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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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à jouer aux cartes.
    – À quoi qu’on va jouer ? demanda la
Merluche.
    – À
bataille
, pardi ! C’est
l’jeu le plus rupin ; et d’ailleurs, j’en connais pas d’autre.
Et toi ?
    – Moi non plus… Et puis, c’est amusant,
presque autant que le bouchon et les billes.
    C’est ainsi que s’écoulèrent deux ou trois
jours. La Merluche et Zizi jouaient aux cartes et mangeaient des
frites. La Merluche commençait à concevoir une existence où il
passerait le temps à jouer à
bataille
et à éplucher des
pommes de terre. D’abord, sa paresse invétérée y trouvait son
compte. Et puis, cela l’éloignait du moment fatal où il se
retrouverait en présence de son père, et que ce moment fût reculé
jusqu’à des époques vagues et lointaines, c’était tout ce qu’il
pouvait souhaiter de mieux.
    Cependant, Zizi réfléchissait.
    Convaincu que Tricot était résolu à un crime,
il dissimulait sa terreur et cherchait activement un moyen de se
sauver et de sauver en même temps les deux prisonnières.
    Rose-de-Corail et Marie Charmant étaient-elles
encore dans la maison ?
    – Oui ! songeait Zizi… À moins qu’on
ne les ait tuées…
    À cette pensée, il se sentait pâlir, et
c’était au tour de La Merluche de lui demander :
    – Quoi que t’as ? De quoi
t’plains-tu ? Allons, viens faire une partie de
bataille
.
    Un soir qu’il ventait fort au dehors et que
les bourrasques de printemps agitaient les volets que Tricot, par
prudence, avait encloués, La Merluche venait d’éplucher les pommes
de terre, ce qui, deux fois par jour, était sa besogne spéciale.
Une fois que tout fut prêt, il se mit en devoir d’allumer le feu,
et s’agenouilla devant la cheminée pour y disposer des brindilles
de bois.
    – Ça va pas prendre, ce soir,
grogna-t-il, déjà inquiet sur le sort de son dîner.
    – Pourquoi ça, gourde ? dit Zizi
qui, les mains dans les poches, le regardait faire.
    – À cause du vent, donc ! Ça descend
par c’te cheminée de malheur. T’entends pas ?…
    La Merluche approchait une allumette enflammée
des brindilles. Mais, à ce moment, Zizi se précipita à genoux près
de lui et éteignit l’allumette. La Merluche le vit tout pâle et
comme rayonnant.
    – Quoi qu’y a ? fit-il,
terrifié.
    – Y a qu’j’ai trouvé !
    – Trouvé quoi ? T’es
maboul ?…
    Mais déjà Zizi n’écoutait plus. Fébrilement,
il se mettait à plat ventre et s’introduisait dans le coffre de la
cheminée. Un instant plus tard, il se relevait, et, à la
stupéfaction de La Merluche, se mettait à exécuter une grande danse
échevelée.
    Lorsqu’il eut ainsi satisfait à la joie qui
l’agitait, il serra les deux mains de La Merluche, ahuri.
    – On va s’trotter, dit-il. Tu comprends
donc pas ? T’es donc encore plus bête que j’croyais ? Tu
vois pas que Tricot a pensé à tout, excepté à la
cheminée ?…
    – La cheminée ?
    – Oui, gourde ! On va attendre qu’y
fasse noir, et puis on va s’enfiler là dedans comme des petits
ramoneurs, et une fois sur le toit nous sommes sauvés.
Comprends-tu, maintenant ?
    Les deux copains attendirent la nuit avec
impatience, tremblant maintenant que Tricot n’eût l’idée de leur
faire une petite visite. Une heure ou deux s’écoulèrent dans ces
transes. Enfin Zizi murmura :
    – Allons-y, mon vieux Merluchot. En avant
pour l’évasion !
    Zizi, sans plus s’attarder aux bagatelles de
la porte, comme il disait, s’introduisit aussitôt dans la cheminée
et commença à grimper. Sans être périlleuse, l’ascension était loin
d’être aisée. Si maigre et fluet qu’il fût, Zizi se trouvait fort à
l’étroit dans ce boyau qui, d’ailleurs, semblait se rétrécir de
plus en plus. La respiration devenait difficile, mais cela
n’empêchait pas le voyou de crier, en haletant quelque
peu :
    – Dis donc, Merluchard, j’ai trouvé ma
vraie vocation. J’aurais dû me mettre dans les ramonas. C’est
épatant c’qu’on est bien là dedans, tu vas voir… J’comprends
maintenant pourquoi que Latude il a passé trente-cinq ans de sa vie
à s’évader, sans compter qu’y r’commence encore au théâtre
Montmartre. Y s’embête pas, non !
    Tout en exhalant ses réflexions que d’ailleurs
Julot n’entendait pas ; tout en s’écorchant aux épaules, aux
mains, aux genoux, Zizi gagnait en hauteur. Finalement, après un
vigoureux effort pour passer les épaules, il émergea à

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