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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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étroit descendant lentement mais régulièrement, jusqu’à ce qu’il s’élargisse tout à coup. À la lumière vacillante des torches, je vis des ouvertures en voûte dans les murs, des deux côtés, qui révélaient à chaque fois un petit espace rempli de décombres. Quelque chose dans cette scène me paraissait étrangement familier, et je m’arrêtai pour y réfléchir.
    — Où sommes-nous ? demanda César dans un murmure, ce qui semblait approprié en ces lieux.
    — Toujours sous la basilique, je crois…
    Dans le noir, avec pour seul éclairage une frêle flamme, j’avais perdu la notion de la distance que nous avions parcourue. Tentant de m’orienter, je plissai les yeux et regardai droit devant moi dans le passage, aussi loin que possible.
    — On dirait presque une rue, fis-je. Avec des échoppes de chaque côté, mais complètement enfouie sous le sol. Comment est-ce possible ?
    César se tenait suffisamment près de moi pour que je voie la sueur perler sur son front, en dépit de l’air frais.
    — Qui sait ? Et qui cela intéresse-t-il ? Tu crois toujours que Morozzi se trouve ici quelque part ?
    — S’il a enlevé un enfant, il doit le cacher jusqu’au moment de mettre à exécution son plan, quel qu’il soit. Les obsèques débutent dans quelques heures. À mon avis il n’attendra pas la fin pour passer à l’acte, mais il n’y a pas mieux qu’ici pour se cacher en attendant, non ?
    Il ne contesta pas mon raisonnement, mais fit tout de même observer ce dont j’étais moi-même en train de prendre conscience.
    — La basilique est immense. Si ce passage se prolongeait sur une grande partie de sa surface, il disposerait de centaines de cachettes, peut-être davantage.
    Et s’il se prolongeait plus loin encore, au-delà des limites de l’église, nous pourrions chercher pendant des jours sans jamais trouver trace de Morozzi.
    Plutôt que de me laisser aller à ces moroses pensées, je m’exclamai :
    — Il faut essayer. S’il est venu ici, nous trouverons sûrement un signe de sa présence.
    — Il serait aussi très facile de se perdre, remarqua César.
    Il disait vrai, indéniablement. Même avec les torches, il nous suffirait de prendre quelques tournants pour ne plus bien savoir comment retrouver notre chemin. Et si nous nous retrouvions piégés suffisamment longtemps pour que les torches s’éteignent…
    — Toi, là, ordonna César en pointant du doigt l’un de ses hommes. Dégaine ton épée et grave le signe de la croix sur le mur à ta droite tous les cinq mètres. Fais-la large et profonde pour que nous puissions la retrouver au toucher, si nécessaire. Si tu tiens à la vie, applique-toi. Compris ?
    Le jeune homme déglutit avec difficulté, puis acquiesça d’un signe de tête. Il tira son épée et se pressa de graver la première croix.
    Satisfait, César regarda vers le passage qui plongeait dans le noir. Sans hésiter, il déclara :
    — Allons-y, et que notre bon Seigneur nous protège.
    Au contraire de son père qui, j’en suis convaincue, était un véritable païen, César avait sincèrement la foi. Pourtant, il n’eut jamais la prétention d’adhérer strictement aux enseignements de la sainte Église, pas même lorsqu’il hérita de la calotte rouge de cardinal. Quant à celui à qui il songeait vraiment lorsqu’il invoquait la protection du Seigneur, je dirai seulement qu’il existe à Rome (et ailleurs) des lieux secrets, cachés sous terre, où reposent les images d’un jeune dieu guerrier dont on prétend qu’il serait né d’une mère vierge, aurait accompli des miracles et serait monté au Paradis dans un char doré. Je n’ai jamais entendu César prononcer son nom, mais je suis persuadée que dans son cœur, il le connaissait.
    Nous reprîmes notre chemin dans ces petits cercles de lumière entourés de toutes parts d’une obscurité impénétrable. J’étais soulagée de voir les torches continuer à brûler vigoureusement. Je ne sais l’expliquer, mais lorsqu’on allume une flamme dans un lieu où il n’y a pas suffisamment d’air, elle finit par s’éteindre. Heureusement, même aussi profondément sous terre, je sentais un léger souffle m’effleurer le visage, ce qui laissait à penser qu’il devait y avoir des ouvertures quelque part menant à la surface.
    Regardant le sol à mes pieds, je vis qu’il était recouvert de tourbillons de poussière qui avaient dû se former avec le temps. En me penchant, je me

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