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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Ranulf.
    — Ses manuscrits ne révèlent rien. Il n’a fait ni dit quoi que ce soit qui éclairerait tous ces mystères. Il ne reste que le tumulus, à Bloody Meadow. Neige ou pas, gel ou grêle, j’ai bien l’intention d’ouvrir et de fouiller ce tertre demain, Ranulf.
    — Dans quel but ?
    — Pour être franc, je l’ignore. Si la quête est infructueuse, nous resterons encore deux jours.
    Corbett regarda le crucifix et se souvint des mots d’Aelfric : « J’ai péché ! J’ai péché ! » Il prit sa chape.
    — Où est Chanson ?
    — Là où il est toujours : aux écuries, à admirer les chevaux.
    — Tant qu’il ne chante pas !
    Corbett souriait quand ils quittèrent la chambre. Il avait absolument interdit à Chanson, s’il assistait à la messe à l’abbaye, de chanter. Corbett avait aussi averti Ranulf de ne pas le soudoyer ni l’encourager. Chanson était un excellent palefrenier et était fort habile au couteau, mais sa voix ! Le clerc n’avait jamais entendu son plus épouvantable ! La seule personne qui semblait l’admirer était sa fille, Aliénor. Elle demandait souvent à Chanson de chanter et, alors qu’Édouard, le bébé, hurlait à tue-tête, sa fille pleurait de rire.
    Ils dévalèrent l’escalier à grand bruit et sortirent dans l’enceinte de l’abbaye.
    — Où allons-nous, Sir Hugh ?
    — Eh bien, Ranulf, nous faire absoudre.
    — Une confession ? Une absolution ? railla Ranulf. Lady Maeve devrait-elle en être informée ?
    Corbett jeta sa chape sur ses épaules et attacha le fermail. Il tapa du pied le sol gelé et regarda le ciel couvert.
    — L’abbé Stephen ne se confiait à personne, du moins en apparence. Il n’avait pas de vrai confident, mais, comme tout un chacun, il devait se confesser. Je vais voir frère Luke.
    Il pénétra dans le cloître et s’arrêta près d’un pupitre. Un jeune moine, le visage et les mains presque bleus de froid, était absorbé dans l’étude d’un manuscrit. Le magistrat s’adressa à lui et les traits du jouvenceau s’éclairèrent d’un sourire.
    — J’ai les doigts glacés. Même l’encre est gelée. Je vais vous conduire à frère Luke.
    Ils traversèrent l’enceinte en direction d’un long bâtiment à un étage. Construit en pierres irrégulières, il avait un toit de tuile rouge et un péristyle ombragé d’un côté. Leur guide leur expliqua que c’était là que vivaient « les anciens ». Trop âgés ou trop invalides pour se livrer à d’autres besognes, ils se contentaient de prier, de méditer et, comme le jeune moine le formula en riant, de « mâchonner leurs gencives ». Il s’arrêta devant une porte et frappa.
    — Du vent ! meugla-t-on. Je ne veux pas qu’on me dérange !
    Le moine soupira, appuya sur la poignée et ouvrit l’huis. La pièce était étouffante. Il y avait au moins quatre braseros et un grand poêlon empli de charbon sur la table près de la chaire où était assis l’occupant.
    La chambre arborait aussi une table, un tabouret, un petit coffre, un bahut, une couchette au fond et un pupitre portant un psautier en face d’un austère crucifix. Sans nul doute frère Luke avait l’air très âgé avec son cou décharné, son visage presque squelettique marqué de tavelures brunes et son crâne chauve comme un oeuf, mais ses yeux pétillaient. Il repoussa le repose-pieds et se pencha en avant.
    — Vous êtes le clerc, déclara-t-il d’une voix étonnamment forte. Un clerc royal et son homme de main venus voir le pauvre vieux frère, Luke. Je me demandais si vous le feriez. Et vous, mon frère, tonna-t-il à l’adresse du moine, cessez donc de grimacer comme un singe et retournez à vos études !
    Le jeune moine détala.
    — Le prieur Waldo possédait un singe autrefois, remarqua le vieillard. Dieu seul sait pourquoi l’abbé de l’époque lui avait permis de l’amener céans, car il grimpait partout et n’était point trop propre !
    Frère Luke gratifia Corbett d’un sourire édenté.
    — Mais on peut en dire autant de bien des fils de Dieu ! Approchez ! Approchez !
    Il désigna un banc le long du mur du fond.
    — Apportez-le ici et asseyez-vous. J’ai du vin.
    Corbett refusa d’un signe de tête. Lui et Ranulf s’installèrent comme des écoliers devant leur maître.
    — Je pensais bien que vous viendriez ! Je pensais bien que vous viendriez !
    Un doigt osseux s’agita sous le nez de Corbett.
    — Pourquoi, mon

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