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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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père ?
    — À cause des morts... des meurtres ! J’ai toujours dit que c’était un endroit impie.
    — St Martin ?
    — Non, Messire le clerc, les marais !
    — Pauvre abbé Stephen ! Vous étiez son confesseur, n’est-ce pas ? s’enquit le magistrat.
    — Oui. J’entendais ses péchés et l’absolvais. Et, avant que vous me le demandiez, Messire le clerc, vous savez bien que je ne peux vous en parler. Il me reste peu de temps à vivre : pour un prêtre, révéler ce qu’il a entendu en confession est un péché qui mérite le feu éternel.
    — Mais quel genre d’homme était-ce ? intervint Ranulf.
    — Oh, un être humain ! répondit frère Luke en rejetant la tête en arrière et en gloussant de rire. Il était comme vous et moi, Rouquin.
    Il lança un coup d’oeil scrutateur à Ranulf.
    — Un combattant pur-sang, hein ? Je parie que vous plaisez aux dames.
    Il se tapota l’estomac.
    — Je leur plaisais aussi. Elles me disaient fringant et agile danseur. Eh oui ! J’ai dansé sur des pelouses baignées de clair de lune, j’ai écouté battre le tambour et carillonner les cloches.
    Corbett adressa un clin d’oeil à son écuyer.
    — Mais, pour répondre à votre question, précisa le moine en avançant le menton, l’abbé Stephen était un homme plein de bonté bien que fort troublé par un événement de son passé. À maints égards, c’était un pécheur, peut-être même un grand pécheur : c’est pour cela que j’étais à l’aise avec lui, car je le suis aussi.
    — Évoquait-il parfois Héloïse Argenteuil ?
    Frère Luke répondit par un regard impassible.
    — Vous parlait-il quelquefois de Reginald Harcourt ?
    Même regard impassible.
    — Ou d’une roue ? insista Corbett.
    — Oui, mais en confession.
    La main aux veines apparentes et aux taches brunes saisit celle du magistrat. Les yeux du vieillard se firent moins sévères.
    — Le Bon Dieu et Sa Sainte Mère savent combien votre enquête céans est ardue, mais je ne peux parler que de ce que j’ai entendu hors du confessionnal.
    — Pourquoi était-il exorciste ? s’enquit Ranulf.
    — Je peux au moins répondre à cela, Yeux Perçants ! J’ai posé la même question. Stephen avait des doutes sur tout, de graves doutes ! Il pensait parfois qu’il n’y avait rien après la mort, hormis le néant : ni Paradis, ni Enfer, ni Purgatoire, ni Dieu, ni démons. Il a alors estimé que, s’il parvenait à prouver l’existence de ces derniers, cela pourrait signifier quelque chose.
    Corbett acquiesça. Il avait déjà entendu cette théorie à propos d’autres qui doutaient eux aussi de leur foi. Comme un prêtre l’avait avoué au magistrat : « Si l’Enfer existe, alors le Paradis doit exister. »
    — Il cherchait des preuves pour lui-même, continua frère Luke. Comme le dit le Credo : « Je crois au visible et à l’invisible. » Il voulait dissiper la brume qui aveuglait son âme. Je suppose qu’il était en quête de la vérité.
    — Et Bloody Meadow ? interrogea Corbett.
    Le vieillard baissa à nouveau la tête.
    — Je peux vous dire quelques mots à ce sujet. L’abbé Stephen avait juré que, lui vivant, ce tertre funéraire ne serait pas ouvert. Il était inflexible là-dessus. Je ne...
    Sa voix faiblit.
    — J’en ai assez dit, soupira-t-il.
    — Et les quelques jours avant son trépas ? insista Corbett.
    Le vieux moine s’humecta les lèvres.
    — Oui, il est venu me voir, agité et tourmenté. Son esprit, son coeur et son âme étaient plongés dans de profondes ténèbres. Je peux vous dire, Messire le clerc, et je n’en ai fait part à personne, que, si vous ne m’aviez point rendu visite, je crois que j’aurais demandé à vous rencontrer.
    Corbett retint sa respiration. Il s’apercevait que le vieil homme était torturé par la crainte de trahir une confidence.
    — Donc, l’abbé Stephen, pendant ses derniers jours, n’est pas venu se confesser ?
    — Non, Messire le clerc.
    Frère Luke se détourna, le menton tremblotant. Corbett lui prit la main et la serra avec douceur.
    — Il faut m’aider. Le sang a coulé. Les âmes de vos frères envoyées soudain et sans absolution devant le tribunal de Dieu ne réclament peut-être pas vengeance, mais elles exigent justice. La justice divine doit s’accomplir et celle du roi être rendue.
    Frère Luke prit son chapelet et le dévida entre ses doigts.
    — Bon. L’abbé Stephen s’est agenouillé

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