Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
a-t-y
pas bazardé une boîte de couverts en argent ? Ça vaut trois
mille balles que vous avez dit…
    – Oui, mon garçon, fit doucement Tricot.
Et les trois mille francs, je vous les remettrai quand vous
sortirez d’ici, comme de juste. Car, ici, ça ne vous servirait à
rien. L’argent est tout prêt ; moitié pour chacun.
    Cette facilité épouvanta Zizi qui, dès lors,
comprit que Tricot était résolu à les faire
disparaître
.
    Quant à La Merluche, il s’était redressé,
l’oreille tendue. La perspective des quinze cents francs lui
faisait oublier le reste, et même la juste colère de son père
l’agent.
    – Allons, dit Tricot en se dirigeant vers
la porte, soyez sages ; peut-être que ce soir on vous ramènera
à vos père et mère…
    Parole effroyable, que le bandit receleur
prononça d’un air de grande douceur.
    Zizi l’arrêta par le bras.
    – M’sieu Tricot, j’ai quelque chose à
vous demander…
    – Demande, mon garçon, je suis ici pour
vous servir, pas pour autre chose.
    – Eh bien ! écoutez. Le pain, c’est
bon. L’eau, c’est excellent. Mais à la longue, ça devient
fastidieux. Est-ce qu’y aurait pas moyen de changer un peu
l’ordinaire ? Tenez, j’vas vous proposer un marché… Vous nous
devez trois mille balles, n’est-ce pas ?
    – Certainement. Et après ?
    – Eh bien ! je vous achète pour
trois mille francs de frites.
    Tricot cessa de sourire et se demanda où le
gamin voulait en venir.
    – Ah ! mais non ! s’écria La
Merluche.
    – Pose ta chique, toi ! dit Zizi.
M’sieu Tricot, écoutez-moi. L’argent, on saurait pas quoi en faire.
On risque trop, voyez-vous. Tandis que des frites… y a pas de mal à
bouffer des frites ; c’est pas défendu ; c’est pas dans
la loi, ou du moins ça y est pas encore… Eh bien !
voilà : vous nous apporteriez un sac de pommes de terre…
    – Mais puisqu’on s’en va ce soir, qu’on
t’dit ! grinça La Merluche.
    – Et si j’veux pas m’en aller,
moi !… s’écria Zizi, qui fut certainement admirable en cette
occasion. On est bien ici ! M’sieu Tricot veut me garder un
mois, ça me botte, vu que la rousse est à mes trousses et que je
serai nulle part aussi bien caché qu’ici !
    Tricot tressaillit et commença à entrevoir
qu’il pourrait peut-être se défaire de ses deux prisonniers sans en
venir à de dangereuses extrémités. La Merluche se lamentait. Zizi
s’essuyait le front. Car ses dernières paroles constituaient une de
ces trouvailles géniales qu’inspire seul le désespoir, et la sueur
inondait son visage.
    – Donc, reprit-il, pour trois mille
balles, vous nous aboulez un sac de pommes de terre, une poêle, un
bon kilo de friture bien blanche et de quoi faire du feu.
J’oubliais : je veux aussi un paquet de cartes. Avec des
frites et des cartes, je reste un an, si vous voulez !… Ça
va-t-y ?
    – Ça va ! dit Tricot.
    Le bandit était persuadé maintenant que Zizi
parlait en toute sincérité. Il se retira en songeant :
    « Pour celui-là, ça va tout seul. Jamais
il ne dira un mot. Mais l’autre m’inquiète. Il est plus fouinard.
Tant pis pour lui S’il faut saigner, je saigne… mais j’aimerais
autant que ça s’arrange à la douce. » Une demi-heure plus
tard, Zizi et La Merluche se trouvaient munis de tout ce qu’il faut
pour faire des frites et pour faire du feu ; de plus, ils
avaient un paquet de cartes ; en outre, Tricot leur avait
apporté deux litres de vin que Zizi avait reçus avec des
acclamations enthousiastes, tandis que La Merluche
grognait :
    – C’est égal, c’est un peu chéro, tout de
même !
    Sans se préoccuper des lamentations de son
camarade, Zizi allumait le feu dans la cheminée, et
songeait :
    – Maintenant, Tricot est sûr que j’pense
pas plus à m’esbigner qu’à m’fiche à l’eau. Avant qu’il se décide
tout à fait à nous estourbir, il se passera bien une quinzaine…
D’ici quinze jours, j’aurai trouvé le moyen de filer, ou je n’suis
qu’une gourde comme Merluchard !…
    Bientôt les frites furent prêtes, et les deux
compères s’attablèrent, oubliant sincèrement l’un les idées qui le
tourmentaient, l’autre les suites désastreuses de l’aventure.
    – Épatant ! disait Zizi.
    – Jamais j’en ai mangé d’pareilles !
ajoutait La Merluche.
    Ce repas, qui était pour eux le comble de la
bonne chère, ayant été dignement couronné par un verre de vin, ils
se mirent

Weitere Kostenlose Bücher