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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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d’orbites. Certains dépassant du tas, je dus passer si près que mon nez frôla l’emplacement où le leur s’était trouvé autrefois. Que Dieu me pardonne, je sais que fut un temps ces ossements jaunâtres avaient été des hommes et des femmes, mais j’en tremblai de dégoût. Derrière moi, j’entendis au moins l’un des hommes d’armes avoir la nausée, et vraiment je n’aurais su l’en blâmer. Cela n’empestait pas la putréfaction (les os étant bien trop vieux pour cela), mais l’odeur pesante de la mort se dégageait toujours de ces cadavres tombant en poussière, qui constituaient un rappel bien trop saisissant de notre propre mortalité.
    J’ai entendu dire que certains peuples, dans les contrées lointaines, brûlent leurs morts. Ici l’Église l’interdit, mais pourtant cela semble être une pratique sensée, pour laquelle moi-même j’opterais volontiers. À condition, bien entendu, que je sois morte avant le début de l’embrasement.
    Je serrai fort la main de César, qui continua à avancer sans jamais chanceler. Quelle que soit la nature de ses propres peurs, il comprenait parfaitement les responsabilités qui incombent à un chef. Jamais il ne montrerait à ses hommes autre chose que courage et détermination. Il est donc juste de dire que si nous nous en sommes tous sortis c’est grâce à lui, qui nous mena en lieu sûr de l’autre côté.
    À peine étions-nous arrivés là où le passage s’élargissait de nouveau que nous stoppâmes tous de concert et, obéissant à l’instinct le plus vital, commençâmes à nous secouer frénétiquement. Je retins mon souffle, de peur d’inhaler davantage encore de poussière de mort.
    César nous laissa faire un instant, puis nous interrompit.
    — Allons-y, lança-t-il, et il continua dans le passage.
    Nous suivîmes, pour nous apercevoir rapidement que nous n’étions pas les seuls à avoir découvert la cité de la mort sous la basilique.
    Il paraît injustifié de dire que Rome est une ville où l’ordre ne règne pas, car dans certains cas il est on ne peut plus en évidence. Dites une parole malencontreuse au sujet de notre sainte Mère l’Église, par exemple, et préparez-vous à affronter le bûcher. Mais comme tant d’autres choses dans la vie, l’important est de parvenir à bien jauger les risques et les bénéfices à tirer de son action.
    De temps à autre, l’effort est fait de soumettre à l’impôt divers articles que les Romains considèrent comme essentiels au bien-être de l’homme. Ceux-ci sont principalement à ranger dans la catégorie des tissus luxueux, des vins fins, ou encore des denrées rares. Mais il est arrivé que le fromage soit assujetti à l’impôt, et je me souviens d’une fâcheuse tentative pour en créer un sur le blé.
    Tout cela pour en venir au fait que les Romains aspirent tous à connaître un bon contrebandier. Moi-même je ne fais pas exception à la règle. Cependant, je n’avais jamais réellement songé à la manière dont ils s’y prennent concrètement pour opérer. Manifestement, il leur faut un repaire dans lequel entreposer les marchandises avant de pouvoir les remettre aux clients. Après la traversée éprouvante de cette montagne d’ossements humains, nous nous retrouvâmes devant toute une série de pièces qui avaient été vidées de leurs décombres et protégées par des portes en fer visiblement en bon état. À l’intérieur nous aperçûmes des coffres, caisses et barils laissant présager de toutes sortes d’objets luxueux.
    — L’adresse est à retenir, lança César, un sourire vorace aux lèvres.
    — Les gens doivent bien gagner leur vie, le sermonnai-je.
    S’ils devaient obtenir le pouvoir suprême, il ne me restait plus qu’à espérer que les Borgia sauraient se contenir. L’espoir nous fait tous vivre, n’est-ce pas, même si l’on se fourvoie au final.
    À ce stade, nous étions restés suffisamment longtemps là-dessous pour que je commence à m’inquiéter de n’avoir vu toujours aucune preuve concrète du passage de Morozzi. Le temps filait. Je ne pus m’empêcher de me demander combien d’efforts nous allions encore devoir faire avant d’en conclure qu’ils étaient vains.
    J’étais sur le point de m’en ouvrir à César lorsque le passage tourna de nouveau. Juste après nous tombâmes sur une pièce qui, à l’instar des autres, avait été utilisée à des fins de contrebande, mais dans ce cas précis la chaîne attachée

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