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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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commissaire
Lambourne, le juge d’instruction apposait partout les scellés.
    *
* * * *
    La Veuve avait été transportée au Dépôt, et
mise aussitôt à l’infirmerie. On pensa d’abord que, semblable à
beaucoup de criminelles, au moment de l’arrestation, elle simulait
l’évanouissement de la crise de nerfs ; les moyens ordinaires
auxquels on eut recours pour l’obliger à renoncer à son jeu
échouèrent successivement ; alors on pensa que, vraiment
évanouie, elle ne tarderait pas à revenir à elle. Au bout de trois
heures, comme la syncope se prolongeait et que l’accusée pouvait
mourir et échapper ainsi à la vindicte légale, on alla chercher le
médecin du Dépôt, qui, étant arrivé vers cinq heures du matin,
employa toutes les ressources de son art à ranimer la
criminelle.
    Il fut enfin assez heureux pour y
parvenir.
    La Veuve ouvrit les yeux.
    Alors, bien qu’il fût cuirassé depuis
longtemps contre le frisson de la douleur physique par son état de
médecin, et contre celui de la douleur morale par son état spécial
de médecin du Dépôt, bien qu’il eût vu et analysé toutes les formes
que peut prendre la souffrance humaine, ce médecin ne put
s’empêcher de frémir.
    À ce moment, l’accusée, brisant enfin les
derniers liens de la prostration, parvint, par un violent effort, à
se soulever et à saisir le bras du médecin ; en même temps,
elle essaya d’articuler quelques mots.
    – Vous voulez parler ?… Mais, ma
pauvre femme, je ne suis ni juge ni agent, moi… je suis le médecin…
Allons, calmez-vous…
    L’effort de La Veuve devint effrayant. Ses
yeux s’exorbitèrent. Son visage ruissela de sueur.
    Et enfin, distinctement, elle prononça ces
mots qui étonnèrent le médecin, mais qui, pour elle, avaient un
sens si effroyable :
    – L’heure !… je veux savoir…
l’heure !…
    – Délire !… murmura le médecin.
Voyons, tranquillisez-vous… qu’importe l’heure ?…
    – Oh. !… oh !… reprit-elle dans
un gémissement si lugubre que l’homme en frémit jusqu’aux
entrailles ; l’heure !… pourvu qu’il… ne soit pas… quatre
heures…
    Quatre heures !
    L’heure où Biribi, ne voyant pas revenir La
Veuve, devait
suriner
la malheureuse Lise !…
    Comme dans tous les phénomènes de syncope, La
Veuve croyait n’avoir perdu connaissance que quelques minutes
seulement.
    Il était à ce moment six heures du
matin !…
    C’est-à-dire que depuis deux heures, les eaux
du canal devaient être refermées sur le cadavre de Lise…
    Le médecin, en présence de la question qu’il
jugea bizarre, voulut naturellement abonder dans le même sens que
lui indiquait le délire de la malheureuse.
    Tirant sa montre, il répondit :
    – Non, non… tranquillisez-vous…, il n’est
pas quatre heures… à peine trois heures…
    Ce fut un véritable hurlement de joie qui
s’échappa des lèvres de La Veuve. Son visage, instantanément, prit
une expression de bonheur qui épouvanta le médecin ; les
larmes fusèrent de ses yeux…
    Elle joignit les mains avec force et
prononça :
    – Vite !… vite !… On la
sauvera !…
    – De quoi est-il question ? demanda
le médecin, qui comprit soudain que l’accusée avait toute sa
présence d’esprit et qu’il s’agissait d’une révélation.
    En même temps, il alla ouvrir la porte de la
cellule, et fit entrer un agent de la Sûreté qui attendait là.
    – Je crois que cette femme veut
parler…
    L’agent entra précipitamment, se pencha sur La
Veuve, et grogna :
    – Vous avez du nouveau à dire ?…
Faut-il appeler le chef ?…
    – Non, non ! pas de temps à perdre…
Courez !… Saint-Denis… Au delà de Saint-Denis, à l’endroit où
la grande route coupe la ligne du Nord… là, à quatre heures un
homme doit tuer !… tuer ma fille !… entendez-vous ?
Entends-tu, misérable ! ma fille ! ma fille !…
Oh ! le misérable ! ma fille ! ma fille !…
Oh ! le misérable il ne bouge pas !… il ne court
pas !… Ma fille, te dis-je ! Et il est déjà trois
heures !…
    – Bon ! bon, j’y cours !
répondit l’agent sur un signe du médecin.
    – Oh ! le brave homme
d’agent !… On peut me tuer maintenant !… Toute ma
fortune, je te la lègue ! cria La Veuve qui retomba sur son
lit, brisée, pleurant et criant, baisant éperdument les mains du
médecin qu’elle avait saisies.
    Elle bégayait parmi ses hoquets :
    – Ils arriveront, dites ?…

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