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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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jusqu’à
après-demain.
    – Jusqu’à après-demain, soit.
    Le surlendemain, Ségalens annonça à son hôte
qu’il lui avait trouvé dans Paris un logis où, en toute sûreté, il
pourrait attendre quelques jours. Il lui proposa de l’emmener. Le
soir donc, vers neuf heures, ils descendirent tous deux. Il était
prés de dix heures lorsqu’ils arrivèrent rue du Helder. Au coup de
sonnette, une soubrette ouvrit et fit la grimace en apercevant
Pierre Gildas.
    Puis, se ravisant, comme frappée par une idée
soudaine :
    – C’est l’homme qu’attend Madame ?
demanda-t-elle à Ségalens.
    – Précisément, ma belle enfant.
    – Madame est absente et va rentrer dans
une heure ; mais elle m’a laissé des ordres ; elle a
attendu toute la journée… Si Monsieur veut entrer avec cet
homme ?
    Quelques minutes plus tard, Pierre Gildas
était installé dans un assez vaste cabinet qu’un étroit couloir
séparait du reste de l’appartement.
    – C’est bien, ici… j’y respire, au moins.
Là-bas, j’étouffais… Dire que je n’aurais eu qu’un étage à
descendre pour revoir le logement où j’ai été si heureux avec mes
gosses…
    Il s’assit sur une chaise. Longtemps, il
rêva.
    Au bout d’un moment, la porte s’ouvrit et la
soubrette reparut.
    – Madame est rentrée, dit-elle. Si
Monsieur veut me suivre…
    Pierre Gildas suivit la femme de chambre
jusqu’au salon, où elle le laissa en disant :
    – Madame va venir dans un instant…
    Il entendit la porte du salon s’ouvrir, et se
retourna.
    Et il vit sa fille…
    Magali s’était arrêtée, très pâle…
Brusquement, il releva la tête, plissa les yeux et
gronda :
    – Qu’est-ce que tu fous là,
toi ?…
    – Papa !… balbutia Magali.
    – Je ne te demande pas tout ça ! Je
te demande qu’est-ce que tu fous ici, dans ces meubles de grue,
dans cette toilette de grue, dans cette turne de grue…
    Magali s’avança vers lui. Vaguement, elle
tendit les bras, murmura :
    – Papa… Mon pauvre papa…
    Et elle éclata en sanglots. Pierre Gildas,
hébété, la regardait pleurer sans frémir ; il voyait ses yeux
se gonfler et rougir, ce joli visage délicat se boursoufler comme
gonflé par la rosée des larmes, et, sans colère, sans pitié,
s’étonnait seulement de se retrouver face à face avec sa fille.
    À bout de forces, Magali s’était assise, et
maintenant, la figure dans les deux mains, toute secouée de
sanglots, elle expliquait son malheur :
    – Il le fallait bien. Lorsque tu as été
arrêté, d’abord, dans le quartier, tout le monde nous a refusé le
crédit… Fils et fille de voleur, voilà ce qu’on nous disait. Bien
sûr, papa, on ne le disait pas comme ça, et même on avait l’air de
nous plaindre. Mais chacun se gardait contre nous, comme si nous
devions tout emporter dès que nous mettions les pieds quelque part.
Dans la rue, les gens qui nous connaissaient passaient sur l’autre
trottoir et faisaient semblant de ne pas nous voir. Je passais les
nuits à pleurer. Plus de crédit. Souvent, on s’est couché sans
manger. Ensuite, voilà que ma patronne me donne ma quinzaine en me
disant de ne plus revenir. Je lui demande pourquoi puisque j’étais
une des meilleures de l’atelier. Elle me répond que je dois
comprendre, et qu’elle ne veut pas que ses ouvrières tournent mal,
et qu’elle est une honnête femme, elle… Alors, j’ai compris.
    La pauvre fille s’arrêta. Les sanglots
l’étouffaient.
    – Alors, continua Pierre Gildas avec un
rire plus navrant que les larmes de sa fille, alors tu t’es faite
grue. À la bonne heure ! Je n’aurais pas trouvé ça tout seul,
moi ! Dis donc que t’avais le vice dans le sang, gronda-t-il
tout à coup. Pour te faire mal tourner, toi, il n’a fallu qu’un
signe du premier richard qui t’a trouvée à son goût. Mais ça ne me
regarde plus il a reçu son compte celui-là !
    – Tu veux parler du marquis de
Perles ? dit Magali en redressant soudain la tête. Oui. Il a
été puni, celui-là, puisqu’il a failli être tué… Je l’ai aimé, je
te le jure, papa… Je ne croyais pas faire mal en l’aimant… Mais je
te jure aussi que je l’ai bien haï, et que je le haïrai jusqu’à ma
mort… Tu veux savoir pourquoi je suis devenue ce que je suis ?
Il y a eu la misère, oui. Il y a eu que je voulais trouver de
l’argent coûte que coûte pour mon frère…
    – Malheureuse ! gronda Pierre
Gildas.
    – Oui ! oh oui,

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