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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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trompée, répliquai-je promptement. Je pensais…
    — Que mon père était en danger, termina César. N’ai-je pas raison ?
    Je ne réussis qu’à hocher la tête, mais cela parut lui convenir. Me tenant toujours les mains, il se tourna vers son père.
    — Et moi qui me demandais si c’était une bonne chose de lui confier ta sécurité. J’aurais dû mieux la juger.
    Borgia émit un grognement. Il ne paraissait ni content de me voir, ni particulièrement mécontent. Toute son intention était tournée vers son fils.
    — Tu n’as rien à faire ici, César, lança-t-il. Je croyais avoir été clair. Nous devons faire preuve de discrétion, tout au moins pour l’instant.
    — Je sais, Papà , je sais, soupira-t-il sans une once de remords. Mais certaines choses ne peuvent être dites par courrier, et tu le sais très bien.
    — Tes griefs devront attendre, rétorqua le Cardinal. (Il agita une main avec lassitude.) Je ne peux croire que Giulia ait manigancé tout cela derrière mon dos…
    — Ce n’est pas Giulia, rétorqua César, c’est Lucrèce. Quelle gentille sœur elle fait.
    — Elle est trop indulgente avec toi, répliqua Borgia brusquement. Et moi aussi. Va-t’en, César, et que je ne te revoie pas tant que je ne t’aurai pas fait appeler. Capisci  ?
    Les mains de César se refermèrent comme un étau sur mes poignets, et j’étouffai un cri. Oublieux de moi, il poursuivit :
    — Je comprends, Père. Mais vous devez comprendre, vous aussi. Je ne serai…
    — Va-t’en ! rugit Il Cardinale.
    Alors nous le quittâmes, moi grimaçant et tentant de me dégager, César le regard sombre et trop préoccupé pour remarquer que j’étais toujours sa captive. Tout au moins, jusqu’à ce que la porte nous séparant de Borgia se soit refermée et que l’on se retrouve dans le couloir : là il s’arrêta, baissa les yeux sur sa main et me poussa contre le mur.
    — Il n’y a rien à faire, il ne veut pas m’écouter ! Mais pourquoi ? Je suis son fils ! J’ai le droit…
    Je sentais tout le corps de César s’affermir contre moi, ce garçon pour qui fierté, ambition, jalousie et désir étaient autant de composants de la rage qui l’anima sa vie durant. En devenant homme il parvint à avoir un meilleur contrôle de lui-même mais ce ne fut jamais suffisant, et surtout en cet instant ce n’était pas encore le cas.
    De fait, je ne voyais qu’une seule issue à cette rencontre, et elle était loin de me plaire. Moi aussi, j’avais ma fierté.
    Je me penchai en avant, approchai ma bouche de son oreille et, tel le serpent, sifflai « Lâche-moi ». Au même moment, je pressai mon genou contre ses parties.
    À ce jour, je ne peux me rappeler la tête qu’il fit sans pouffer de rire, même si à l’époque je n’avais guère envie de m’amuser. Il était abasourdi. J’appuyai davantage.
    — N’oublie pas qui je suis, fis-je.
    Bravo, Francesca ! Ma réaction faisait honneur au sexe que l’on disait faible.
    César desserra sa poigne de fer. Il fit promptement un pas en arrière et me dévisagea comme s’il me voyait pour la première fois.
    — Je n’allais pas…, commença-t-il.
    J’écartai cela d’un geste de la main. Ayant obtenu ce que je voulais, je devais me hâter de lui redonner sa fierté.
    — Pour l’amour du ciel, César, mais à quoi songeais-tu ? Cela ne te suffit-il pas de venir ici sans la permission de ton père ? Tu voudrais, par-dessus le marché, être pris en flagrant délit avec son empoisonneuse ? Mais il faudrait déclarer un jour férié à Rome, tant tout le monde n’aurait plus qu’une idée en tête, aller colporter la nouvelle !
    Il m’observa un instant encore, avant de rejeter sa belle tête en arrière et d’éclater de rire. Persuadée que le Cardinal allait l’entendre, je tentai de le faire taire, mais il m’empoigna de nouveau la main, gentiment cette fois-ci, et ensemble nous descendîmes le couloir en courant. L’énergie débridée de César, sa soif de vie et son mépris des règles qui nous freinent dans nos actes, nous autres mortels, ne cessèrent jamais de m’enchanter. Il entra dans ma vie (et en sortit) comme une grande bourrasque soufflant à travers une maison, en chassant les toiles d’araignée et en réagençant le mobilier à sa guise. Après coup, il y avait toujours beaucoup d’ordre à remettre, mais sur le moment c’était merveilleux.
    Le temps que nous arrivions dans un coin du jardin dissimulé aux

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