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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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son grand coup, le coup terrible qui
le faisait roi des salles d’armes, et dans la foule, ceux qui
connaissaient ce tireur murmuraient en regardant
Ségalens :
    – Le pauvre garçon est perdu… le marquis
va le tuer… il y va de sa réputation entamée par sa reculade de
tout à l’heure…
    En effet, à ce moment, Robert de Perles
rompait d’un pas et semblait appeler, attirer son adversaire, d’un
sourire sinistre ; ses yeux, si froids d’ordinaire,
fulguraient… Ségalens bondit en avant ; c’était le moment
terrible ; devant le bond de Ségalens, le marquis, d’un seul
temps, se fond en arrière et jette le bras en avant ; à la
même seconde, il s’écrase sur le sol, s’appuyant à terre de la main
gauche, tandis que, de la main droite, il présente la pointe à
Ségalens lancé dans son bondissement…
    La foule, dans cette inappréciable seconde,
est demeurée silencieuse, mais de tous les yeux, c’est un véritable
cri d’angoisse qui jaillit… le malheureux jeune homme lancé sur le
fer de Robert va s’enferrer !…
    Et tout à coup, c’est un vaste soupir de
soulagement qui monte de toutes les poitrines ; par une
violente contraction musculaire, dans un mouvement de conservation
purement instinctif, Ségalens s’est arrêté en plein élan… arrêté à
deux centimètres de la pointe que lui tend Robert écrasé sur le
sol, dans sa manœuvre de traître… et aussitôt, à ce soupir de
soulagement succède un cri que cette fois nul ne peut retenir…
Emporté par son mouvement d’attaque, Ségalens, à l’instant précis
où il s’est arrêté, a tendu le bras, son épée a décrit une parade
de seconde qui chasse violemment l’épée ennemie, et par une riposte
foudroyante, sa pointe pénètre à fond dans l’épaule droite du
marquis !
    Tumulte, tourbillonnement dans la masse des
spectateurs ; on s’approche, on se penche, les médecins se
précipitent…
    À ce moment, Robert de Perles ouvre les yeux,
regarde autour de lui… et tout à coup ce regard atone de l’homme
qui va mourir s’emplit d’une épouvante sans nom ; ses yeux
s’ouvrent démesurément et se fixent dans un vertige d’horreur sur
quelque chose ou quelqu’un…
    Quelqu’un !…
    Un homme… un gueux… un être pâle et sombre,
misérablement vêtu d’un bourgeron bleu d’ouvrier sans travail, les
souliers boueux, un homme qui, appuyé sur un bâton, est entré dans
le jardin au moment où Robert de Perles préparait son dernier
coup !…
    Il s’est approché en frémissant comme s’il
avait le droit d’être là !…
    C’est sur cet homme que le regard vacillant du
blessé vient de se fixer…
    Et cet homme, c’est Pierre Gildas, le père de
Magali et de Zizi…
    Robert de Perles eut un râle que chacun
attribua à l’agonie et qui était un râle de terreur. Il se tordit
un instant sur le sol, puis il demeura immobile, les yeux
fermés…
    Alors, le père de Magali eut un mystérieux et
sombre sourire ; il se recula, se perdit dans la foule, sortit
de la villa, et, sans hâte, appuyé sur un bâton, prit le chemin de
Paris…
    Les médecins s’étaient agenouillés près du
marquis de Perles, découvraient le buste, auscultaient la poitrine,
visitaient la blessure…
    – Il est mort ! murmura l’un des
médecins dans l’affolement de la première minute.
    Et ce mot : « Mort ! »
courut de bouche en bouche ; toutes les têtes se
découvrirent…
    À ce moment, un homme s’approcha de Gérard
d’Anguerrand et dit :
    – Pardon, monsieur le baron : mon
maître est mort ?…
    Gérard reconnut le valet de chambre du marquis
et répondit :
    – Hélas ! oui, mon pauvre
Baptiste…
    – En ce cas, répondit le valet de
chambre, voici une lettre pour vous.
    Et Baptiste tendit à Gérard d’Anguerrand la
lettre que le marquis de Perles – l’amant d’Adeline ! – avait
écrite dans la nuit !…
    Gérard prit l’enveloppe, la considéra un
instant, puis, préoccupé des soins que lui imposait l’issue du duel
où il était premier témoin du mort, il mit la lettre dans sa
poche.
    À ce moment, le médecin de Ségalens étudiait
la blessure, grommelait entre ses dents :
    – Mort ? Cet homme n’est pas mort…
et même… et même, j’ai idée qu’il en reviendra !…
    *
* * * *
    Le blessé fut transporté dans sa propriété
(voisine, on s’en souvient, de celle de Pontaives). Non, il n’était
pas mort ! Une heure plus tard, lorsqu’il eut

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