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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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Rome qui n’aime pas la campagna  ? Tout citadins que l’on soit (et fiers de l’être), jamais on ne raterait l’occasion d’aller passer une journée à la campagne pour s’extasier devant le spectacle des paysans labourant impassiblement la terre, courir après des bestiaux courroucés dans les champs et, d’une manière générale, nous ridiculiser devant tout le monde. Et quel meilleur moment pour y aller qu’en été, lorsque la ville étouffe littéralement de chaleur et (en toute honnêteté) de puanteur.
    Giulia la Bella avait ainsi imaginé une excursion pour distraire son amant de ses tracas, et Lucrèce m’avait invitée. J’étais réticente à l’idée de me joindre à eux, sentant que mon devoir était de rester sur place pour agir, mais un refus de ma part aurait éveillé les soupçons. D’autre part, Il Cardinale avait pris la tête du cortège, et où qu’il aille, je devais également aller.
    Nous remontâmes le Tibre sur plusieurs péniches chargées de ce qui semblait être deux maisonnées entières, incluant gardes, serviteurs, domestiques, musiciens, chefs cuisiniers et prêtres, sans mentionner des chiens, plusieurs chevaux, le perroquet de La Bella (qui jasa pendant tout le voyage) et pour finir, un cochon. La présence de ce dernier avait de quoi interpeller mais, en voyant qu’il faisait aussi partie du voyage au retour, j’en déduisis qu’il devait être l’animal de compagnie de quelqu’un.
    À quelques kilomètres au nord de la ville, nous jetâmes l’ancre près de la jolie maison de campagne dont La Bella disposait à sa guise en l’absence de son mari. L’endroit était parfait pour y passer la journée, suffisamment loin des limites de la cité pour nous offrir un cadre enchanteur, fait de forêts luxuriantes et de ruisseaux à l’agréable fraîcheur, tout en restant proche. Les domestiques s’étaient mis en rang sur les rives pour nous accueillir et aider à décharger la multitude de caisses, paniers et paquets nécessaires à pareil périple, aussi court fût-il.
    D’un geste empreint d’une tendre attention, le Cardinal aida La Bella à descendre de la péniche. Son état commençait tout juste à se voir, mais elle en exagérait l’effet en poussant son ventre vers l’avant dans un grand sourire. Borgia était loin d’être un vieux gâteux, mais il savait en endosser le rôle lorsque l’occasion s’y prêtait.
    Lucrèce partit devant, en me criant de la suivre. J’obtempérai, non sans avoir au préalable dit quelques mots à l’intendant de la maison, qui était en train d’inspecter attentivement le déchargement et s’interrompit pour moi. Il savait qui j’étais, la nouvelle s’étant répandue par les canaux habituels jusqu’ici. Je sentais que ma présence le rendait nerveux, mais c’est une chose à laquelle il faut s’attendre dans ma profession. En toute honnêteté, c’est bien souvent un avantage. Il se soumit à mes instructions sans ciller (n’utiliser aucun aliment, liquide, plat, ustensile, ou linge mis à part ce que nous avions amené avec nous, à moins qu’il ne soit d’abord contrôlé par moi), et me confirma n’avoir engagé aucun nouveau domestique récemment. Vittoro avait envoyé l’un de ses lieutenants, et je savais qu’il vérifierait les quartiers du Cardinal en quête de pièges et d’armes dissimulées avant que ce dernier n’y entre.
    Ayant fait tout mon possible, je partis à la recherche de Lucrèce et la trouvai dans la petite cour intérieure. Elle était en train de tournoyer sur elle-même encore et encore, bras tendus et tête levée vers le ciel. Soudain des colombes s’envolèrent de l’avant-toit, pour aller se poser dans les branches d’un arbre. La scène était charmante.
    — C’est splendide ici, n’est-ce pas, Francesca ? s’exclama-t-elle. Ne serait-ce pas merveilleux de vivre à la campagne tout le temps ?
    — Ne croyez-vous pas que vous finiriez par vous ennuyer ? demandai-je en lui souriant.
    Elle s’arrêta net et reprit son sérieux.
    — Bien sûr que non. Après tout, j’aurais un mari et des enfants dont je devrais m’occuper.
    Peut-être trouvez-vous quelque peu ironique que cette jeune femme désirant par-dessus tout devenir une mère et une épouse dévouée ait depuis été condamnée par le monde pour actes licencieux, voire pire ? Eh bien, je vous assure que moi aussi.
    Tout aussi brusquement, son humeur redevint légère. Elle me lança un regard

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