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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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l’enfant. Le ton que je pris était lourd de reproches, mais la détresse que je lus sur son visage me fit changer d’avis. Le capitaine de la garde était visiblement bouleversé.
    — Je ne comprends pas… J’ai des hommes partout…
    — Quelles instructions ont-ils reçu ? De chercher un prêtre aux cheveux blonds ? Assurément, ils devaient être trop occupés à cela pour voir quoi que ce soit d’autre.
    C’est ainsi, les gens ne voient que ce qu’ils s’attendent à voir — et quasiment tout le reste dans notre vaste monde bouillonnant leur échappe. Un moine, et non un prêtre, se mouvant d’un pas confiant plutôt que furtivement n’aurait certainement pas attiré leur attention.
    — Est-ce que je n’aurais pas dû aller avec lui ? demanda Nando d’une toute petite voix où pointait le remords. Il a dit qu’il était l’ami de papa, et il connaissait ton nom aussi, Donna Francesca. (Il baissa la tête, scrutant le sol.) Je ne pensais pas que c’était mal.
    J’en étais bien certaine. Pour sûr, Rocco avait dû faire la leçon à son fils de ne jamais aller avec un inconnu, mais comment empêcher un enfant de faire d’emblée confiance à quelqu’un qui semble être un ami, et qui plus est une figure d’autorité ?
    — Ce n’est pas de ta faute, lui dis-je du ton le plus apaisant possible.
    Soudain, une idée me vint :
    — Crois-tu que tu arriverais à le dessiner ?
    Nando hocha la tête avec enthousiasme.
    — Oh oui, bien sûr.
    Aussitôt, il alla à une page vierge de son carnet et se mit au travail. Rapidement, un portrait plutôt ressemblant de Morozzi commença à prendre forme.
    — Je vais m’assurer que ce dessin sera montré à tous mes hommes, m’indiqua Vittoro au bout de quelques minutes. Et qu’ils comprennent bien que ce démon peut prendre n’importe quelle apparence. (Il eut un temps d’hésitation.) Francesca, je ne saurais te dire combien je suis désolé. Vous m’avez confié cet enfant et j’ai promis qu’il serait en sécurité. Si Morozzi avait…
    Je vis l’homme qui était maintes fois père et grand-père blêmir, et toute envie de le réprimander me quitta aussi vite qu’elle était venue.
    — Tu n’es pas le seul fautif, Vittoro. Moi aussi, je l’ai sous-estimé.
    Il regarda autour de lui, puis me fit signe de le suivre un peu à l’écart, là où ne traînerait aucune oreille indiscrète.
    — Je te remercie de ta mansuétude, me dit-il alors. Pardonne-moi mais étant donné les circonstances, je n’ai d’autre choix que de soulever un autre problème. Veux-tu bien me dire où en sont les choses entre notre maître et toi ?
    — Il semblerait que je sois pardonnée, du moins pour l’instant.
    — Je suis heureux de l’entendre. Dans un moment comme celui-ci, Sa Sainteté a besoin de tous ses amis.
    — Sauf qu’elle ne fait confiance à personne en dehors de La Famiglia, ironisai-je mais sans rancune, car je savais pertinemment que Vittoro voyait aussi bien que moi ce que je voulais dire.
    — Eh bien, sa confiance est peut-être mal placée.
    Je le regardai soudain avec intérêt, me demandant comment il était possible qu’il ait su pour la supercherie échafaudée par César. Toutefois, il s’avéra que le capitaine ne songeait pas à lui.
    — Quand le Signore Juan est ivre, comme c’est souvent le cas, il ne peut s’empêcher de parler à tort et à travers. Il me fait le triste effet d’un homme engagé dans une partie de dés où il est obligé de tout miser, alors même qu’il sait qu’il ne l’emportera pas.
    — C’est-à-dire ?
    — Il hait son frère mais le craint encore plus, car il est convaincu que César ne reculerait devant rien pour avoir la vie que leur père a choisie pour Juan. Mais ce n’est pas tout : il est persuadé que César et toi vous êtes ligués contre lui.
    Je secouai la tête d’un air consterné, en constatant que je n’avais pas su voir le danger incarné par Juan — alors que nos quelques brèves rencontres auraient dû amplement suffire à m’alerter.
    — Tu ne crois tout de même pas qu’il irait jusqu’à faire quelque chose de stupide, n’est-ce pas ? Pas maintenant ?
    — En toute honnêteté, je n’ai aucune idée de ce qu’il serait capable de faire. Je dis seulement que je le trouve de plus en plus agité et qu’il serait judicieux de garder un œil sur lui.
    — Borgia est au courant ?
    Assurément, quelques-uns de ses nombreux espions

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