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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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détails. Si j’arrive à me libérer avant toi, Portia (c’est son nom, n’est-ce pas ?) me laissera entrer.
    J’étais bien certaine qu’elle s’empresserait de le faire, même si je le lui pardonnais volontiers. Toutefois, rechignant à l’idée qu’il s’en aille en ayant le dessus, je l’avertis :
    — Prends garde à ne rien toucher, à moins d’être certain que ce soit sans danger, veux-tu ?
    Nous étions arrivés au pied de l’escalier, et allions nous quitter. César ne résista pas à l’envie d’avoir le dernier mot :
    — J’amène le dîner, puisque nous savons tous deux quelle piètre cuisinière tu fais.
    Et sur ces belles paroles il s’éloigna de moi à grands pas. J’eus le plus grand mal à réprimer le fou rire qui montait en moi au vu du tour domestique qu’avait inopinément pris notre conversation — une perspective absurde, certes, mais qui n’était pas pour me déplaire.

    Ma bonne humeur disparut en constatant que j’arrivais à peine à me frayer un passage entre toutes les provisions qui étaient arrivées pendant que j’étais occupée à traquer Morozzi. Dieu merci, depuis l’attaque contre Lucrèce, Borgia avait décrété que tous les cadeaux de mariage et autres objets qui lui étaient destinés seraient mis de côté jusqu’à ce que je sois en mesure de les examiner un par un et avec le plus grand soin. Au vu de la quantité que cela impliquait, je me demandais si Lucrèce serait toujours mariée le temps que j’en aie terminé.
    Lorsque j’en eus enfin fini pour la journée, j’étais exténuée, collante et (un tout petit peu) contrite de m’être ainsi dévergondée avec César. Mais ces légers remords qui me tiraillaient, me dis-je, servaient à me rappeler que j’étais encore en vie.
    Je m’éclipsai des cuisines par un passage voûté, que je longeai jusqu’à sortir sur la place devant Saint-Pierre. L’après-midi était bien avancé, et il faisait encore plus moite et lourd que tout à l’heure. Toute personne ayant une once de bon sens s’était abritée du soleil, comme je m’apprêtais à le faire.
    Pour autant, la place restait envahie de pèlerins avançant docilement les uns derrière les autres, tels des bancs de poissons hors de l’eau. Plusieurs d’entre eux bousculèrent par mégarde un prêtre au visage rougeaud, qui n’appréciait visiblement pas d’être dehors par une telle chaleur. Il en laissa tomber ses registres et se répandit en un flot d’invectives qui parut les impressionner grandement.
    Je contournai le prêtre et ses nouveaux admirateurs, tout en esquivant un tas de fumier encore fumant. J’étais en train de songer que j’allais rendre visite à Nando, et peut-être demander à Donna Felicia une coupe de son excellent cidre qu’elle fabriquait elle-même, lorsque je m’arrêtai subitement. À une quinzaine de mètres devant moi, je vis une mince silhouette encapuchonnée sortir de la basilique par une porte latérale. Quelque chose dans la forme de ses épaules… la façon dont il bougeait… son empressement, en dépit de la chaleur et de la langueur généralisée, retint mon attention.
    Un groupe de visiteurs des Pays-Bas, reconnaissables à leurs chapeaux à visière et leurs capes ornées de pompons, se mit en travers de mon chemin. Je fis un pas à droite, puis à gauche, puis de nouveau à droite avant de réussir enfin à les contourner. Ce petit intermède avait suffi pour que le moine que j’avais repéré se soit volatilisé. Je me dis que mon imagination me jouait des tours, et j’étais en train de continuer mon chemin vers la caserne lorsque j’aperçus de nouveau l’homme près de l’entrée principale du Vatican. La distance entre nous était plus grande à présent (il devait facilement se trouver à trente mètres de moi), mais il tourna la tête dans ma direction et quelques boucles blondes s’échappèrent malgré lui de son capuchon.
    J’en eus le souffle coupé. Pendant un atroce instant je restai figée sur place, ne sachant que faire. Si Morozzi avait véritablement réussi à pénétrer dans l’enceinte du Vatican, je ne pouvais le laisser s’enfuir. Mais si ses complices de la Fraternité étaient dans les parages ? J’avais promis à Rocco que Nando serait en sécurité. Dans ce cas, où était l’enfant ?
    Je regardai autour de moi frénétiquement en espérant repérer Vittoro ou l’un de ses lieutenants, mais bien qu’il y ait davantage de gardes

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