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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Sous leurs yeux, une partie du toit céda dans un craquement et les flammes s’élevèrent vers le ciel. Le prieur n’était pas arrivé, mais frère Richard, l’aumônier, organisait les secours : la communauté allait chercher des seaux d’eau débordants au puits voisin. Quelques-uns des moines occupés à cette besogne avaient déjà le visage et les mains noircis, la bure souillée de poussière et de cendre.
    Richard s’approcha en s’essuyant la figure d’un chiffon humide.
    — Nous n’y arriverons pas ! Ne croyez-vous pas, Sir Hugh ?
    Corbett contempla le bâtiment. Il était embrasé dans sa totalité, mais isolé et, au moins, l’incendie ne risquait pas de s’étendre.
    — Je vous conseillerai, mon père, de le laisser brûler : le vrai danger, c’est quand il s’effondrera.
    L’aumônier acquiesça et courut dire à ses frères de cesser leurs vains efforts. Du plâtre et du bois enflammés tombaient à présent de la bâtisse et la chaleur, attisée par la brise nocturne, devenait insupportable. Corbett, avec les moines, regarda le feu dévorer l’entrepôt.
    — Que contenait-il ? demanda-t-il.
    Frère Richard énuméra les provisions :
    — Du vin, du blé, de la farine, du vélin, du charbon et de l’huile.
    — Mais il n’y avait personne ?
    — Non, non ! Il fait très sombre à l’intérieur. En automne et en hiver nous fermons les portes en fin d’après-midi.
    — Ce pourrait être un accident, avança Aelfric qui les avait rejoints.
    Corbett fit un signe de dénégation.
    — J’en doute. Le feu a pris fort vite, n’est-ce pas ? Et il n’y avait pas de raison pour qu’il y ait une chandelle ou du feu à l’intérieur, je suppose ?
    — Comme dans toute maison, nous sommes fort vigilants. Je suis de votre avis, Sir Hugh, notre tueur a frappé derechef, acquiesça frère Richard.
    — Mais comment ? interrogea Ranulf.
    — Peut-être par une flèche ardente lancée par la fenêtre.
    Corbett regarda les flammes qui commençaient à mourir et toussa quand le vent poussa vers eux un tourbillon de fumée.
    — Oui, une flèche ou une torche embrasée jetée par une fenêtre aurait pu déclencher un incendie de cette ampleur, surtout si elle était tombée près de l’huile.
    Cuthbert accourut. À la lumière du brasier, il paraissait encore blême et avait les yeux rouges. L’aumônier lui narra ce qui s’était passé et le prieur écouta, les yeux mi-clos.
    — Je suis navré, s’excusa-t-il. Je dormais comme une souche.
    Il s’éloigna pour organiser les tâches des moines. Quelques-uns étaient assis sur le sol gelé et regardaient, bouleversés, ce feu qui avait consumé tout un bâtiment. Les murs et le toit s’étaient effondrés et il ne restait que le soubassement de brique rouge, mais des flammèches jaillissaient encore et léchaient avec avidité les poutres noircies. La brise leur apportait des cendres grises et noires et, par bouffées, l’agréable odeur des stocks d’épices. Le prieur Cuthbert mit en place un tour de garde et la communauté commença à se disperser. Corbett se rendait compte que les moines, eux aussi, pensaient que l’incendie avait été volontaire, que c’était un acte de terreur à mettre au compte de l’assassin tapi au sein de la congrégation. Fasciné, il contempla l’incendie.
    Comment cela avait-il pu se produire ? se demanda-t-il. Qui était coupable ?
    Perditus était en sa compagnie depuis quelque temps déjà avant que sonne le tocsin, mais les autres ? Richard et Dunstan se trouvaient sur les lieux. Aelfric les avait rejoints plus tard, mais le prieur prétendait avoir dormi pendant le sinistre.
    — Pourquoi ? interrogea Ranulf qui se tenait derrière son maître.
    Chanson, lui, était déjà parti s’assurer que ses chevaux bien-aimés étaient sains et saufs.
    — Chacun redoute le feu, chuchota Corbett. Soudain et ardent, il fait des ravages et terrifie les gens : c’était le but de notre tueur. Il imite le méchant seigneur Mandeville qui n’aimait rien tant que de voir un monastère brûler sous le ciel du Bon Dieu. Ses agressions ratées contre Perditus et Dunstan l’ont sans doute déçu, aussi a-t-il décidé de frapper un grand coup. Il veut se rappeler au bon souvenir des moines. Cadavres, sacrilège dans l’église, flèches embrasées et, à présent, la destruction de l’un de leurs principaux entrepôts.
    Aelfric arriva en courant.
    — Sir Hugh ! Sir Hugh !

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