisque j’étais à toi tout entière…
    Gérard, après ces paroles de Lise, demeura
quelques instants pensif… Peut-être ne comprenait-il pas. Peut-être
cette âme de ténèbres s’effarait-elle de cette lumière comme les
oiseaux de nuit s’effarent de l’éclat du jour.
    – Ma première pensée, alors, fut de
revenir près de toi. Insensé ! Que n’ai-je suivi cette
inspiration ? Lise, pardonne-moi : je doutai, non pas de
ton amour et de ton pardon, mais de ton courage devant la misère.
Je tremblai à la pensée que je ne pouvais t’offrir qu’une vie de
pauvreté hideuse…
    – La pauvreté, la misère avec toi,
Georges, c’était l’opulence… Mais tu as bien fait de douter… Moi,
j’eusse tout subi. Mais toi, mon bien-aimé, toi, habitué au luxe,
avec tes instincts de grandeur… j’eusse trop pleuré de te voir
pauvre, et j’eusse été une triste compagne de ta vie… Tu as bien
fait de douter, Georges…
    Pour la première fois depuis qu’il connaissait
Lise, Gérard sentit qu’à son amour se juxtaposait un sentiment
nouveau qu’il ne connaissait pas encore le sentiment du respect,
montant peu à peu à la vénération.
    Alors il comprit aussi qu’il venait une fois
de plus de se tromper. Et que ses mensonges étaient misérables
parce qu’ils étaient inutiles. Jamais comme dans cette minute il
n’eut conscience de sa bassesse.
    Il était trop tard. Il fallait continuer dans
la même voie tortueuse…
    – Lise, dit-il, tu me brises le cœur.
Mais puisque j’ai commencé, j’irai jusqu’au bout… Je partis pour
Prospoder. Et c’est alors que je t’écrivis, certain de revenir au
bout de quelques jours. Je demandai cent mille francs à mon père.
Il refusa. Je me traînai à ses genoux. Il refusa. La fureur
s’empara de moi, et je levai la main sur lui… Lise, ô Lise,
connais-moi tout entier si je ne fus point parricide de fait, je le
fus en pensée ! Et pourtant, peut-être n’étais-je pas tout à
fait perverti, car je ne frappai pas… Une autre se chargea, à ma
place, de consommer le crime… Adeline !… Et lorsque, fou de
douleur… car je croyais mon père mort et je sentais alors que je
l’aimais toujours… lorsque je demandai à cette femme pourquoi elle
avait tué le baron, elle me répondit qu’elle avait ses raisons…
Mais cette femme ne se contenta pas du crime qu’elle avait commis.
Elle prit ses dispositions pour me donner toutes les apparences
d’un complice. Et, un jour, elle me dit : « Ou vous
m’épouserez, ou je vous dénonce pour crime de parricide… »
Pourtant, Lise, j’eusse résisté s’il m’était resté un espoir de me
rapprocher de toi. Mais cet espoir était détruit. Écoute :
dans la scène affreuse que j’eus à Prospoder avec mon père, il me
parla de mon frère Edmond, de ma sœur Valentine… il me raconta
comment tu avais été perdue… Je rapprochai son récit de ce que m’a
dit de ton enfance notre maman Madeleine, et j’en vins à conclure
que Valentine c’était toi ! que j’aimais ma propre sœur !
Lise, tu ne sauras jamais ce que j’ai souffert. Pendant quelques
mois, je fus comme un fou… Adeline profita de cet affaiblissement
passager de ma raison pour me conduire à Paris et organiser le
mariage qui eut lieu… Maintenant, tu sais tout, reprit Gérard. Que
dois-je

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