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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bordure de trottoir – un de ces
vieux fiacres à galerie comme il ne s’en trouve plus, à Paris – et
le jeune homme disait, non sans une pointe de vanité :
    – Cocher, rue de Babylone ! À
l’hôtel du baron Gérard d’Anguerrand !…
    – Tiens ! songea La Veuve en
tressaillant, il va où je vais !…
    – Je ne marche pas ! répondit le
cocher, sorte de brute trapue et massive à mâchoire de dogue.
Cocotte a les arpions nickelés, pour l’instant.
    – Mon cher ami, fit Ségalens, vous êtes
bien mal élevé…
    – De quoi ? de quoi ? On est
retenu, quoi ! Ce n’est pas toi, peut-être, qui va
m’apprendre…
    – Sang Dieu ! interrompit Ségalens,
si vous n’êtes pas sage, je puis toujours vous apprendre la danse
et le maintien à la façon de mon pays…
    – Et moi, je vais te donner une leçon de
savate à la façon de Biribi, mon ami ! vociféra le cocher – ou
le faux cocher, car cet homme semblait porter la houppelande
traditionnelle comme un déguisement.
    Aussitôt, sautant de son siège, il se rua sur
le jeune homme.
    Au même instant, le colosse roula sur la
chaussée en poussant un hurlement de rage et de douleur : un
formidable coup de poing venait de l’atteindre en plein visage et
lui avait à demi démoli une mâchoire sans qu’il eût eu le temps de
voir d’où cela lui tombait.
    – Monsieur est servi ! fit en
souriant Ségalens qui, après le geste foudroyant de son poing,
reprenait son attitude la plus élégante et remettait son monocle en
place.
    – Mince de gnon ! glapit la voix
vinaigrée d’un gamin qui, les deux mains dans les poches, assistait
à cette scène.
    – J’aurai ta peau ! gronda Biribi en
se relevant.
    Déjà il se fouillait, ouvrait son couteau, et,
livide de fureur, marchait sur Ségalens, lorsqu’il s’arrêta
court : entre Ségalens et lui, une ombre s’interposait, façon
de fantôme : La Veuve !
    – Eh bien ! cocher, dit-elle
tranquillement, je crois que vous me faites attendre.
    Tiens !… madame Louis XIV, songea
Ségalens.
    En même temps, La Veuve fit de la main un
signe imperceptible qui, pour un observateur de cette scène, eût
été un geste quelconque, mais qui dut sans doute exercer un
mystérieux pouvoir sur le faux cocher, car celui-ci, d’un violent
effort, parut se dompter, et gronda :
    – Voilà, bourgeoise, on y va !…
    Anatole Ségalens, assez étonné d’avoir vu si
soudainement et si étrangement s’apaiser la fureur de cet homme,
poursuivit son chemin, non toutefois sans avoir gratifié son
adversaire d’un coup de chapeau qu’en lui-même il qualifia
grand genre
, terme un peu provincial, mais le jeune homme
avait une excuse : il était fraîchement débarqué de
Tarbes.
    *
* * * *
    Au moment où Ségalens s’éloignait, la même
voix de fausset qui avait salué son maître coup de poing d’une
exclamation admirative, reprit en exagérant encore
l’admiration :
    – Ben ! vous savez, m’sieu, je
voudrais pas me tamponner avec vos abatis, pas vrai, La
Merluche ? Mince de numérotage alors !
    Ségalens se retourna et aperçut deux gavroches
qui le contemplaient avec un respect non dissimulé.
    – Moi, j’ai raté ma vocation, continua de
sa voix traînante et faubourienne le plus petit des deux. J’aurais

me mettre
lutteur. J’ai un faible pour la lutte…
    Ségalens sourit au petit voyou qu’il lui
semblait avoir déjà parfois aperçu, et il s’éloigna.
    Puisque ces deux nouveau personnages viennent
de faire leur entrée en scène, suivons-les un instant, avant de
rejoindre Ségalens – ne fût-ce que pour les présenter au
lecteur.
    – Dis donc, Zizi-Panpan, dit celui des
deux qui n’avait pas encore parlé et qui répondait au nom de La
Merluche. Si qu’on irait à l’Ambigu, histoire de rigoler un
peu ?…
    – Pas mèche, mon vieux ! Bamboche,
qui nous fait entrer à l’œil au paradis, est au clou pour s’avoir
ivrogné sur la voie publique. Comme si la voie publique n’était pas
faite pour pouvoir s’ivrogner à son aise. À quoi qu’elle sert,
alors, la voie publique ? Et c’est ton père qui l’a
emballé ! Un joli coup qu’il a fait, ton paternel ! Sale
flic, va !…
    La Merluche, devant les reproches adressés à
son père, agent de la paix qui avait eu le tort d’arrêter le sieur
Bamboche, figurant à l’Ambigu, La Merluche, disons-nous, baissa la
tête avec tous les signes du repentir et de l’humiliation.
    C’était un

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