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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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généralement était grand et bien fait, dans sa toge courte. Épée à la hanche et bouclier dans le dos m’indiquèrent qu’il s’était déguisé en Mars, le dieu de la guerre.
    Nous étions dans la cour en train de dîner allongés, avec une certaine indolence, comme au temps de Jules César. L’homme avait surgi de l’obscurité, que des torches allumées à intervalles réguliers autour de nous accentuaient. Au moment où je le repérai, le Cardinal se leva, glissa quelque chose à l’oreille de Giulia et rentra à l’intérieur. « Mars » dut en faire de même car lorsque je regardai de nouveau dans sa direction, il n’était plus là.
    D’instinct, je me levai. Je tentai de me raisonner : j’étais sotte, la maison était sous surveillance et personne n’aurait pu y entrer sans être vu. Il n’y avait aucun danger. Je ne ralentis pas mon allure pour autant, espérant trouver le lieutenant de Vittoro, qui saurait mieux que moi comment procéder.
    Seulement je ne le trouvai nulle part. Devant moi, au bout d’un long couloir lambrissé, je vis une porte se refermer. Je m’en approchai à pas de loup, osant à peine respirer, et pressai mon oreille contre le bois sculpté.
    Étais-je en train d’espionner ? Oui, bien sûr, mais ce n’était pas par curiosité puérile, du moins pas seulement. Je ne m’attendais pas à ce que Borgia me tienne informée de tous ses faits et gestes, mais je ne pouvais pas non plus espérer le protéger correctement si des inconnus allaient et venaient à leur guise sous son propre toit. Au palazzo, un régiment entier de gardes se trouvait sous les ordres du très capable Vittoro précisément pour éviter ce genre de situation. Mais à la campagne, c’était une tout autre affaire.
    Je cherchais simplement à détecter un signe indiquant que Borgia connaissait l’homme, et qu’il était inoffensif. Une fois cela fait, je pourrais m’éclipser la conscience tranquille et les laisser parler (plus probablement comploter) tout leur soûl.
    La porte étant en bois massif, j’avais bien du mal à entendre ce qu’il se passait de l’autre côté. Pourtant, je sus tout de suite que j’étais en train d’assister à une dispute.
    Deux voix masculines, furieuses toutes deux.
    Puis un fracas.
    Sans hésiter une seconde, j’ouvris la porte à la volée et entrai. Ne me demandez pas ce que j’avais l’intention de faire, je ne saurais vous le dire. Je n’avais pas d’arme – mais quand bien même j’en aurais eu une, en quoi m’aurait-elle été utile contre le dieu de la guerre ? Néanmoins, je m’étais engagée à protéger Borgia, et je n’allais pas le laisser se faire attaquer sans au moins tenter de m’interposer.
    — Signore ! m’écriai-je, pour m’interrompre brutalement en me retrouvant nez à nez avec Jupiter et Mars – ou bien devrais-je dire le Cardinal et César ?
    Père et fils détournèrent le regard du vase cassé que l’un des deux venait de renverser (probablement d’un coup d’épée malencontreux) et me regardèrent, incrédules. Borgia réagit le premier :
    — Par le diable, mais…
    César, vif d’esprit comme toujours, me scruta de la tête aux pieds et sourit.
    — Signorina, quel plaisir. Je vous en prie, entrez.
    À cet instant-là je me rendis compte qu’au contraire des deux hommes, je portais toujours mon masque.
    Vite, je tentai de battre en retraite.
    — Scusa , fis-je, réussissant même à ponctuer ma dérobade d’un gloussement. Je me suis trompée de porte, scusa .
    Cela aurait pu fonctionner. Borgia était distrait, surpris par la présence de son fils qui était censé être à Pise pour veiller aux intérêts familiaux, et César était… eh bien, César. Je n’avais aucune raison de croire qu’il me reconnaîtrait, avec ou sans masque. Notre rencontre impromptue dans la bibliothèque ne lui avait tout de même pas fait impression au point que je sois encore dans ses pensées, tous ces mois plus tard.
    — Francesca ?
    Sì, Dio mio  ! Je devins livide, puis tout à coup j’eus très chaud et sentis mes joues s’empourprer, tandis que je cherchais à tâtons la poignée de porte.
    Mais l’homme qui avait défloré ma virginité ne voulut rien savoir. Dans un éclat de rire il s’approcha de moi, prit mes deux mains dans une seule des siennes et de l’autre arracha mon masque.
    — Francesca ! s’exclama-t-il d’un air de triomphe. Je savais que c’était toi.
    — Je me suis

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