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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le tança Ranulf quand ils se retrouvèrent dans le couloir. Tes chevaux sont plus propres que toi !
    — Sir Hugh a besoin de moi, rétorqua Chanson. Mes ablutions attendront !
    — Tes ablutions ? Qui t’a appris ce mot ?
    — Lady Maeve. Elle m’a dit de me livrer à mes ablutions plus souvent.
    — Femme avisée, grommela Ranulf alors qu’ils dévalaient l’escalier.
    Corbett se dirigeait déjà à grands pas vers le réfectoire où les moines entraient en rang après prime. Il ne se rendit pas à la haute table, mais s’installa à celle, proche du seuil, qu’on réservait aux hôtes. On leur servit de la fromentée, du pain frais, du beurre, un petit pot de miel et des pichets de bière coupée d’eau. Quand il eut terminé, Corbett essuya sa cuillère de corne avec un linge et la remit dans son escarcelle. Perditus, qui semblait toujours dolent et plutôt las, entra. Le magistrat l’attrapa par le bras.
    — Je vous serais reconnaissant de demander à Messire le prieur de bien vouloir me rejoindre dehors, lui et tous les membres du chapitre.
    Il ordonna à Ranulf et Chanson de le suivre. Ils sortirent de la pièce et descendirent l’escalier. La matinée se faisait grise et froide. Le vent était encore chargé d’une forte odeur de brûlé, mais la neige se transformait en une boue glacée et traîtresse sous les pieds.
    Corbett frappait ses mains gantées l’une contre l’autre. Bien qu’il n’eût pas beaucoup dormi, il semblait frais et dispos, les yeux brillants dans le froid et les cheveux attachés dans la nuque. Le prieur et les autres arrivèrent en hâte.
    — J’ai tenu une réunion, expliqua Cuthbert. Après avoir évalué les dégâts causés par le feu, nous devions discuter de ce qui s’est passé. Sir Hugh, nous n’avons pas pu trouver d’explication.
    — Moi, je le peux, affirma le magistrat d’un ton joyeux.
    Il désigna une tête de gargouille sculptée sur le linteau de la porte du réfectoire.
    — La vérité est peut-être aussi laide que ceci, mais tout aussi réelle. Bon, Cuthbert...
    Il frappa le prieur sur l’épaule comme si le moine était un de ses proches amis.
    — Par les pouvoirs qui me sont conférés et... Bon, nous n’allons pas répéter tout cela, n’est-ce pas ? Je veux que tous les hommes valides munis de houe, de pioche et de pelle se rendent à Bloody Meadow.
    La mine du prieur, bouche bée, faisait plaisir à voir.
    — Eh bien, votre rêve ne se réalise-t-il pas ? le taquina le clerc.
    — Mais c’est un tombeau !
    — Ce n’est point ce que vous disiez à l’abbé Stephen. Écoutez, Messire le prieur, dit Corbett en posant les mains sur les épaules de son interlocuteur, la réponse à tous ces mystères sanglants se trouve dans ce tertre funéraire. Soit vous m’aidez, soit j’envoie quérir le shérif et sa troupe. Plus tôt ce tumulus sera ouvert, plus tôt ces questions seront résolues et plus tôt je partirai.
    — Ouvrez-le donc ! intervint frère Aelfric d’un ton sec. Qu’on en finisse, père prieur !
    Ce dernier acquiesça.
    — Sonnez le tocsin, ordonna-t-il. Je veux que toute la communauté se rassemble dans la salle capitulaire. Les heures des offices de l’abbaye sont suspendues. Agissez à votre guise, Sir Hugh !
    Corbett le remercia et regagna le réfectoire où il demanda une autre écuelle de fromentée et un pichet de bière. Il mangea et but avec avidité en tapant des pieds et en fredonnant entre les bouchées.
    Ranulf se pencha par-dessus la table.
    — Sir Hugh, ne nous ferez-vous point part de votre science ?
    — Ce n’est point de la science, Ranulf, mais seulement de l’intuition. Alors, de grâce, sois encore un peu patient. J’expliquerai au fur et à mesure que se dénouera ce conte meurtrier.
    Sa bouillie terminée, il se dirigea vers le portail au cernel. Cuthbert avait agi avec promptitude. Paysans et métayers étaient tous regroupés dans la prairie. Ils tapaient du pied sur le sol gelé et leur haleine montait dans l’air comme de la vapeur. Bloody Meadow n’était plus un lieu solitaire et macabre. Les corneilles, dérangées dans leur nid en haut des chênes, poussaient des croassements rauques en tournant dans le ciel comme si elles comprenaient ce qui allait se passer. Le ciel était chargé de nuages gris fer, mais ils n’étaient ni menaçants ni bas. Le seul inconvénient était le vent mordant et le froid qui semblait s’insinuer dans les bottes et les

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