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Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
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humiliations subies depuis des semaines aux mains d’un Frontenac triomphant et au faîte de son arrogance.
    L’intendant était peut-être, de tous ceux qui avaient craint le retour de Frontenac, celui qui avait le plus à s’en mordre les pouces. Pendant toute l’administration précédente, Champigny et Denonville avaient travaillé de concert et s’étaient entendus comme larrons en foire, au grand soulagement de la cour, qui ne pouvait plus supporter l’écho tapageur des chicanes portées à son attention tout au long des dix années de l’administration Frontenac. Car tout avait été sujet à querelle et le gouverneur avait réussi le tour de force de s’attirer à la fois l’inimitié de l’évêque et de presque tout le clergé, de l’intendant Duchesneau et de la plupart des membres du conseil souverain, au point de forcer le roi, excédé d’avoir à gérer de perpétuels conflits, à exiger son rappel.
    Frontenac étant maintenant de retour, tracasseries et querelles de préséance reprenaient de plus belle. Champigny, à qui le roi avait expressément recommandé d’user de souplesse dans ses relations avec le nouveau gouverneur, n’en pouvait plus. Il rendait les armes.
    Faites ce que vous pourrez. Moi, je ne veux plus en entendre parler. Je m’en lave les mains , avait fait porter Champigny comme message à d’Auteuil, une fois sa colère tombée.
    La plaisanterie avait trop duré. Frontenac boudait le conseil souverain. Ses lettres patentes avaient dûment été enregistrées et trois mois plus tard, il refusait toujours de le présider, sous prétexte qu’on ne l’avait pas invité à y siéger dans les formes. Avec pour résultat que le travail du conseil s’en trouvait ralenti, sans que cela ait semblé le moins du monde l’émouvoir. Champigny avait pourtant incité le procureur général à y aller avec des gants blancs, mais aucune des démarches entreprises jusqu’à ce jour n’avait donné de résultats.
    D’Auteuil s’était d’abord présenté aux appartements du château, quelques jours après l’arrivée du gouverneur, et l’avait formellement invité, au nom de l’intendant et du conseil, à venir siéger. Frontenac, bourru, avait répondu qu’on pouvait se passer de lui et qu’il n’y viendrait que lorsque le service du roi le requerrait. Après consultation, les conseillers, qui s’étaient assez frottés par le passé au comte pour connaître son goût démesuré pour la pompe et la magnificence, avaient décidé d’y retourner pour s’enquérir du type de cérémonie souhaité.
    â€” Mais vous m’étonnez, messieurs, leur avait servi Frontenac comme réponse. Il me semble que vous devriez être plus au fait du protocole. C’est à vous de m’en proposer la forme. Revenez m’en faire part et je prendrai cela en considération.
    Le premier conseiller, Louis Rouer de Villeray, avait été chargé de soumettre une nouvelle proposition qui avait été balayée d’un revers de main.
    â€” Vous devriez consulter monseigneur de Saint-Vallier ou quelque autre personne versée dans ce genre de choses. Informez-vous de la façon dont le Parlement de Paris a reçu Louis XIV quand il a tenu son premier lit de justice, avait répondu le gouverneur avec componction.
    Villeray en avait eu les jambes sciées. Mais c’est qu’il se prenait pour le roi lui-même! On s’était tout de même hâté de consulter l’évêque qui, flairant le guêpier, avait plaidé l’ignorance. Il était hors de question qu’il fournisse au gouverneur la moindre occasion de reprendre ses menées belliqueuses contre le clergé. Après un nouveau débat, Villeray avait été délégué pour présenter des propositions plus élaborées auxquelles Frontenac avait paru sensible. Il avait néanmoins objecté :
    â€” Vous me parlez de ma première visite au conseil, fort bien, mais qu’avez-vous prévu lors des séances ultérieures?
    Et les conseillers avaient dû refaire leurs devoirs pour accoucher enfin d’un cérémonial qui tenait à ceci : quatre conseillers étaient

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