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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Venez vite !
    — Je sais ce qui se passe, Aelfric. Les corps dans le dépositoire, ceux de frère Hamo et de frère Francis, ont tous les deux été flétris au fer rouge, n’est-ce pas ?
    L’infirmier glissa les mains dans les manches de sa bure et ravala un sanglot.
    — L’alarme a été donnée et le garde a quitté son poste, comme nous tous, expliqua-t-il. Quand je suis retourné au dépositoire on avait enlevé les draps.
    Il sortit une main de sa robe et se frappa le front.
    — Les deux cadavres portaient une marque. Le tueur a réclamé ses proies.
    Aelfric contempla l’incendie mourant d’un oeil vide, puis embrassa du regard les bâtiments coiffés de neige comme s’il voyait l’abbaye pour la première fois.
    — C’est ma maison, Sir Hugh, mais c’est en train de devenir un endroit de cauchemar. Nous sommes châtiés pour avoir péché.
    Il s’éloigna dans les ténèbres. Corbett ordonna à son écuyer d’aller quérir de quoi se restaurer aux cuisines puis il regagna l’hôtellerie. Il croisa Wallasby dans l’escalier.
    — Avez-vous entendu parler de l’incendie, Messire l’archidiacre ?
    — En effet, Sir Hugh. Mais je ne quitterai pas ma chambre, sauf pour me nourrir.
    Et, frôlant le magistrat au passage, il descendit les marches à grand bruit. Corbett se rendit dans son appartement, vérifia que tout était en ordre et s’installa à la table. Ranulf apporta des victuailles. Chanson les rejoignit pour partager un repas de brochet en gelée, de légumes au beurre, de dattes et de vin épicé. Corbett mangeait lentement, l’esprit ailleurs. Une fois le repas achevé, il se dirigea vers la table de travail et mit par écrit ce qui venait de se passer. Ranulf lui posa des questions, mais il ne répondit pas. Corbett alla ensuite s’allonger sur son lit et remonta la couverture sur ses épaules. Il essaya de penser à Maeve, à l’amour ardent qu’il lui portait, au poème qu’il lui réciterait. Le nom énigmatique d’Héloïse Argenteuil lui revint à l’esprit. Il se redressa si brusquement que Ranulf sursauta.
    — Héloïse Argenteuil ! cria le magistrat. Oh, Ranulf, quel imbécile je suis ! Qui n’a point ouï parler d’Héloïse et Abélard !
    — Plaît-il, Messire ?
    Corbett rejeta sa couverture.
    — Ce soir, je vais travailler. Et demain, Ranulf...
    Il se mit quasiment à danser d’un pied sur l’autre tout en se frottant les mains.
    — Demain, pour la première fois depuis notre arrivée, la vérité verra le jour !
    Quand il commençait à débrouiller un mystère, Corbett décrivait des cercles comme un faucon et par conséquent Ranulf ne savait jamais avec précision qui était la proie désignée. Il en allait de même à présent. Corbett se mit à fredonner une hymne entre ses dents. Sa fatigue envolée, il s’affaira près de la table, prenant des morceaux de parchemin, les frottant avec la pierre ponce, aiguisant des plumes, agitant l’encre dans les cornes, bavardant et chantonnant à voix basse comme si le reste du monde s’était évanoui. Il jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule.
    — Retourne dans ta chambre, Ranulf, murmura-t-il. Je ne peux pas encore te narrer ce dont je ne suis pas certain moi-même. Mais nous nous lèverons tôt. N’oublie ni tes bottes ni tes gantelets. Nous allons commencer à creuser à Bloody Meadow.
    — Que cherchons-nous ?
    — La vérité. Laisse-moi, à présent.
    Le magistrat travailla très avant dans la nuit. Ranulf allait, à intervalles réguliers, jeter un coup d’oeil sur Chanson qui, couché tout habillé sur son lit, ronflait comme un bienheureux. Chaque fois qu’il retournait dans la chambre de son maître, il trouvait ce dernier penché sur sa table. Corbett se livrait à son activité préférée. Comme un étudiant d’Oxford, il élaborait des hypothèses, les développait autant qu’il le pouvait et, pour chaque conjecture, cherchait une preuve. Si sa supposition se révélait vaine, il reprenait tout au début. À la fin Ranulf lui-même, se sentant las, se jeta sur son étroite couche. Il eut l’impression que quelques minutes seulement s’étaient écoulées, quand son maître, lavé et changé, le secoua par l’épaule et le pressa de se lever. L’écuyer se dépêcha d’obéir. Chanson sautillait déjà d’un pied sur l’autre, fort désireux d’aller déjeuner au réfectoire.
    — Ne fais-tu donc jamais ta toilette ? Ne changes-tu jamais d’habits ?

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