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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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présents sur la place, c’étaient tous de simples soldats qui ne comprendraient probablement pas mon inquiétude et y répondraient d’autant moins. Chaque minute passée avec eux serait du temps perdu.
    Deux choix s’offraient à moi, soit courir après l’homme moi-même, soit trouver Nando — où qu’il soit. Avant même que j’aie le temps de me décider, une voiture à deux chevaux (dont le toit et les côtés n’arboraient aucunes armoiries) stoppa près de l’entrée. Le moine en ouvrit la portière et s’y engouffra, avant de la refermer prestement derrière lui, ce qui fit dodeliner l’équipage quelques secondes. Déjà le cocher fouettait les chevaux pour repartir, en direction du pont Sisto à ce que je voyais.
    Si je ne me faisais pas d’illusion quant aux goûts de luxe du clergé, je savais aussi pertinemment qu’il n’était guère habituel pour un moine de se déplacer en voiture, un tel confort n’étant réservé qu’aux riches et puissants — et à ceux qui bénéficiaient de leur protection. Je n’avais par conséquent plus aucun doute sur l’identité de l’homme que je venais de voir partir.
    Remontant prestement mes jupons, je partis en courant vers la caserne sans me soucier une seconde des regards pour le moins interloqués que je provoquai dans mon sillage.

24
    Je trouvai enfin Vittoro aux écuries et lui racontai en haletant ce que je venais de voir. Dieu soit loué, il ne me questionna aucunement sur mon récit et lança immédiatement un ordre pour qu’une dizaine d’hommes tentent de retrouver la trace de la mystérieuse voiture. Pliée en deux, les mains sur les genoux en attendant de retrouver mon souffle, je m’exclamai :
    — Dis-moi que Nando est en sécurité.
    Vittoro étant l’honnêteté faite homme, plutôt que de chercher à me rassurer sans être vraiment certain de son fait, il me saisit par le bras et se dirigea prestement en direction de sa maison. Je m’accrochai fermement à lui, accablée par une peur qui menaçait de m’écraser ; mais à la vérité, Dieu est (parfois) miséricordieux. Avant même d’avoir atteint la jolie maisonnette, nous aperçûmes Nando. Il était assis devant, sa tignasse brune penchée au-dessus d’une tablette sur laquelle il dessinait.
    Je pris ma première vraie respiration depuis que j’avais aperçu l’ombre de Morozzi sur la place, et repris contenance autant que je pus. Ensuite, j’accrochai le sourire le plus sincère possible à mes lèvres et m’approchai de l’enfant.
    — Et qu’avons-nous là, Nando ? m’exclamai-je.
    Il leva les yeux et sourit en me voyant. Puis il leva son carnet, et entreprit de m’expliquer :
    — Moïse recevant les dix commandements sous la dictée. J’ai essayé de copier la fresque de la chapelle Sixtine, mais ça ne ressemble pas vraiment, tu ne trouves pas ?
    En réalité ce n’était pas mal du tout, surtout si l’on songeait à la grande jeunesse de l’artiste. Pour autant, j’étais troublée.
    — Quand es-tu allé visiter la chapelle ? m’enquis-je. J’avais envisagé de l’y emmener, mais l’occasion ne s’était pas présentée ; et je doutais que Vittoro y aurait pensé.
    — Ce matin, répondit Nando, en continuant à considérer son croquis d’un œil critique. C’est le moine qui m’y a emmené.
    Comme de très loin, je m’entendis demander :
    — Quel moine ?
    — L’ami de papa. Il a dit que nous pourrions y retourner, et que tu viendrais peut-être avec nous.
    Vittoro et moi échangeâmes vivement un regard. Il semblait autant pris de court que moi, constatai-je.
    Le plus calmement possible, je poursuivis mon questionnement :
    — Te souviens-tu du nom de ce moine ?
    L’enfant secoua la tête. Il avait l’air de commencer à comprendre qu’il y avait peut-être un problème.
    — Mais il a des cheveux dorés, comme un ange.
    Je pourrais dire que tout mon corps, jusqu’à mon sang, en fut glacé d’effroi. Mais ce ne sont que des mots imagés, incapables de traduire la rage qui venait de s’emparer de tout mon être. Morozzi s’était introduit en ces lieux où Nando (sans compter Borgia) était censé être en sécurité. Il avait circulé à sa guise et ce faisant, m’avait laissé un message on ne peut plus limpide : il pouvait frapper où et quand il le voulait ; nous étions impuissants face à lui.
    — Comment cela a-t-il pu arriver ? soufflai-je à Vittoro, tout en espérant ne pas alarmer

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