Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
longtemps
que je vivrai – et si loin que j’aille dans le voyage que
j’entreprends, il m’est doux de partir en vous disant que ma pensée
dernière sera pour vous. J’espère que vous me pardonnerez d’écrire
ce que vous m’avez défendu de vous dire, puisque nous ne devons
plus jamais nous revoir… si vous recevez ce mot.
    Votre voisin.
    ANATOLE SÉGALENS »
    Ayant cacheté la lettre, Ségalens se coucha et
dormit de bon cœur jusqu’à cinq heures du matin. Il fit une
toilette soignée en murmurant :
    – C’est aujourd’hui ou jamais le cas de
paraître

    Alors il prit les lettres qu’il avait écrites
et sortit.
    Avant de sortir de la maison, il frappa au
carreau de la concierge qui s’habillait pour sa besogne
journalière.
    – Madame Bamboche, si je ne suis pas
rentré d’ici ce soir, voulez-vous avoir l’obligeance de mettre à la
poste ces lettres et de remettre celle-ci à ma voisine ?
    – La bouquetière ?…
    – Oui, madame : c’est pour une
commande chez un de mes amis.
    – Très bien, monsieur Ségalens.
    Une heure plus tard, Ségalens arrivait chez
Max Pontaives qui, avec une charmante délicatesse, s’était
substitué à son client pour tous les détails de l’opération et les
dépenses. Bientôt arrivèrent le deuxième témoin et le médecin.
    À six heures, on roula vers
Neuilly-Saint-James.
    – Où nous battons-nous ? avait
simplement demandé Ségalens.
    – Dans une propriété que j’ai à Neuilly,
répondit Pontaives.
    À sept heures, la voiture s’arrêta devant la
grille d’un élégant pavillon. La rencontre était pour huit
heures.
    Derrière le pavillon, c’était une vaste
pelouse au milieu d’un jardin clos de murs.
    –Voilà un bien joli cadre pour une passe
d’armes, dit Ségalens. Mais qu’est ceci ? Pourquoi ces
gens ?…
    – Le public, répondit Pontaives.
    De minute en minute, les voitures arrivaient
et débarquaient devant la grille laissée ouverte des gens qui, peu
à peu, se tassaient dans le jardin et prenaient leurs places comme
à un spectacle ; bientôt ils furent une trentaine, bientôt
cent : journalistes, habitués de salles d’armes, le Tout-Paris
de ces premières sensationnelles où nul ne connaît le dénouement du
drame qui va se jouer, spectateurs plus avides de se montrer et
d’être vus que de curiosité professionnelle ou de maladive émotion,
et parmi lesquels rôde peut-être ce personnage invisible qu’est la
Mort.
    Ségalens fut étonné, mais garda son étonnement
pour lui.
    – Une mode, reprit Max Pontaives ;
elle passera, comme tant d’autres ; en attendant, il faut vous
y soumettre ; votre adversaire a lancé deux cents cartes
d’invitation… Vous aurez un beau public.
    – Après tout, fit Ségalens, dont le sang
s’échauffait, la coutume ne manque pas d’allure, et l’idée de
M. de Perles d’envoyer des invitations me séduit tout à
fait.
    – Voici vos adversaires, dit tout à coup
Pontaives. Je vous quitte un instant…
    – Un mot, fit Ségalens. Je vous suis
inconnu pour vous et vous me traitez en ami ; comment
pourrai-je vous remercier ?
    – En m’accordant votre amitié.
    Là-dessus Pontaives sortit pour courir
au-devant de ses hôtes.
    Robert de Perles, à ce moment, descendait de
son coupé avec Gérard d’Anguerrand, son premier témoin.
    Une minute plus tard, les quatre témoins se
retrouvaient sur la pelouse, et, marchant à la rencontre les uns
des autres, se saluaient gravement.
    Quelques instants après, Ségalens apparaissait
en tenue de combat ; puis ce fut Robert de Perles lui-même,
très froid, saluant l’assemblée d’un sourire imperceptible.
    Les témoins tirèrent les épées au sort.
    Pendant cette opération, deux hommes, perdus
dans la foule des spectateurs et engoncés dans le col de leurs
pardessus, dévoraient des yeux Gérard d’Anguerrand, le premier
témoin du marquis de Perles.
    – Qu’en dis-tu ? demanda l’un d’une
voix si basse qu’à peine pouvait-on voir remuer ses lèvres.
    – Je dis que j’ai vu cette figure-là. Et
toi ?…
    – Moi, je dis que je veux perdre ma place
de brigadier si cet homme ne s’appelle pas Lilliers de son vrai
nom !
    – À moins qu’il ne s’appelle
Charlot ! fit l’autre.
    –L’agrippons-nous ?…
    – Pas de gaffe, mon camarade !
Suffira de pister le client. En attendant, n’oublions pas que nous
sommes à Neuilly pour étudier la localité qu’on doit déva1iser

Weitere Kostenlose Bücher