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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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serviteur de l’abbé. Il partageait le même logis.
    — Non, je suis sûr que ce n’était pas lui. Je suis revenu pour parler à Gildas, mais il me tardait de m’en aller, car je pensais pouvoir découvrir de qui il s’agissait en surveillant l’huis des appartements de l’abbé. En m’approchant, j’ai vu briller des lumières dans la chambre de Perditus. Je suis monté, en inventant un prétexte. Il était chez lui et lisait un psautier à la lueur des chandelles. Je lui ai demandé où se trouvait l’abbé et il m’a répondu qu’il était allé se promener. Je suis donc reparti et me suis derechef caché dans l’ombre. J’ai dû attendre un certain temps avant que l’abbé revienne, seul.
    Cuthbert plongea son visage dans ses mains.
    — Je ne sais de qui il s’agissait, mais l’abbé Stephen a étreint et embrassé quelqu’un. C’était sans aucun doute contre nature.
    — Peut-être était-ce l’osculum pacis , le baiser de paix ? se moqua Ranulf.
    — Au milieu de la nuit, dans une prairie déserte ? s’exclama le prieur en faisant de grands gestes. Si vous aviez vu le visage de l’abbé le jour où je l’ai accusé, vous comprendriez que je dis la vérité.
    Il se cacha la face dans les mains et ne put retenir ses sanglots.

 
    Chapitre 12
    Parva saepe scintilla contempta magnum excitavit incendium.
    C’est souvent la plus infime des étincelles
qui déclenche un brasier infernal.
    Quinte-Curce
    Corbett était assis dans la chambre de l’abbé. Ranulf avait regagné l’hôtellerie. La journée s’achevait et le soir tombait. Ils avaient laissé le prieur Cuthbert à son désespoir : il était si éperdu qu’il aurait été cruel de l’interroger plus avant. Le magistrat ne trouvait pas grand sens à sa confession. Qui était avec l’abbé sous le clair de lune à Bloody Meadow ? Il restait là, à réfléchir. Ses paupières se faisaient plus lourdes pendant qu’il examinait les différentes données : le récit énigmatique de frère Luke sur Sir Reginald, le prieur se lamentant sur sa propre méchanceté, l’abbé Stephen, prêtre bien connu pour sa sainteté et pourtant si secret... Corbett ferma les yeux et s’endormit. Les cloches de l’abbaye appelant à l’office divin le réveillèrent en sursaut.
    Il se leva et ouvrit les volets. L’assassin frapperait-il à nouveau ? Ou se montrerait-il plus prudent depuis que son attaque contre frère Richard avait été repoussée ?
    — Si seulement, murmura le clerc entre ses dents, si seulement je pouvais résoudre le meurtre de l’abbé Stephen : c’est là qu’est le début de l’écheveau.
    Il allait retourner s’asseoir quand il entendit des pas lourds dans l’escalier, des plaintes et des cris étouffés. Il courut vers la porte et l’ouvrit. Perditus était là, haletant. Si Corbett ne l’avait pas retenu il se serait effondré. Le visage du frère lai était contusionné et des estafilades ensanglantaient ses mains et sa figure.
    — Au nom du ciel ! s’exclama Corbett.
    Il tira son visiteur vers une chaire et l’y installa. Perditus tremblait. Corbett, en quête de blessures graves, s’empressa de lui tâter le crâne et les bras.
    — Que s’est-il passé ? questionna-t-il.
    Perditus était assis, bouche ouverte, tressaillant de temps en temps et levant les mains vers les contusions de son visage.
    — Êtes-vous blessé ?
    Le frère lai refusa de répondre. Il était blême et un peu de sang perlait à la commissure de sa bouche. Corbett alla vite remplir un gobelet de vin et le porta aux lèvres du blessé. Il entendit un bruit de pas et Ranulf entra. Le magistrat leva la main pour prévenir les questions de son écuyer.
    — Qu’y a-t-il, Perditus ?
    Corbett s’accroupit auprès du frère lai qu’il examina avec attention. La contusion, sous l’oeil, commençait à enfler et il y en avait une autre à gauche, sur la mâchoire. Il avait des coupures sur les joues, les mains et les poignets. Corbett tâta sa poitrine et son dos.
    — Ce n’est rien, dit Perditus en avalant une rasade de vin. J’étais allé à Bloody Meadow et en revenant, alors que je me trouvais près du portail au cernel, j’ai entendu un bruit en passant devant des buissons. Je me suis retourné et on m’a agressé. Je n’ai pas pu voir de qui il s’agissait : l’assaillant était masqué et encapuchonné. Il s’apprêtait à m’assommer avec une massue. J’ai fait un écart et il m’a

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