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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ce
soir.
    – La propriété du marquis de Perles… Eh
bien ! partageons-nous la besogne. Mois, je reste ici pour
garder le contact avec celui qui, peut-être s’appelle Charlot… Toi,
tu vas aller prendre des dispositions pour l’arrestation de la
bande dénoncée par La Veuve…
    À ce moment, Gérard venait de placer les
adversaires sur la piste, et, tenant dans ses doigts les deux
pointes des épées, prononçait :
    – Êtes-vous prêts, messieurs ?…
Allez, messieurs !…
    Les deux adversaires tombèrent en garde en
arrière. Dans la foule des spectateurs, le silence devint plus
profond. On ne connaissait pas Ségalens. Mais de Perles avait eu
dix duels
heureux
, et c’était l’un des plus redoutables
tireurs des salles de Paris. Fléchi sur les jambes, la poitrine
rentrée, la tête légèrement penchée en avant, la pointe basse pour
éviter les prises de fer, il offrait un frappant contraste avec
Ségalens qui, la pointe en ligne, le torse bombé en avant, la tête
droite cherchait à amorcer une attaque. Brusquement, sur un instant
d’imprudente immobilité de Ségalens, Robert s’empara de son fer par
un violent battement de quarte et tira à fond. Il y eut un
frémissement dans la foule, et Gérard, s’avançant vers Ségalens,
lui dit :
    – Vous êtes touché, monsieur !…
    Ségalens souriait ; d’un bond en arrière,
il avait évité la terrible attaque ; à l’interpellation de
Gérard, il répondit par un signe de tête négatif.
    – Alors, monsieur, reprit Gérard,
permettez-moi de regarder, pour dégager ma responsabilité.
    Ségalens entr’ouvrit sa chemise de
flanelle.
    Robert de Perles ne le regardait pas ou
feignait de ne pas le regarder ; en réalité, du coin de l’œil,
il surveillait ce groupe formé par Ségalens et Gérard d’Anguerrand,
et tous deux il les enveloppait dans le même jet de haine
enflammée. L’un d’eux était son adversaire, l’autre son témoin et
ami, mais il eût été impossible, à ce moment, de discerner auquel
des deux allait sa haine…
    – Pardieu, monsieur, dit Ségalens lorsque
Gérard eut terminé son inspection, je regrette pour vous que vous
ne m’ayez pas cru sur parole !
    Gérard se recula sans répondre et le combat
recommença.
    Cette fois Ségalens attaquait avec une fougue
si méthodique, dans un tel enveloppement des feintes serrées, des
contres vertigineux, que Robert se mit à reculer, la rage au cœur.
Très pâle, ramassé sur lui-même, il répondait, parait, les coups de
fer se succédaient, rapides, les attaques à fond venaient l’une sur
l’autre. Dans la foule, les visages se contractaient, l’émotion
grandissait, les deux adversaires étaient à cette limite extrême où
le combat va devenir corps à corps, où le premier coup porté sera
mortel, et Robert de Perles reculait, il semblait faiblir ;
déjà ses yeux s’égaraient, sa figure se convulsait… Ségalens se
ramassa pour le dernier coup droit que depuis quelques instants il
préparait avec une implacable méthode… Robert était perdu, la foule
haletait…
    – Trois minutes, messieurs ! cria
Gérard.
    Ségalens abaissa la pointe de son
épée :
    Robert de Perles était sauvé !… Sauvé par
Gérard d’Anguerrand qui, au moment terrible, venait d’arrêter net
le combat.
    – Sang-dieu ! ne put s’empêcher de
dire Ségalens, les minutes sont brèves à Paris !…
    En effet, Max Pontaives qui, à ce moment,
consultait son chronomètre, constata qu’il s’en fallait d’une
vingtaine de secondes que la reprise de trois minutes fixée au
procès-verbal fût accomplie.
    Au bout de deux minutes, le combat fut
repris ; cette fois, c’était Pontaives qui le dirigeait.
    – Avec moi, murmura-t-il à l’oreille de
Ségalens, les minutes seront chronométriques…
    – À la mode de Tarbes, fit Ségalens.
    — Vous n’avez plus que deux mètres derrière
vous ! glissait Gérard à de Perles.
    – C’est plus qu’il n’en faut pour prendre
ma revanche ! dit Robert avec un sourire livide.
    L’instant d’après, les épées se croisèrent, et
de Perles, attaquant par un formidable écrasement, bondit en
roulant un double contre de quarte sur lequel il se fendit à
fond.
    – Malédiction ! rugit-il en
lui-même.
    La pointe de son épée venait de se heurter à
la coquille de Ségalens, et Robert, ayant pris, une autre lame, se
remit en garde.
    Cette fois, les deux hommes se risquaient
davantage. De Perles préparait

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