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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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certainement pas à se servir de quelqu’un qui n’est pas directement lié à lui. Il est donc vital que le cas de Morozzi soit réglé sur-le-champ.
    Comment aurais-je pu désapprouver, étant donné que je ne désirais rien de plus au monde que la mort du prêtre fou ?
    Quand bien même, je fus prise au dépourvu lorsque Borgia m’annonça :
    — César m’a convaincu que vous devriez unir vos forces pour éliminer Morozzi.
    J’observai mon amant ténébreux. Il me rendit mon regard avec toute la fougue du fils dévoué ne souhaitant rien de plus au monde que servir son père. César et moi nous étions quasiment toujours connus. Je n’avais guère d’illusions sur sa nature, et je doutais qu’il en ait sur la mienne ; mais pour autant, j’aimais à croire que nous étions des alliés, peut-être même des amis.
    Pourquoi, alors, ce malaise qui s’empara de moi comme le brouillard tombe sur le fleuve, amenant dans son sillage le soupçon de secrets enfouis et de dangers insondables ?

23
    Si je n’arrivais pas à surmonter mes doutes, César de son côté était fermement résolu. Il s’empara d’une lampe et me prit la main quasiment dans un même mouvement.
    — Nous nous y mettons sur l’heure, papà. Ne crains rien, avant longtemps Morozzi aura rejoint l’autre monde.
    Borgia nous gratifia pour toute réponse d’un grognement, puis s’assit pesamment dans son fauteuil. Il ne semblait guère pressé de retourner dans le monde du dessus. Je ne pouvais l’en blâmer, tout comme je n’aurais pu faire fi du sentiment d’urgence qui animait César. Nous remontions le passage au pas de course avant même que j’aie eu le temps de reprendre mon souffle.
    Une fois dans le bureau papal, il posa la lampe, me saisit par la taille et me hissa sur l’immense bureau. Ses yeux noirs brillaient intensément, et l’état de son membre viril (qu’il pressait contre moi) ne laissait aucun doute quant à ses intentions.
    — Je vais le tuer, fit-il en ouvrant ma chemise pour mieux voir les marques de coups sur ma gorge. Je sentis son souffle chaud et musqué contre ma chair tuméfiée. Un long frémissement me parcourut de la tête aux pieds.
    — Lentement et le plus douloureusement possible, poursuivit-il en glissant une main le long de ma cuisse pour s’emparer de mes jupons et les relever. Je pourrais l’écorcher vif et accrocher sa peau quelque part, à la vue de tous. Qu’en penses-tu ?
    Penser ? Mais à quoi bon penser quand tout tourbillonne dans votre tête, Rocco qui refuse de vous regarder dans les yeux en évoquant Carlotta d’Agnelli, Sofia qui vous enlace dans ses bras pendant que vous pleurez des larmes de terreur face à l’inconnu, Morozzi qui vous traite de strega et se réjouit à voix haute de vous voir périr dans les flammes — ou encore votre père, dont les bouts sanguinolents de crâne défoncé sont emportés par les eaux sales d’une rigole de Rome.
    — Je t’autorise à faire cela une fois que je l’aurais tué, rétorquai-je en m’emparant des lacets de son pourpoint.
    Vous me prendrez pour une folle, ou bien une damnée — et vous n’aurez tort ni dans un cas ni dans l’autre. Borgia pouvait à tout instant changer d’avis et revenir à son bureau. N’importe qui pouvait choisir ce moment précis pour espionner par le spioncino. Rome se noierait sous la vague de rumeurs qui déferlerait alors ; pire encore, nous nous trouvions dans le saint des saints, le sanctuaire du Vicaire du Christ sur Terre, assurément des lieux qui exigeaient un minimum de bienséance — même si j’avais entendu dire qu’il arrivait à Borgia et La Bella d’y folâtrer.
    Mais la vérité était que j’étais restée trop longtemps sans mon amant ténébreux. Certes, je n’imaginais pas que César m’était fidèle lorsque nous étions séparés, loin s’en faut ; mais le fait est que nous avions cette affinité charnelle, qui ne cessait de nous attirer l’un vers l’autre lorsque nous étions ensemble. Ce jour-là, notre accouplement fut rapide, brusque — et éminemment satisfaisant. Lorsque très vite il s’affaissa sur moi, le frottement de sa barbe me faisant l’effet d’un doux tourment sur ma peau nue, je ne pus contenir la jubilation qui montait en moi.
    Il leva la tête et me défia du regard.
    — C’est moi qui t’amuse ?
    — Entre autres choses, oui.
    Je le repoussai sans ménagement pour lisser mes jupons, ce qui le prit au dépourvu.

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