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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pont
Royal, lorsqu’il s’arrêta avec un geste d’impatience et il
grogna :
    – Ah ça ! qu’est-ce que j’ai donc
dans ma poche ?…
    Il sortit ce qu’il avait dans sa poche :
trois chiffons de papier et des ronds de métal.
    Les trois papiers, c’étaient deux billets de
cent francs et un de cinquante ; les ronds de métal, c’étaient
des pièces de vingt sous et douze sous ; en tout, trois cent
trente-sept francs et douze sous.
    Pierre Gildas compta cette fortune à la lueur
d’un bec de gaz.
    Quand il eut fini de compter, il demeura une
heure debout à la même place, avec l’argent dans sa main, ne
sentant ni le froid, ni la faim, ni le vent de la Seine qui lui
cinglait la figure. À la fin, il murmura :
    – C’est ce que j’ai volé chez la
boulangère.
    Tranquillement, il remit l’argent dans sa
poche.
    Une heure plus tard Pierre Gildas, dans une
des ruelles avoisinantes, pénétrait chez un de ces nombreux
fripiers qui vendent au plus juste prix toutes les défroques
possibles, depuis la cotte de travail jusqu’à l’habit de soirée,
depuis la veste du garçon de café jusqu’au dolman de l’officier.
Lorsqu’il en sortit, il était proprement vêtu d’un costume
d’employé, dans la poche du veston, il y avait un solide couteau
trapu.
    Et alors, il prit le chemin de Neuilly.
    Au bout de quelques jours, Pierre Gildas
connaissait les habitudes de la villa des Perles. Il savait les
heures où venait le médecin, le moment où la cuisinière allait aux
approvisionnements. Le personnel domestique était nombreux, la
maison bien gardée : il reconnut l’impossibilité de s’y
introduire.
    Mais Pierre Gildas n’était pas pressé.
D’ailleurs, il n’entrait pas dans son plan de frapper l’homme chez
lui. Et peut-être n’avait-il pas de plan du tout. Il surveillait,
il guettait.
    Peu à peu, il remarqua que les visites du
médecin s’espaçaient de plus en plus.
    – Il est en bonne voie de guérison,
songeait-il.
    Tout à coup, il y eut un bouleversement dans
la villa : les domestiques partirent. Seul le valet de chambre
était resté, avec la cuisinière et une fille de service.
    Dès lors, les idées de Pierre Gildas se
précisèrent. Il modifia ses habitudes.
    Un soir, derrière la propriété, Pierre Gildas
s’assit sur une pierre, les yeux fixés sur ce mur derrière lequel
vivait l’homme qu’il voulait tuer.
    Non loin de là, coulait la Seine. Des souffles
tièdes passaient dans l’atmosphère. Le ciel était noir, tendu d’un
immense vélum de nuées.
    – Ce qu’il y a de mieux, disait Pierre
Gildas, c’est d’attendre qu’il sorte. Le voilà guéri. Les larbins
sont partis. Dans deux ou trois jours au plus, il sortira. Je puis
faire deux choses. Ou bien je puis pénétrer dans le jardin, et
alors…
    À ce moment, deux ombres apparurent.
    C’étaient deux hommes. Ils marchaient sans
hâte et se dirigeaient vers Pierre Gildas. Il se renfonça.
    Ils se rapprochaient. Deux promeneurs
nocturnes, peut-être. Ils semblaient paisibles. Mais parfois, ils
s’arrêtaient. Puis ils reprenaient leur marche, causant à voix
basse. D’inoffensifs promeneurs, sûrement…
    Tout à coup l’un d’eux s’adossa au mur de la
villa ; l’autre, brusquement, lui sauta sur les épaules, se
hissa jusqu’à la crête du mur et, demeura là deux minutes.
    Puis il sauta à terre.
    – Je te dis que le moment est bon :
le valet de chambre est à Paris : il n’y a plus que les deux
femmes et le patron blessé. Il faut faire le coup cette nuît…
    – Oui, répondit l’autre, mais attendons
une heure encore… la cuisine est éclairée.
    – Une heure, soit… Filons, on reviendra
au bon moment…
    – Qu’est-ce que vous faites là,
vous ? gronda Pierre Gildas en se levant tout à coup.
    Les deux hommes, une seconde, demeurèrent
immobiles et muets de stupeur… Puis, d’un même mouvement, ils
bondirent en arrière. Quelques instants, Pierre Gildas entendit le
bruit de leur fuite précipitée, puis tout retomba en silence.
    – Il ne manquerait plus que ça, qu’on me
le tue ! gronda-t-il.
    Brusquement, il sortit son couteau et
l’ouvrit. Au milieu du chemin, les yeux agrandis fouillant la nuit,
le couteau au poing, les traits contractés, il attendit, immobile,
dix longues minutes…
    Ses yeux se fixèrent sur le mur où tout à
l’heure les deux rôdeurs s’étaient appuyés. Il remit tranquillement
son couteau dans sa poche, et, pliant sur les

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