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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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taquin, dont je savais par expérience qu’il signifiait « j’ai un secret que je brûle de te confier ».
    — La Bella a une surprise pour Papà , annonça-t-elle.
    J’aurais songé qu’apprendre à son amant de soixante et un ans qu’il allait de nouveau être père était suffisamment renversant comme cela, mais apparemment Giulia avait d’autres idées en réserve.
    — Une mascarade ! s’écria Lucrèce en tapant des mains. On a apporté des costumes, et depuis quelques jours on répète des scènes d’un romanzo . Les musiciens ont composé un morceau pour l’occasion, et on a même des décors. L’ensemble va être du plus bel effet !
    Je l’en assurai, tout en redoutant en mon for intérieur ce genre d’événement. J’avais hérité cette aversion de mon père, qui désapprouvait les soirées costumées car plus rien ne garantissait l’identité des personnes une fois déguisées et ne permettait de parer aux menaces potentielles. Par ailleurs, l’intérieur d’un masque est particulièrement indiqué pour y badigeonner du poison, qui pénétrera rapidement les membranes des yeux, du nez ou de la bouche, et…
    Toutes mes excuses. Mon intention n’est certainement pas de vous donner ce genre d’information. Grands dieux non ! De toute façon, mes sombres pensées ne pouvaient tempérer l’enthousiasme de Lucrèce. Me saisissant la main, elle m’entraîna pour aller aider à ceci et cela, lui faire répéter son texte, revoir ses pas de danse, ou encore inspecter le matériel qu’ils avaient l’intention d’utiliser. Je mis quelques heures à comprendre qu’elle détournait mon attention à dessein.
    — Tu es si triste ces derniers temps, expliqua-t-elle lorsque je lui demandai des explications. Je voulais seulement te changer les idées.
    — C’est très aimable à vous, répliquai-je, même si je ne la croyais pas tout à fait.
    Ce n’était pas que Lucrèce avait tendance à mentir ; elle était bien plus honnête que la plupart des individus dont j’ai croisé la route dans ma vie. Mais comme nous tous, il y avait parfois plus d’une raison à ses actes.
    Présentement, elle s’était mis en tête de me persuader de porter le costume qu’elle avait apporté pour moi.
    — Tu n’as pas le choix, insista-t-elle en me voyant protester. Tout le monde sera quelqu’un d’autre ce soir. Papà sera Jupiter, Giulia Vénus, bien sûr, et moi Diane. J’ai fait fabriquer un arc argenté des plus élégants. Toi, tu seras Minerve. J’ai même pensé à la chouette, mais ne t’inquiète pas, elle est en cage.
    Avoir été choisie pour représenter la déesse de la sagesse était suffisamment flatteur pour faire taire mes objections. Mais tout de même, je ne me sentais pas très à l’aise dans le chiton de lin fin relevé aux manches et ceinturé à la taille qu’elle me fit revêtir. Pour sûr, cette tenue était autrement plus confortable par cette chaleur que mes vêtements habituels, mais elle me laissait l’impression d’être quasiment nue.
    Toutefois, je ne vis aucun signe de gêne chez les autres lorsque nous nous rassemblâmes pour le dîner et les divertissements. Au contraire Borgia était l’incarnation même de l’aisance, dans sa toge ourlée de violet – qui semblait lui convenir bien mieux que la robe ecclésiastique. Il était en train de rire avec La Bella, qui, je dois le dire, faisait une Vénus tout à fait exquise. Son chiton était considérablement plus fin que le mien, à tel point que l’on voyait à travers les aréoles sombres de ses seins. Cela ne l’empêchait pas de le porter avec beaucoup d’assurance.
    Le spectacle se passa à merveille, et à la fin tout le monde applaudit chaleureusement les acteurs devant les efforts déployés, avant de les féliciter de vive voix. Même les domestiques (eux aussi déguisés) avaient l’air de passer du bon temps. Je dois avouer que je craignais de voir la fête se transformer en une orgie comme, à en croire la rumeur, le Cardinal les affectionnait. Mais eu égard à la présence de sa fille encore vierge, peut-être, nous n’eûmes pas droit aux danseuses nues et autres distractions de la sorte.
    J’étais même en train de commencer à me détendre et à m’amuser lorsque, du coin de l’œil, je remarquai un homme que je n’avais pas vu jusqu’alors. Son visage était dissimulé derrière un masque en argent martelé mais on voyait bien qu’il avait les cheveux noirs, et plus

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