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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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sombre.
    — Selon les prêtres, l’expulsion des Hébreux d’Espagne n’est que le dernier châtiment que Dieu leur inflige pour avoir tué le Christ.
    J’avais entendu dire cela, mais je n’aurais su me targuer de le comprendre. Les prêtres qui dirigeaient la messe au palazzo du Cardinal évoquaient rarement de telles questions. Dans leurs sermons, ils préféraient porter aux nues le bien-fondé de l’autorité et la nécessité d’y obéir. Toutefois, à l’occasion, il leur arrivait de mentionner, en passant presque, combien les juifs étaient à blâmer pour tous les maux de la terre car ils avaient tué Jésus-Christ, le Rédempteur de l’Humanité.
    Une fois, j’avais demandé à mon père pour quelle raison les juifs avaient agi ainsi, mais il s’était contenté de sourire tristement et de me rappeler que c’étaient des soldats romains qui se trouvaient au pied de la croix, non des juifs.
    Ainsi, se pouvait-il qu’en réalité ce fût Rome que l’on soit en train de punir ? Rome, sa sainte Église et son sempiternel cortège de princes et de palais ? D’hommes tels Rodrigo Borgia, qui rêvaient d’y régner ?
    Je chassai promptement ces pensées. C’était le genre même de questions auxquelles il valait mieux renoncer de répondre si l’on souhaitait rester en vie. Mais elles m’avaient tout de même troublée au point que je ne sentis pas la main qui se glissa furtivement par une fente de ma jupe pour atteindre la bourse contenant des pièces, mes clés et certains objets importants que je portais en dessous. N’eussé-je trébuché sur un pavé inégal à cet instant précis, le jeune voleur en train de me délester aurait fort bien pu s’esquiver.
    Mais au lieu de cela, je sentis une main contre ma cuisse et m’écriai d’instinct : « Au voleur ! »
    Le coupable tenta une sortie dans la foule mais Vittoro, en dépit de son âge, fut plus rapide. Sa main s’abattit violemment sur un cou crasseux.
    — Pas si vite ! (Le capitaine secoua durement la frêle créature en haillons qui se balançait à un mètre au-dessus du sol.) Tu croyais t’en tirer ?
    Chose incroyable, le garçon – qui n’avait pas l’air d’avoir plus de six ou sept ans mais était probablement beaucoup plus grand – ne fit aucun effort pour implorer notre clémence. Au contraire, il se mit à donner de féroces coups de pieds dans l’espoir d’atteindre le plus possible sa cible, tout en hurlant :
    — Bastardo ! Lâche-moi ! Lâche-moi !
    Vittoro leva sa main libre pour frapper l’enfant mais je lui saisis le bras.
    — Il ne vaut mieux pas, murmurai-je en inclinant la tête vers la foule qui s’était rassemblée.
    Le capitaine suivit mon regard et comprit. Personne parmi les Hébreux ne faisait de quelconque geste menaçant à notre égard, et ils tentaient encore moins de venir au secours du garçon. Mais la grande masse qu’ils formaient de toutes parts et leur observation silencieuse de la scène obligeaient à se demander comment ils réagiraient s’ils pensaient que le garçon risquait d’être arrêté, voire pire.
    — Ça ne nous aidera pas, continuai-je à voix toujours basse.
    Vittoro hocha la tête. Il remit le garçon sur ses pieds tout en empoignant fermement son bras fluet.
    — Comment t’appelles-tu ? demanda-t-il au jeune voleur.
    La réponse nous parvint sous la forme d’un amas de glaires d’une taille étonnante pour un si petit garçon, qui atterrit à exactement deux centimètres de la pointe des bottes de Vittoro.
    Le capitaine soupira et secoua la tête.
    — Qu’est-ce que c’est que ces manières ? Je t’ai parlé poliment.
    Il baissa les yeux vers le garçon qui, voyant que les choses ne se déroulaient pas comme il l’espérait, commençait à froncer les sourcils sous son air de bravade.
    — Mais peut-être que tu ne connais pas ton nom, suggéra Vittoro. Peut-être que tu ne connais pas ton père.
    — Ce n’est pas moi, le bâtard, rétorqua le garçon. C’est toi.
    — Eh non, répliqua Vittoro patiemment. Moi, je m’appelle Vittoro Romano. Cette dame se nomme Francesca Giordano. Et toi ?
    À contrecœur, le garçon lâcha :
    — Benjamin Albanesi.
    — Bien, dit Vittoro. Benjamin Albanesi, je vais te relâcher. Lorsque je le ferai, deux options s’offrent à toi. Tu peux partir en courant et en finir avec tout ça. Ou bien tu peux rester, nous aider à trouver le lieu que nous cherchons et gagner un sou en argent pour ta peine, au

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