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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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atteint au menton puis m’a derechef frappé là, sur la joue. Je me suis colleté avec lui, mais il avait à la main droite un poignard au tranchant fort effilé. J’ai essayé d’avoir une bonne prise, c’était difficile, car la lame tournait.
    Il tendit la main.
    — À un moment, il m’a touché ici, à la joue. Ça coupait comme un rasoir. Je l’ai repoussé. J’ai cru qu’il attaquerait à nouveau quand il a fait demi-tour et s’est enfui.
    — Dois-je le poursuivre ? proposa Ranulf en faisant quelques pas vers l’huis.
    — Non, répondit son maître. Il sera parti.
    Il insista pour que Perditus boive encore un peu de vin.
    — Vous ne l’avez donc pas vu ?
    — Sa coule était bien attachée et n’a pas glissé pendant le combat. Un masque de cuir recouvrait sa figure. Je n’ai fait qu’entrevoir ses yeux et entendre ses grognements.
    — Était-il fort ? s’enquit Ranulf.
    Le frère lai vida son gobelet.
    — Eh bien, il était plutôt musclé et nerveux, mais je dirais que c’était un homme d’un certain âge. Pas comme vous, ajouta-t-il en désignant Ranulf. J’étais de taille à lui tenir tête. J’ai constaté que ses forces commençaient à l’abandonner. Il avait le ventre mou, avec une petite panse saillante. Il a dû comprendre que si la lutte continuait, il n’aurait pas le dessus, aussi a-t-il détalé.
    — Croyez-vous qu’il vous guettait ?
    — Je me souviens que lorsque je suis passé près du portail le vent agitait les buissons. Le sol était glissant et gelé ; c’est grâce à ça que je l’ai entendu. La glace a craqué et je me suis retourné juste à temps.
    — A-t-il parlé ?
    — Non. Il s’est contenté de haleter et de grogner.
    Perditus avait l’air effondré et gratta son crâne aux cheveux ras.
    — J’ai eu l’impression qu’il attendait que quelqu’un passe.
    Corbett alla fermer la porte.
    — Ce serait logique, déclara-t-il en revenant. La nuit est sombre et froide. Votre capuche était-elle remontée ?
    Perditus acquiesça.
    — Et, bien sûr, vous avanciez un peu penché en avant pour vous protéger du froid. Il a pu vous confondre avec l’un des frères plus âgés, se rendre compte de son erreur et fuir.
    Le magistrat allait continuer quand une cloche sonna à grand bruit. Perditus bondit, si vite qu’il perdit l’équilibre. Ranulf le rattrapa et le fit se rasseoir de force. Corbett se dirigea vers la porte et l’ouvrit.
    — C’est le tocsin ! expliqua le frère lai, hors d’haleine. L’alarme ! Il s’est passé quelque chose dans l’abbaye ! Je dois...
    Il fit mine de se lever.
    — Non, regagnez votre chambre, ordonna Corbett en lui prenant le bras. Je veux dire, mon frère, qu’il faut vous étendre. Je demanderai à Aelfric d’aller vous voir. Vous n’avez pas d’autres blessures, d’autres contusions ?
    Perditus tressaillit et porta la main à son flanc gauche.
    — L’agresseur m’a frappé ici, mais...
    Il était affolé par le tocsin qui retentissait dans toute l’abbaye. Corbett escorta Perditus dans le couloir jusqu’à sa chambre, plus petite et plus austère que celle de l’abbé. Il le fit asseoir au bord du lit et lui intima l’ordre d’y rester. Ranulf prit du feu à une lampe à huile et alluma les chandelles. Son maître ramassa quelques livres sur le plancher et les posa sur la table. Le tocsin résonnait toujours.
    — Restez ici !
    Suivi de Ranulf, le clerc quitta la pièce en hâte et descendit l’escalier. Une fois qu’ils furent dehors, la raison de l’agitation fut évidente. L’air froid de la nuit était chargé d’une odeur de brûlé et, en levant les yeux, Corbett vit rougeoyer le ciel nocturne à l’autre bout de l’abbaye.
    — Un incendie, déclara-t-il. Je parie un shilling contre une livre, Ranulf, que ce n’est point un accident.
    Tout le monde était à présent alerté. Les moines, abandonnant leurs différentes tâches, couraient à travers l’enceinte. Corbett et Ranulf leur emboîtèrent le pas. L’odeur de brûlé devenait plus forte et de petites volutes de fumée montaient autour d’eux. Ils contournèrent l’église, traversèrent le cimetière et passèrent sous une rangée d’arbres. Là ils s’arrêtèrent. L’un des principaux entrepôts de l’abbaye, un bâtiment de bois et de plâtre sur un soubassement de brique rouge, brûlait de bout en bout. Les flammes sortaient des fenêtres, le plâtre s’écaillait et gonflait.

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